Le Journal de Montreal

« SUGAR » HILL A TOURNÉ LA PAGE

Il est encore en contact avec Adonis Stevenson

- Mathieu Boulay MBoulayJDM

Javan « Sugar » Hill a vécu le cauchemar que tous les entraîneur­s redoutent lorsqu’ils voient leurs boxeurs monter sur le ring. C’est survenu le 1er décembre 2018 au Centre Vidéotron avec Adonis Stevenson.

Lors de cette soirée, celui qu’on surnommait « Superman » s’est écroulé sous une mitraille de coups de l’Ukrainien Oleksandr Gvozdyk au 11e assaut. Son champion venait de perdre son titre WBC des mi-lourds qu’il détenait depuis cinq ans.

Hill ne le savait pas, mais il n’était pas au bout de ses peines. Stevenson a eu un malaise dans le vestiaire et il a été transporté d’urgence à l’hôpital. On connaît la suite. Le pugiliste est passé à un cheveu d’y laisser sa peau, mais il est parvenu à s’en sortir de façon miraculeus­e après une bataille de plusieurs semaines.

Après ce triste événement, Hill n’a pas voulu accorder d’entrevues aux médias québécois ou internatio­naux. Il voulait prendre du recul par rapport aux événements dont il avait été témoin. Une période où il s’est remis en question à quelques reprises.

La relation entre Stevenson et Hill était tissée serrée comme celle d’un père avec son fils. La bonne nouvelle, c’est qu’ils maintienne­nt le même type de lien aujourd’hui.

L’entraîneur et son ancien protégé s’écrivent des messages textes sur une base régulière. Hill, qui possède un horaire chargé avec ses boxeurs de pointe, aime bien avoir de ses nouvelles.

Aujourd’hui, l’homme de boxe est capable de sourire lorsqu’il parle de Stevenson. On sent qu’il est un homme soulagé.

« J’ai tourné la page sur l’accident d’Adonis à partir du moment où j’ai su qu’il allait survivre, raconte “Sugar” Hill lors d’un entretien exclusif avec Le Journal de

Montréal. Il a traversé plusieurs embûches depuis son dernier combat.

« De le savoir en vie, ça m’a aidé à regarder devant moi. »

LA VIE CONTINUE

Après l’incident, Hill s’est éloigné des projecteur­s. Il a continué d’entraîner des boxeurs et de gérer le Kronk Gym à Detroit.

Puis, l’an dernier, il a eu une offre qu’il ne pouvait pas refuser. Le poids lourd Tyson Fury l’a contacté afin qu’il le prépare pour son deuxième choc contre Deontay Wilder qui s’est déroulé en février dernier.

Hill a accepté la demande. Et le « Gipsy King » l’a emporté de façon convaincan­te pour redevenir champion du monde.

« Ce fut la plus grosse victoire de ma carrière d’entraîneur, car elle a été remportée chez les lourds, la plus grosse division de la boxe, mentionne-t-il. J’ai vécu la même sensation que lors de la victoire d’Adonis contre Chad Dawson.

« Je m’en souviens comme si c’était hier. Adonis était négligé dans cette bataille. Personne ne lui donnait la moindre chance de l’emporter. Il avait confondu tous les sceptiques.»

Est-ce que cette brillante victoire lui a permis de faire la paix avec l’accident de Stevenson ?

« Cette victoire ne m’a pas aidé à tourner la page pour de bon sur ce qui est arrivé à Adonis. Je ne l’ai jamais vu de cette façon. »

MOMENT SPÉCIAL

Pour revenir à Fury, sa victoire sur Wilder a permis à Hill d’atteindre un nouveau sommet dans sa profession. Avoir un champion du monde des poids lourds dans son gymnase, c’est prestigieu­x et payant.

« La division des lourds est la plus importante de la boxe. Il n’y a pas de boxe sans les lourds. Elle est mythique.

« Pour moi, de travailler avec Tyson et de lui permettre de redevenir champion, c’était très spécial. »

Hill et Fury se connaissen­t depuis 2010. À cette époque, le Britanniqu­e était allé au Kronk Gym pour la première fois afin de recevoir les conseils d’Emanuel Steward.

« Après notre victoire, j’ai eu une pensée pour mon oncle. Je venais d’atteindre les mêmes standards que lui. »

On a vu l’empreinte du Kronk Gym dans la performanc­e de Fury. Celui-ci a été plus agressif que dans son premier duel contre Wilder. Une stratégie qui a surpris l’Américain.

« On a changé un peu le style de Tyson. C’était la plus grosse chose à peaufiner durant le camp d’entraîneme­nt.

« Mon boxeur a suivi notre plan à la lettre. Nous visions le knock-out dès le départ, et ce, peu importe la façon. Il a livré une performanc­e sans bavure. »

À l’instar de « Superman » avec ses knockouts percutants, Fury n’a

laissé aucun doute sur le résultat de l’affronteme­nt.

BÊTE D’ENTRAÎNEME­NT

Avant de redevenir champion du monde des lourds, Fury a traversé des moments sombres dans sa vie personnell­e. Il a bien failli bousiller sa carrière malgré ses habiletés dans le ring.

Depuis son retour en 2018, il a adopté de saines habitudes de vie comme de s’entraîner entre ses combats. Stevenson avait également cette éthique de travail. Pour lui, la boxe était un mode de vie.

« Adonis était tellement en bonne forme physique qu’il aurait pu avoir un camp de deux semaines et il aurait été prêt pour un combat, souligne Hill. Durant ses camps, on devait simplement vérifier qu’il ne tombe pas dans le surentraîn­ement. »

« Sugar » Hill s’estime privilégié d’avoir pu diriger Stevenson durant ses meilleures années.

« Superman » aura toujours une place importante dans ses souvenirs. Pour lui, ça vaut toutes les ceintures de champions du monde.

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PHOTOS D’ARCHIVES Javan Hill a vécu une soirée cauchemard­esque le 1er décembre 2018 lorsqu’Adonis Stevenson a croulé sous les coups d’Oleksandr Gvozdyk. Le boxeur québécois allait plus tard être transporté d’urgence à l’hôpital.
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