Le Journal de Montreal

LNH : jouera, jouera pas ?

- JEAN-CHARLES LAJOIE

Question difficile, mais légitime. Le dossier est autrement plus complexe qu’il n’y paraît.

Lors de la reprise des activités en villes bulles cet été, les propriétai­res n’avaient plus qu’une seule période de paye à honorer auprès des joueurs. Malgré cette économie de dépenses, compte tenu du nombre de matchs à programmer, les pertes financière­s se sont avérées nettement plus importante­s que prévu.

Les droits de télédiffus­ion et de commandite­s étaient les seules sources de revenus, et les auditoires n’ont pas atteint les objectifs anticipés. C’est avec ce goût amer en bouche que les propriétai­res ont amorcé leur réflexion quant à une reprise de leurs activités.

La Ligue nationale de hockey fait face à un défi autrement plus important que les autres ligues majeures nord-américaine­s. La NBA et la NFL peuvent arriver à contenir les pertes en raison de droits de télédiffus­ion bien plus élevés que ceux de la LNH. Gary Bettman a besoin des recettes aux guichets pour maintenir un plan d’affaires viable.

DOUTE SEMÉ

Ce n’est certaineme­nt pas un hasard si une manchette est apparue il y a deux semaines au sujet de la clause du 72 % des salaires à être versés aux joueurs, peu importe le nombre de matchs à être disputés lors de la prochaine campagne.

Cet acquis important de Donald Fehr lors des négociatio­ns en vue de la reprise pandémique à Edmonton et Toronto est un frein au plan de relance actuel.

Les joueurs n’ont pas du tout apprécié de lire que les propriétai­res avaient une interpréta­tion différente de la leur au sujet de cette clause du 72 % à verser. Les parties ont plus tard confirmé qu’aucune discussion en lien avec cette perspectiv­e ne s’était tenue entre elles, mais le doute est semé dans la tête des joueurs.

Est-ce que c’était l’objectif visé par la LNH ? Laisser échapper une intention de ne pas honorer à hauteur de 72 % les salaires des joueurs la saison prochaine ? Sans pouvoir l’affirmer, soulever la question semble légitime. L’enjeu est grand.

IMPORTANTE­S PERTES

Une saison de 82 matchs sans spectateur­s rapportera­it, selon les estimation­s de la LNH, 1,7 milliard en revenus, alors que le même calendrier déconfiné ferait sonner la caisse à hauteur de 4,7 milliards. 72 % des salaires des joueurs correspond­ent approximat­ivement à 1,6 milliard de dépenses. Cela équivaut pour les propriétai­res à donner leur accord pour disputer une saison complète en assumant l’ensemble des coûts d’exploitati­ons de leur équipe, excluant les salaires des joueurs. De quoi perdre en moyenne 20 à 25 millions par concession. Le commissair­e Bettman est mieux d’avoir quelques as dans son jeu pour convaincre ses gouverneur­s d’embarquer là-dedans…

Voilà pourquoi les joueurs sont anxieux. Plusieurs d’entre eux ont davantage à perdre en ne recevant pas de salaire pendant 1 an, contrairem­ent aux propriétai­res qui pourraient limiter leurs pertes s’il n’y a pas de saison… comme lors du lock-out de 2004-2005…

Gary Bettman et Donald Fehr discutent actuelleme­nt. Comment ça se passe ? Bonne question.

Entre-temps, la NBA annonce qu’elle reprend ses activités sur 72 matchs à compter du 22 décembre. Vigie importante sur la LNH lors des prochains jours. Gary adore suivre le mouvement de sa grande soeur…

Gary adore suivre le mouvement de sa grande soeur...

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