Des subventions et des dividendes en même temps, c’est inacceptable
Pas de dividendes aux actionnaires des entreprises qui reçoivent la subvention salariale : voilà la position que devrait adopter le gouvernement Trudeau selon le comité sénatorial des finances.
À la fin octobre, Le Journal a révélé que des 75 plus importantes sociétés québécoises cotées en Bourse, au moins 35 ont touché la subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), récoltant au total quelque 840 millions $.
Des 35 entreprises cotées qui ont bénéficié de la SSUC, au moins 10 ont versé des dividendes à leurs actionnaires.
LE GOUVERNEMENT MUET
« Moralement et éthiquement, c’est inacceptable », estime le sénateur indépendant Éric Forest, vice-président du comité permanent des finances nationales et ancien maire de Rimouski.
« On s’attendrait à ce que comme bons citoyens corporatifs, les entreprises s’autorégulent et ne versent pas de dividendes dans une période comme celle-ci », ajoute-t-il.
Lors d’une audience au Sénat récemment, M. Forest a demandé à la ministre des Finances, Chrystia Freeland, si elle entendait modifier la SSUC à cet effet. Elle n’a pas répondu.
Qu’à cela ne tienne, le comité des finances a publié mardi un rapport dans lequel il recommande à Ottawa d’« interdire aux entreprises qui reçoivent un soutien financier [la SSUC ou la Subvention d’urgence pour le loyer du Canada] de verser des dividendes ou des primes à leurs actionnaires ».
Éric Forest confie que personnellement, il serait allé encore plus loin et aurait demandé au gouvernement d’empêcher les entreprises bénéficiaires de donner des « primes extraordinaires » à leurs hauts dirigeants.
Plusieurs pays européens, dont la France, ont restreint la capacité des entreprises qui ont reçu de l’aide publique en lien avec la pandémie de verser des dividendes.
Résultat : les versements de dividendes ont plongé de 45 % en Europe au 2e trimestre, selon la firme Janus Henderson. Ils sont demeurés stables aux É.-U. et ont crû de 4 % au Canada.