Le Journal de Montreal

Hydro-Québec relance la filière éolienne

La société d’État doit agir rapidement, car les surplus d’énergie seront chose du passé dans moins de sept ans

- CHARLES LECAVALIER

Hydro-Québec (HQ) relancera la filière éolienne dès 2021. Elle devra combler d’importants besoins énergétiqu­es d’ici quelques années en raison de l’électrific­ation des transports et des bâtiments, a appris Le Journal.

Après avoir nagé dans les surplus, la société d’État se retrouvera à sec à partir de 2027, et doit déjà planifier l’ajout de sources d’énergie, selon des documents consultés par notre Bureau parlementa­ire.

Le vent a tourné depuis deux ans. En novembre 2018, le premier ministre François Legault annonçait aux chefs innus que le projet de parc éolien Apuiat, lancé par le gouverneme­nt Couillard, était remisé tant et aussi longtemps qu’Hydro-Québec serait en excès d’énergie.

« Hydro-Québec prévoit des surplus pour les 20 prochaines années », disait-il alors. Il mettait un frein à tout nouveau projet, et voulait se concentrer sur la conquête de marchés d’exportatio­n.

La donne a changé : des négociatio­ns sont déjà en cours pour remettre Apuiat sur les rails, a confirmé la société d’État.

De son côté, le porte-parole du projet, Serge Ashini Goupil, se réjouit que le gouverneme­nt reconnaiss­e « la valeur économique d’Apuiat, mais aussi sa valeur symbolique dans la relation de nation à nation entre le Québec et les neuf communauté­s de la Nation innue ».

APUIAT ET PLUSIEURS AUTRES

Mais Apuiat et ses 200 MWh ne sont que le début des emplettes d’Hydro-Québec. La société d’État va augmenter de plus de 25 % la capacité éolienne du Québec dans les prochaines années et veut, à terme, obtenir 3 TWh d’énergie.

D’autres types de producteur­s, comme le solaire, pourront tenter leur chance, mais HQ croit que c’est cette filière qui offre dorénavant les meilleurs prix.

APPELS D’OFFRES

« On va bientôt être en démarche pour de nouveaux approvisio­nnements. […] On va relancer des appels d’offres éoliens », confirme Marc-Antoine Pouliet, chef des affaires publiques de la société d’État, en entrevue avec notre Bureau parlementa­ire.

La PDG d’Hydro-Québec Sophie Brochu avait éludé la question lors d’une tournée d’entrevues en début de semaine à la suite de la présentati­on du Plan pour une économie verte du gouverneme­nt Legault. Au 98.5 FM, elle affirmait que le Québec n’était pas mûr pour la constructi­on de centrales hydroélect­riques.

À Radio-Canada, elle préférait parler d’efficacité énergétiqu­e et de partenaria­t avec le monopole gazier Énergir en évitant la question des nouveaux approvisio­nnements.

Mais elle mentionnai­t tout de même « l’incorporat­ion de mesures complément­aires comme l’éolien et le solaire » dans la société d’État, et soulignait que les bas prix du secteur éolien étaient alléchants pour HQ.

BESOINS EN ÉNERGIE

Les documents consultés par Le Journal ne trompent pas : dès 2027, Hydro-Québec prévoit que ses surplus auront disparu. « De nouveaux approvisio­nnements de long terme seront requis pour répondre aux besoins en énergie et en puissance à compter de la fin de 2026 », peut-on lire dans un dossier remis à la Régie de l’énergie.

Et en 2029, la société d’État devra importer 5 TWh sur les marchés à court terme, et se procurer 3,3 TWh en approvisio­nnement à long terme, probableme­nt éolien. Cette quantité d’énergie (8,3 TWh) est équivalent­e au complexe de la Romaine.

HQ explique que la donne a changé en raison du Plan pour une économie verte, qui prévoit une électrific­ation des transports (auto, autobus, camions, tramway) et une électrific­ation du chauffage des bâtiments. Le développem­ent des marchés des serres agricoles et des centres de données se fera également sentir.

PRINCIPALE­MENT L’HIVER

Les besoins lors des périodes de pointe, principale­ment l’hiver par temps froid, seront substantie­ls.

Mais la société d’État estime qu’il est plus rentable d’importer de l’énergie pour quelques jours par année plutôt que de signer des contrats à long terme.

Reste que cela aura un prix pour le consommate­ur. On peut lire dans un document gouverneme­ntal que le Plan pour une économie verte « prévoit la production de plus d’énergie pour répondre à la hausse de la demande » et que cette nouvelle production « engendrera des coûts supérieurs à ce qui prévaut actuelleme­nt ».

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Le coût de l’énergie éolienne a fortement diminué, si bien que c’est cette filière qui offre désormais les meilleurs prix, croit Hydro-Québec. Ici, le parc éolien du Massif du Sud, dans Chaudière-Appalaches.
PHOTO D’ARCHIVES Le coût de l’énergie éolienne a fortement diminué, si bien que c’est cette filière qui offre désormais les meilleurs prix, croit Hydro-Québec. Ici, le parc éolien du Massif du Sud, dans Chaudière-Appalaches.

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