Voitures de fonction malgré des congédiements à la Francophonie
L’entourage de la secrétaire générale de l’organisation profitera de la restructuration
Pendant qu’elle licenciait une vingtaine d’employés, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie a profité d’une restructuration pour offrir des voitures avec chauffeur à sa garde rapprochée.
Louise Mushikiwabo, qui a succédé en 2019 à la Québécoise Michaëlle Jean, a annoncé la semaine dernière aux 330 salariés de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) la mise en oeuvre de ce plan.
Au total, 22 travailleurs perdront leur boulot, la majorité au siège parisien de l’OIF.
Cette décision s’appuie sur un rapport de la firme KPMG soulignant une disproportion du nombre d’employés administratifs.
Le plan prévoit une rationalisation des postes de chauffeurs qui ne s’applique cependant pas aux membres de l’entourage de Mme Mushikiwabo.
Dans une note approuvée le 5 novembre par les représentants des pays et gouvernements membres qui financent ses activités, dont le Canada et le Québec, l’OIF a annoncé que son conseiller spécial, Désiré Nyaruhirara, ainsi que son directeur de cabinet, JeanMarc Berthon, disposeront d’une voiture avec chauffeur.
Selon nos sources, ils bénéficiaient déjà de ce privilège sans pourtant y avoir droit.
Dans son rapport, KPMG soulignait que la Francophonie était exposée à un « risque réputationnel » en l’absence d’une politique claire encadrant l’utilisation de toute sa flotte de véhicules.
Le cabinet d’audit suggérait d’ailleurs de « régulariser la situation des deux véhicules actuellement utilisés à titre exclusif par des personnels sans cadre juridique adéquat ».
JARDINIERS ET SECRÉTAIRES
L’OIF disposait de 33 secrétaires de direction et 22 assistantes de gestion, des postes qui seront appelés « à évoluer », note le rapport de KPMG, obtenu par notre Bureau d’enquête.
Dans trois représentations régionales de l’organisation, les tâches d’entretien et de jardinage seront confiées à des sous-traitants.
Mme Mushikiwabo a confirmé « une vingtaine » de licenciements.
« Les membres du personnel affectés par ces mesures ont été informés en début de semaine », a-t-elle annoncé dans un message aux employés il y a quelques jours.
EMBARRAS ET TRANSPARENCE
En 2018, l’OIF s’était retrouvée dans l’embarras quand notre Bureau d’enquête a révélé que le mari de Michaëlle Jean, le cinéaste Jean-Daniel Lafond, bénéficiait d’une voiture de fonction avec chauffeur.
La gestion de Mme Jean avait mené les gouvernements membres à réclamer plus de transparence et une meilleure administration de la Francophonie.
Le mois dernier, l’administratrice canadienne Catherine Cano, nommée par Mme Mushikiwabo avec l’appui du Canada et du Québec, a claqué la porte de l’OIF sur fond de désaccords.
Oria Vande Weghe, porte-parole de Mme Mushikiwabo, a refusé de commenter les décisions exposées dans les documents obtenus de plusieurs sources par notre Bureau d’enquête.
« Nous constatons que vous avez accès à toute la documentation nécessaire et ne souhaitons pas rentrer dans une “spirale infernale” de justification auprès de vous », a-t-elle répondu par courriel.