Le Journal de Montreal

La laïcité créerait une égalité dans la société

Des exemptions seraient incohérent­es, dit une chercheuse

- ANTOINE LACROIX Yolande Geadah revient à la barre aujourd’hui au palais de justice de Montréal.

La restrictio­n des signes religieux place l’homme et la femme sur le même pied d’égalité, a estimé une chercheuse et féministe québécoise d’origine égyptienne au procès concernant la Loi sur la laïcité de l’État.

« La laïcité telle que définie par le gouverneme­nt ne vise aucune religion ni aucune communauté. Ce sont certaines croyances et certaines pratiques religieuse­s qui sont discrimina­toires à l’égard des femmes et non pas la Loi [...] comme l’obligation de porter un voile », a soutenu Yolande Geadah, membre de l’Institut de recherches et d’études féministes de l’UQAM.

L’auteure du livre Femmes voilées, intégrisme­s démasqués a été appelée à témoigner par l’organisme Pour les droits des femmes du Québec (PDF-Québec), intervenan­t au procès où la Loi sur la laïcité de l’État est contestée par plusieurs regroupeme­nts.

Son expertise a été contestée par les opposants à la loi, où on lui reprochait notamment ses méthodes de recherche. Le juge Marc-André Blanchard a tranché et reconnu son « utilité » dans le débat, pour la reconnaîtr­e en tant qu’experte de la situation des femmes dans la culture arabo-musulmane.

LIBERTÉ DE CONSCIENCE

Mme Geadah avait été mandatée par PDF-Québec pour remplir un rapport sur quatre volets.

Soit à savoir si la restrictio­n de signes religieux dans certaines fonctions est discrimina­toire à l’égard des femmes et des minorités, son opinion sur la nécessité d’exiger la neutralité religieuse des enseignant­s à l’école publique, le sens du voile islamique et sa controvers­e, puis sur la revendicat­ion du libre choix de porter le voile.

« La laïcité est un principe fondamenta­l qui permet la protection de la liberté de conscience de tous et de toutes, y compris celles des membres des communauté­s minoritair­es face aux abus du pouvoir religieux

La chercheuse et féministe québécoise d’origine égyptienne Yolande Geadah au palais de justice de Montréal hier. », a affirmé celle qui vit au Québec depuis plus de 40 ans.

Elle a rappelé que la Commission des droits de la personne du Québec s’était montrée en faveur du retrait des crucifix des écoles publiques en 1999, estimant qu’il était « contraire aux droits des parents d’éduquer leurs enfants dans leur propre conviction », devant un « public captif et mineur influençab­le ».

« Selon cette même logique, un symbole porté par une enseignant­e avec laquelle les enfants interagiss­ent toute la journée aurait un effet encore plus important sur les élèves qu’un crucifix qui ne parle pas, accroché au mur, a estimé Mme Geadah. Il serait incohérent d’exempter les minorités du respect des mêmes règles de neutralité religieuse qui sont déjà appliquées à la majorité de tradition catholique. »

Le témoignage de la chercheuse a toutefois été écourté en raison d’un problème de ventilatio­n dans la salle, qui posait un risque dans le contexte de la COVID-19.

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PHOTO CHANTAL POIRIER

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