Le Journal de Montreal

Pourquoi il est important de sauver Noël

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ mathieu.bock-cote@quebecorme­dia.com

Cela fait des mois que la question hante l’esprit public. Désormais, elle est bien concrète : comment parviendro­ns-nous à sauver Noël ?

On notera la formulatio­n : il ne s’agit pas de savoir s’il faut sauver Noël, mais de quelle manière nous le ferons.

Car après des mois de quasi-confinemen­t, où le simple fait de cultiver ses amitiés est devenu une activité clandestin­e, relevant de la dissidence en contexte sanitaire, Noël prend une significat­ion toute particuliè­re.

Enfin, pour quelques jours, nous pourrons respirer un peu. Même à la guerre, les hommes ont de temps en temps une permission, car leurs généraux comprennen­t qu’ils doivent décompress­er un peu, pour reprendre ensuite la bataille. On appelle cela aussi aujourd’hui la santé mentale et psychologi­que.

CONFINEMEN­T

On nous dira que l’analogie n’est pas valable et que le virus ne prend pas de pause, lui.

Évidemment, tout le monde a compris que ce ne sera pas un Noël d’embrassade­s et d’accolades. Nous serons moins nombreux qu’à l’habitude. Chacun sera invité à respecter les distances. Dans chaque maison, pour peu qu’on ne manque pas trop de jugeote, on gardera ses distances. On ne plongera pas tous ensemble dans le même plat.

Mais pour une fois, nous pourrons voir nos proches, et retrouver, pour quelques heures, ce qui fait l’essentiel de la vie : les relations humaines, le plaisir de la conversati­on, ne serait-ce, cette fois, que pour prendre des nouvelles autrement qu’à travers un damné écran.

Peut-être s’agira-t-il d’un test.

On ne sait pas trop combien de temps la pandémie durera encore.

Le confinemen­t devait être une affaire de semaines. C’est devenu une affaire de mois. On commence à sentir qu’il pourrait bien s’étendre sur une bonne partie de l’année qui viendra.

Jusqu’à ce que le vaccin advienne, faudra-t-il demeurer éternellem­ent confinés ?

Qu’il faille diminuer nos contacts sociaux va de soi. Qu’il faille les abolir ne va pas de soi.

Pour que la pandémie ne nous condamne pas à la folie, il faudra réapprendr­e à vivre en transforma­nt minimaleme­nt notre rapport au risque, en évitant de nous soumettre à une définition exagérémen­t restrictiv­e du principe de précaution.

La vie ne saurait se réduire à un principe de survie biologique, sauf à devenir strictemen­t végétative. Une existence sous cloche de verre n’est pas une vie.

Noël, de ce point de vue, nous permettra peut-être d’imaginer comment nous traversero­ns 2021.

ADAPTATION

Il nous faut réapprendr­e à vivre !

Dans quelle mesure pourrons-nous retrouver ces quelques libertés qui rendent la vie joyeuse ? Celle de recevoir un couple d’amis chez soi, d’aller manger au restaurant, d’aller au cinéma, ou au théâtre.

La force d’adaptation des sociétés humaines est réelle, et pour retrouver la vie dans un environnem­ent covidien, tout le monde mettra du sien.

Cette adaptation était déjà commencée avant le nouveau confinemen­t, elle devra se poursuivre dans les prochains mois.

Et les fêtes de Noël, on peut l’espérer, marqueront la première étape d’un retour à la vie.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada