Suspendons l’examen de français du cégep jusqu’à la fin de la pandémie
Bien que je sois conseillère d’orientation, c’est à titre de mère d’une étudiante de 3e année de cégep que je m’adresse à la ministre de l’Enseignement supérieur, Danielle McCann. Je lui demande de prolonger et de généraliser l’exemption de réussir l’épreuve uniforme de français (ÉUF) pour obtenir le diplôme d’études collégiales, et ce, jusqu’à la fin de la pandémie ou lorsque les cours en mode présentiel reprendront.
Je vous rappelle que l’ÉUF se fait habituellement à la fin du troisième des quatre cours de français obligatoires, soit celui de Littérature québécoise. Chez les étudiants qui suivaient ce cours au moment de la première vague de la COVID-19, à l’hiver 2020, un assouplissement des règles avait été accordé uniquement aux finissants, afin qu’ils puissent diplômer sans devoir réussir l’ÉUF.
LACUNES DANS LA FORMATION
Or, qu’en est-il des étudiants qui ont suivi ce cours au même moment, mais qui n’étaient pas finissants (par exemple, les étudiants de 2e année des programmes de techniques) ? Ils se retrouvent dans l’obligation de se présenter à celleci à la mi-décembre, même s’ils ont reçu la même formation comportant de nombreuses lacunes que leurs collègues finissants de l’hiver dernier.
On le sait, la qualité de l’enseignement à distance varie d’une institution à l’autre et d’un enseignant à l’autre. Cela est sans compter la capacité de s’adapter de chaque étudiant.
Dans le cursus souvent très chargé d’un programme technique, chaque cours est soigneusement et stratégiquement placé à un moment approprié pour permettre la réussite du programme généralement en trois ans. Consacrer du temps non ainsi prévu à la préparation de l’ÉUF représente autant de temps en moins à consacrer aux cours à l’horaire, lesquels sont déjà complexifiés par le mode d’enseignement à distance.
SURCHARGE MENTALE
La surcharge mentale, l’épuisement, la détresse psychologique et le risque d’abandon des étudiants ont maintes fois été mis en lumière depuis le début de la pandémie. L’ÉUF est en soi une épreuve très anxiogène, même sans pandémie. Comme le dit l’expression : « N’en jetez plus, la cour est pleine » !
Il ne faut pas oublier que les cégépiens continuent de devoir réussir leurs quatre cours obligatoires de français. Cela n’a pas changé.
Par geste de solidarité, d’encouragement et de respect envers notre relève, serait-il possible de leur donner un soupçon de répit, au lieu de leur demander de com individuellement penser pour des manques dont ils ne sont pas responsables ? Cela pourrait contribuer un tant soit peu à éclairer leur souvent assombrie de l’avenir. Bref, pourquoi ne pas faire une trêve d’ÉUF, le temps qu’il faut pour soigner nos étudiants et notre système d’éducation des effets de cette crise historique.