Plus de « nous », moins de « je »
Les reportages du Journal ont démontré clairement que le centreville de Montréal est dans une situation précaire quant à l’utilisation de la langue française.
Cette tendance ne date pas d’hier. Lorsque j’étudiais à l’Université Concordia, il y a plus de 15 ans, je remarquais déjà que mes amis provenant de l’extérieur du Québec, dont la langue maternelle était l’anglais, travaillaient dans les commerces avoisinants.
Ils me disaient aimer Montréal et vouloir maîtriser la langue française, tout en ajoutant que le temps manquait pour accomplir une tâche aussi
« titanesque ».
Depuis, plusieurs ont quitté le Québec regrettant le fait de ne pas avoir utilisé leurs précieuses années étudiantes à Montréal pour s’atteler à la tâche d’apprendre notre langue commune.
PATATE CHAUDE ?
Entre la rapidité demandée pour agir et l’évaluation du bon moment politique pour bouger, le gouvernement peut continuer encore quelque temps à garder le sujet vivant dans son discours et nous proposer sa solution plus tard.
Fatigués, nous voyons le temps des Fêtes à nos portes dans quelques semaines, et dans ce contexte, le lancement d’une telle initiative n’aurait pas l’impact souhaité par la CAQ sur son électorat. L’année 2021 est une occasion d’utiliser un tremplin identitaire pour préparer l’élection générale de 2022.
Dans ce contexte, je ne serais pas étonné que l’on utilise les heures disponibles en commission parlementaire pour présenter un projet de loi sur la langue en début d’année en plus d’utiliser le budget du mois de mars prochain pour annoncer des investissements visant à démontrer l’engagement du gouvernement sur la question.
ENSEMBLE PLUTÔT QUE TOUT SEUL
À ce moment-ci de notre histoire, il est temps d’entretenir un dialogue sain et ouvert et dire clairement que de protéger la langue française, ce n’est pas rejeter l’existence d’une autre langue parlée.
Pour y arriver, la collaboration de l’Université McGill et de mon alma mater Concordia sera primordiale. Le gouvernement doit créer des partenariats encore plus ciblés avec ces institutions pour favoriser une meilleure promotion et sensibilisation des multiples raisons qui justifient l’utilisation de la langue française, notamment celle de permettre aux étudiants de rester au Québec après leurs études.
LE MINISTRE JOLIN-BARRETTE
Dans une entrevue récente accordée au collègue Mario Dumont, il a multiplié les phrases comme « le plan que j’ai l’intention de déposer » ou « j’ai investi massivement ».
Depuis son arrivée, Simon Jolin-Barrette a ce réflexe plutôt désagréable
de souvent parler au « je » plutôt qu’au « nous ». Lorsque l’on fait partie d’une équipe gouvernementale, le travail individuel de chaque ministre est le résultat de l’effort collectif de ses collègues, car ils participent directement ou indirectement à la réalisation des mandats qui leur sont confiés.
Jouer en équipe, c’est aussi être conscient qu’il faut inclure ses collègues dans le travail d’arrière-scène, mais également dans la communication d’avant-scène. Sinon, avec le temps, on confirme que le « je » est plus important que le « nous ».