Les bons calculs…
Les agents, les comptables, les fiscalistes, ceux qui représentent les joueurs de la Ligue nationale de hockey ainsi que l’Association des joueurs analysent les conséquences qu’aurait la dernière proposition des propriétaires. Le temps presse.
L’enjeu, la saison 2020-2021.
Ils ont le droit d’être irrités par la réaction des propriétaires. Après tout, n’ont-ils pas fait des compromis, il y a quatre mois, pour prolonger la convention de travail, pour permettre à la ligue de reprendre les activités et présenter les séries éliminatoires de la coupe Stanley ? Sur ce point, on peut comprendre leur réaction.
Ils soutiennent qu’une clause indique clairement qu’il n’y aurait aucune modification à celle soulignant que les joueurs seraient payés selon les conditions dans leurs contrats individuels, c’est-à-dire pour 82 matchs, peu importe ce que prévoit le calendrier des matchs. Cependant, les propriétaires s’appuient sur une clause soulignant que les propriétaires s’accordent le droit de renégocier l’entente sur les conditions salariales, sans toutefois toucher à celle des 82 matchs. Par contre, le système des paiements différés pourrait faire l’objet de changements si jamais une situation particulière surgit.
On en est là.
UNE QUESTION D’INTERPRÉTATION
Mais avant d’aller plus loin, si on regardait approximativement ce que toucheraient les joueurs du Canadien, si jamais les joueurs acceptaient l’offre des propriétaires. Comme point de référence, 36 % de leur salaire servirait à payer le compte en fiducie et le prêt consenti aux propriétaires, un prêt de 10%?
L’enjeu est grand, et pour les propriétaires, et pour les joueurs.
Peut-on se permettre de fermer les amphithéâtres pour une saison, même si on est conscient que ce sera une saison écourtée ? Absolument pas.
Pourquoi les autres sports professionnels ont-ils déjà mis en place un modèle d’affaires pour la prochaine saison et que le hockey est embarqué dans une autre négociation soulevant plusieurs interrogations ?
Les agents et les joueurs devront établir combien ils perdront en comparaison avec l’entente conclue, il y a quatre mois. Les nouveaux contrats signés au cours de l’entre-saison ont été négociés en tenant pour acquis que le compte en fiducie s’établirait à 6 % pour les trois dernières années comme le prévoit la convention de travail.
Or, ce que proposent les propriétaires, c’est une augmentation de la participation des joueurs à 25 % en 2020-21 alors que le contrat actuel prévoit 20 %, également une participation de 6 % à 8 ou 9 % pour les saisons 4, 5 et 6 de la présente convention.
Les propriétaires répètent qu’ils vont respecter les ententes conclues en juillet dernier. Par conséquent, la clause sur la rémunération, basée sur 82 matchs, demeure intacte. Cependant, on veut se prévaloir du droit de renégocier les paiements différés si jamais une situation extraordinaire venait compromettre les opérations quotidiennes.
Ce que les propriétaires disent : « Nous allons jouer devant des gradins vides. La pandémie fait des ravages.
Par conséquent, il faut trouver des solutions pratiques. »
Ils réalisent que le montant de 18 % des salaires de chacun des joueurs sera nettement insuffisant pour combler le manque à gagner en 2021-22 et, également, le 10 % pour la saison 2022-23 n’améliorera pas la situation.
Ils demandent aux joueurs un prêt additionnel, remboursé à partir de paiements différés.
Aux joueurs d’y voir.
Les propriétaires peuvent-ils fermer les portes ? C’est possible. Pour plusieurs entreprises, peu importe leur champ d’activités, qui ne parviennent pas à réaliser des profits… même très modestes, les décideurs choisissent malgré eux de payer les frais fixes et de cesser les activités.
Mais, avant de sauter à une telle conclusion, il faut également voir l’autre côté de la médaille. L’Association des joueurs a changé de personnalité au fil des ans, les jeunes s’impliquant davantage. Cependant, l’arrêt de travail occasionnerait plusieurs mises à jour. La saison perdue serait-elle retranchée de chacun des contrats liant les joueurs à la ligue ? Les équipes, dans un an, auront-elles les ressources financières pour respecter toutes les ententes ? Comme plusieurs intervenants du hockey l’affirment : des salaires amenuisés par des ententes où un remboursement est prévu sur quelques saisons sont-ils préférables à une fermeture d’une saison complète qui s’avère, avouons-le, le pire des scénarios ?
Surtout quand la ligue s’apprête à signer un lucratif contrat avec la télévision américaine ?