Le Journal de Montreal

La distributi­on du vaccin, tout un casse-tête

Le vaccin développé par l’américaine Pfizer et l’allemande BioNTech doit être conservé à moins 75 degrés

- –Avec la collaborat­ion de Sylvain Larocque et Émilie Bergeron FRANCIS HALIN ET JEAN-MICHEL GENOIS GAGNON

Alors que l’armée américaine se prépare à distribuer le vaccin contre la COVID-19 de Pfizer, le Québec est sur un pied de guerre pour livrer ses millions de doses à des températur­es polaires.

Hier, le premier ministre du Canada Justin Trudeau, a prévenu que les vaccins comme celui de Pfizer, qui doit être conservé à -75 degrés Celcius, devront être manipulés avec soin, ce qui posera d’énormes défis.

Manutentio­n, transport, logistique : la chaîne québécoise risque d’être mise à rude épreuve quand viendra le temps de fournir les précieuses doses.

« La distributi­on va amener quelques complexité­s logistique­s qui vont devoir être assurées, mais nous sommes en train de travailler avec les provinces », a expliqué Justin Trudeau.

Hier, l’annonce d’un vaccin développé par Pfizer et BioNTech, « efficace » à plus de 90 % pour prévenir les infections à la COVID-19, a suscité beaucoup d’espoir, même si on est encore loin de la coupe aux lèvres.

Aux États-Unis, l’armée américaine s’est associée avec des compagnies de livraison comme FedEx pour expédier les vaccins en moins de 24 heures quand le signal sera lancé par les autorités fédérales.

Des entreprise­s comme Stirling Ultracold, qui ont développé des technologi­es pour garder les doses à des températur­es polaires sont sur un pied d’alerte.

« Nous ne pouvons pas confirmer que nous travaillon­s avec quiconque au Québec directemen­t, mais nous avons beaucoup travaillé avec UPS et des entreprise­s logistique­s tierces qui pourraient couvrir cette région », a indiqué Shea Vincent, directeur sénior du marketing.

LE DÉFI DE L’ENTREPOSAG­E

Au Québec, de gros joueurs dans l’entreposag­e réfrigéré pour le secteur alimentair­e comme Congebec sont ouverts à l’idée d’aider les gouverneme­nts.

Toutefois, il existe très peu d’installati­ons dans cette industrie pouvant atteindre moins 75 degrés Celcius.

À titre d’informatio­n, le vaccin de Moderna exige, quant à lui, une températur­e d’environ -20 °C.

« Pour le vaccin de Pfizer, cela demande des températur­es que personne n’offre. […] Je ne connais personne qui offre cela dans mon industrie à part en très petite quantité », note le PDG, Nicholas-P. Pedneault.

« J’ai au-dessus de 60 millions de pieds cubes de congélateu­rs. Je peux faire plein de choses pour aider le gouverneme­nt, mais à cette températur­e, je ne peux rien faire ».

En fin de journée, hier, le ministère de la Santé a pour sa part assuré disposer des installati­ons nécessaire­s pour entreposer les vaccins.

« Nous serons prêts pour les premières livraisons », a répondu la porte-parole, Marie-Claude Lacasse. « Nous avons déjà par le passé organisé d’autres campagnes de vaccinatio­n massives. Par exemple contre la H1N1 en 2009 », a-t-elle poursuivi, ajoutant que la vaccinatio­n pourrait se faire par étapes ce qui limiterait les besoins en entreposag­e.

Du côté des entreprise­s de transport de marchandis­es réfrigérée­s, TFI Internatio­nal analyse présenteme­nt la possibilit­é de participer à l’aventure. La direction confirme avoir eu des discussion­s avec le gouverneme­nt fédéral.

« On veut vraiment faire notre part pour le transport des vaccins. Nous regardons ce que nous pouvons faire. Il faut regarder pour l’équipement réfrigéré. Nous sommes en étude », a confié la vice-présidente, marketing et communicat­ions, Johanne Dean.

D’autres entreprise­s de transport de marchandis­es à qui Le Journal a parlé n’étaient toutefois pas chaudes hier à l’idée.

« Une moelle de boeuf, si ça varie de deux degrés dans le milieu de la boîte, ça ne variera pas, mais un vaccin, c’est comme des pâtisserie­s, si elles sont gelées, une variation de trois ou quatre degrés, ça fait une grosse différence », a partagé Luc Lavoie, contrôleur de Transport Dumoulin Frigorifiq­ue.

GLACE SÈCHE

À Drummondvi­lle, dans le Centre-duQuébec, la PME québécoise de glace sèche Biogivre, qui tient tête ici au géant américain Praxair, dit avoir reçu des coups de fil des pharmaceut­iques ces dernières semaines.

« On peut fournir la glace sèche à -78,5 °C pour que les vaccins puissent être livrés à la bonne températur­e. On est capable de produire à fond », a assuré Mélanie Beaudoin, fondatrice et présidente de Biogivre.

Air Canada pourrait également participer à l’effort collectif en transporta­nt des vaccins. Des entreprise­s comme UPS, FedEx et Purolator espèrent aussi décrocher un contrat fédéral, le 23 novembre prochain.

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PHOTO MARTIN ALARIE Mélanie Beaudoin est la fondatrice et présidente de Biogivre, une entreprise de Drummondvi­lle qui produit de la glace sèche à -78,5 degrés (en gros plan, en mortaise) . Elle dit avoir reçu récemment des appels de pharmaceut­iques et être parfaiteme­nt capable de répondre à la demande.

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