Lacunes montrées du doigt dans un CHSLD
Gestionnaires et employés se lancent la balle à Joliette
Des travailleurs du CHSLD Saint-Eusèbe à Joliette dénoncent des lacunes dans la gestion d’une grave éclosion, qui a infecté 80 résidents, 55 employés et fait au moins sept morts, même si la direction assure qu’elle était bien préparée.
« Notre équipe a fait un bon travail », a plaidé hier en point de presse le PDG du Centre intégré de santé et services sociaux (CISSS) de Lanaudière, Daniel Castonguay, malgré le constat accablant.
« Ce n’était pas une éclosion dans une unité […], c’est une éclosion qui a touché l’ensemble de l’établissement », a-t-il indiqué.
Après la découverte du premier cas à la fin octobre, la COVID-19 s’est répandue comme une traînée de poudre dans ce centre d’hébergement, et M. Castonguay montre du doigt le personnel.
« Une chose est sûre [les employés] se sont contaminés entre eux dans les salles de repos », a-t-il dit, ajoutant qu’ils retournaient ensuite sur différentes unités.
Mais des employés ont un autre son de cloche. Une préposée aux bénéficiaires, qui a contracté le virus, explique que des résidents infectés partageaient leur chambre avec d’autres, en attente d’un résultat, et que les fenêtres étaient fermées.
La dame, qui tait son identité par crainte de représailles, raconte que les employés partageaient aussi le même vestiaire.
« Il fallait un meilleur plan, surtout en deuxième vague », fait-elle valoir, découragée.
MACHINE LENTE À PARTIR
Hier, le CISSS a assuré qu’il y a désormais trois vestiaires séparés, vert, jaune et rouge, mais n’était pas en mesure de dire depuis quand.
« Ça a été long avant que la machine parte », déplore à son tour Stéphane Cormier, président du syndicat interprofessionnel de la santé (FIQ) de Lanaudière.
Une autre employée estime que le gestionnaire aurait mis du temps avant de réduire les contacts.
« Il a fallu attendre que la PCI [prévention et de contrôle des infections] arrive ici pour que justement, ils fassent séparer toutes les zones de couleur parce que sans la PCI, on était tous encore ensemble », rapporte-t-elle.
Préoccupée, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a indiqué hier par écrit que « les personnes responsables devront fournir des explications ».