Le président le plus amoral
Depuis samedi dernier, vers 11 h 30, une vague joyeuse s’est répandue à travers la planète entière.
Peut-on parler d’un soulagement ? D’une tension qui s’est dénouée en nous ? D’une incrédulité vite disparue en regardant les faits ? Des faits concrets. Des chiffres indiscutables, sauf pour le principal intéressé, réfugié sur un terrain de golf.
L’allégresse a ensuite éclaté à travers les villes américaines. Mais cette joie, cette libération collective, avait un arrière-goût. Celui des années d’anxiété, d’inquiétude, de blessures pour la moitié des Américains qui ont vécu le règne de Donald Trump comme un cauchemar qui n’en finissait plus.
Ce n’est pas la politique menée par le président des États-Unis qui heurtait le plus. C’était sa manière à lui d’exercer le pouvoir. Nous avions tous des bleus à l’âme devant tant de grossièreté, de vulgarité langagière et d’insultes à notre intelligence.
TÉNÈBRES
Donald Trump ne faisait pas rêver. Il nous enfonçait dans des ténèbres et dans des cloaques en niant la vérité et en violant les règles les plus élémentaires du savoir-vivre.
Nous avons été des spectateurs paralysés par son discours haineux, raciste, dédaigneux et offensant pour toutes les femmes en particulier.
Donald Trump a été le président le plus amoral des États-Unis. L’on ne va tout de même pas affirmer que l’immoralité faite de corruption, de malversations et d’abus de pouvoir est le fait exclusif des républicains. Mais l’amoralité de Trump, rattachée à sa personnalité narcissique, est unique. Pour parler brutalement selon une grille d’analyse d’avant la rectitude politique, l’homme est un fou. C’est un malade qui a gouverné le pays. Un malade que son entourage immédiat a craint et protégé. En fonction de leurs propres intérêts idéologiques plutôt que de ceux de leur pays.
À cet égard, Trump a été instrumentalisé. Par les complotistes, les racistes, les églises évangéliques, et tant d’autres. On pense ici au vice-président Mike Pence et à tout le gratin milliardaire républicain qui fermaient les yeux sur ses délires en s’enrichissant quatre fois plus que pendant les récentes présidences démocrates.
DYNASTIE
Trump a été aussi le révélateur le plus brutal de la fragilité du système démocratique. Cet autocrate qui a mis à mal son pays a réussi à convaincre 70 millions de ses compatriotes qui se moquent plus ou moins des valeurs universelles de voter pour lui. D’ailleurs, un sondage récent a démontré que 40 % de jeunes Américains ne croient pas à la démocratie. Certains républicains souhaiteraient même réviser la Constitution pour permettre au président Trump d’exercer plus de deux mandats et pouvoir créer une dynastie semblable à ce qui existe en Corée du Nord.
Joe Biden possède une longue expérience politique. Mais comment peut-il réunir des électeurs américains, qui sont répartis dans deux camps si profondément antagonistes, dont l’un ne semble pas respecter les règles qui devraient gouverner la vie politique du pays ?
L’accumulation de haine et l’accentuation des divisions raciales, ethniques et religieuses exigent que le couple étonnant composé de Joe Biden et de Kamala Harris parvienne à faire des miracles en peu de temps. À défaut de quoi le trumpisme perdurera.
Est-ce le désir de tous les républicains ?