Le Journal de Montreal

Gilbert Rozon l’emporte contre Les Courageuse­s

La Cour suprême n’entendra pas le collectif de femmes

- MICHAËL NGUYEN

Gilbert Rozon n’a plus à se soucier des Courageuse­s, qui s’insurgent contre la décision de la Cour suprême de ne pas entendre leur demande d’action collective de plus de 10 millions $ contre le magnat déchu de l’humour.

« On est choquées, c’était l’occasion pour le tribunal de se positionne­r sur une question qui touche des milliers de victimes. Je suis en colère, c’est une gifle dans notre face, mais aussi dans celle de toutes les victimes », a déclaré la comédienne Patricia Tulasne en entrevue avec Le Journal, hier.

Mme Tulasne, la porte-parole du collectif Les Courageuse­s, regroupant une vingtaine de femmes accusant Gilbert Rozon d’être un prédateur sexuel, a reçu une douche froide hier quand la décision de la Cour suprême est tombée. Et comme le plus haut tribunal du pays n’explique en aucun temps ses refus, elle ne saura jamais pourquoi une telle décision a été prise.

« On a refusé de nous entendre au criminel [aucune des plaintes à la police n’a été retenue, NDLR] et aujourd’hui, c’est au civil. C’est comme si on nous envoyait le message que la cause n’est pas assez importante... C’est un triste jour pour les victimes », déplore Mme Tulasne.

PAS COMME MIKE WARD

Et cette « gifle », elle la digère d’autant plus mal qu’une autre cause médiatisée a de son côté reçu l’aval du tribunal pour être entendue.

« La Cour suprême accepte d’entendre Mike Ward, qui se moque d’un handicapé, mais pas les femmes qui sont agressées par un même homme, a-t-elle dit. Je suis désillusio­nnée. »

Ainsi, Rozon sort grand gagnant de ce combat contre celles qui l’accusaient de les avoir agressées sexuelleme­nt, à divers degrés, entre 1982 et 2016. Ces femmes avaient choisi d’y aller par action collective, car « poursuivre individuel­lement, ça coûte une fortune », a expliqué Mme Tulasne.

Il s’agissait de la première fois qu’une action collective visait un seul individu, et non un organisme ou une entreprise.

PAS ASSEZ SIMILAIRE

Or, si le collectif avait remporté une première bataille en obtenant l’autorisati­on d’aller de l’avant en Cour supérieure du Québec, il a ensuite perdu en Cour d’appel, sous prétexte qu’il n’y avait pas assez de similitude­s pour justifier ce mode de poursuite, puis en Cour suprême.

« Depuis le début [...], nous avons répété que l’action collective ne pouvait être utilisée dans ce type de situation [...], a commenté Me Raymond Doray, qui représente Rozon. Nous sommes très heureux que cela soit maintenant reconnu par la Cour suprême, mettant fin ainsi à un processus que nous avons toujours considéré injustifié. »

« On va continuer à se battre », a toutefois assuré Mme Tulasne, qui espère des changement­s législatif­s pour aider les victimes de crimes sexuels.

Parallèlem­ent à ce dossier, Rozon a été accusé de viol et d’attentat à la pudeur pour des événements qui remontent à 1980.

Ce procès tire à sa fin avec les plaidoirie­s de la Couronne, jeudi. Il a aussi intenté, en septembre, une poursuite en diffamatio­n de 450 000 $ contre les animatrice­s Julie Snyder et Pénélope McQuade, qui l’ont accusé d’être un agresseur sexuel durant une émission de La semaine des 4 Julie, à la chaîne de télé Noovo.

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PHOTO D’ARCHIVES, CHANTAL POIRIER L’actrice Patricia Tulasne, qui mène le recours du collectif de femmes Les Courageuse­s, était présente lors de l’audience à la Cour d’appel en mai 2019.
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GILBERT ROZON Ex-magnat de l’humour

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