Le Journal de Montreal

Covidiots dans un centre d’achats

Des antimasque­s se sont aussi manifestés dans une épicerie de Québec, mettant en danger la santé d’autrui

- ROXANE TRUDEL Yes – Avec Jérôme Gagnon, Le Journal de Québec Hier, 1154 nouveaux cas de COVID ont été recensés au Québec ainsi que 23 décès.

Des covidiots qui ont défié les mesures sanitaires contre la COVID-19 en allant danser sans masque dans un centre commercial des Laurentide­s samedi ne font aucunement preuve de désobéissa­nce civile comme ils le clament, mais plutôt d’égoïsme, martèlent des experts en droit.

« À mon avis, ce n’est pas de la désobéissa­nce civile, c’est de l’affronteme­nt. Qu’on ait des théories, des idées, ça va. Qu’on en discute, ça va. Mais en temps de pandémie, lorsque ça concerne toute la planète entière [...] il y a des conséquenc­es qui sont plus importante­s », croit la juge retraitée Nicole Gibeault.

Pendant que des milliers de Québécois magasinaie­nt leurs cadeaux des Fêtes dans le respect des règles sanitaires pour pouvoir profiter des quatre jours de festivités offerts par le gouverneme­nt à Noël, une trentaine de personnes dansaient et criaient à tue-tête, sans masque ni distanciat­ion à la Place Rosemère, samedi après-midi.

« C’est sûr et certain que ce geste, cette organisati­on, est inacceptab­le. Ces genslà cherchaien­t à attirer l’attention, cherchaien­t à passer un message. Il y avait autant de monde qui filmait que de gens qui dansaient », relate Martin Charron, porte-parole de la Régie intermunic­ipale de police de Thérèse-De Blainville.

DES CONTRAVENT­IONS À VENIR

Même si l’interventi­on des agents de sécurité et des policiers a été très rapide, et que l’incident n’a duré que quelques minutes, des vidéos ont été publiées sur les réseaux sociaux, montrant les participan­ts souriant à la caméra et refusant de mettre les masques que leur tendaient poliment les policiers.

Des constats seront émis, assure l’inspecteur Charron, en précisant que l’organisatr­ice de l’évènement en recevra pour sa part trois, pour avoir organisé l’évènement ainsi que pour ne pas avoir respecté les mesures.

« On est toujours facilitant avec les manifestat­ions. Le principe de la manifestat­ion reste [...], mais même s’ils manifesten­t, les gens doivent respecter la distanciat­ion et le port du masque », martèle-t-il.

DANS UNE ÉPICERIE DE QUÉBEC

À Québec, un évènement similaire a eu lieu vendredi. Huit individus se sont présentés dans une épicerie de l’arrondisse­ment de Limoilou sans leur couvre-visage, pour leur « action du jour ».

« Il y a une [cliente] qui a enlevé son masque en entrant », souligne une première femme dans une vidéo sur les réseaux sociaux, visiblemen­t fière. « ! Influence positive ! », se réjouit une autre femme.

Les policiers ont pris leurs coordonnée­s en leur disant qu’ils enquêterai­ent avant de leur remettre des contravent­ions.

Ces rassemblem­ents dans les magasins sont organisés par des conspirati­onnistes antimasque­s au nom de la « désobéissa­nce civile » contre les mesures du gouverneme­nt pour enrayer la COVID-19, qui a fait près de 7000 morts au Québec en neuf mois.

« J’appelle plutôt ça de l’imbécillit­é organisée. [...] Il faut arrêter de prétendre faire de la désobéissa­nce civile [...] pour des valeurs humanistes. Là, c’est pour le droit de contaminer les autres. C’est complèteme­nt farfelu cette histoire », réagit Frédéric Bérard, docteur en droit constituti­onnel.

ÉGOÏSME

L’ancienne juge Gibeault rappelle pour sa part que la liberté des uns s’arrête là où commence la liberté des autres.

« C’est le non-respect à la majorité que je trouve désolant. Il n’y a personne qui aime ça [les mesures actuelles]. On peut le dire, on peut l’écrire, mais de là à le démontrer publiqueme­nt en mettant en jeu la sécurité des autres personnes, il faut tracer la ligne, soupire-t-elle. C’est du total égoïsme, parce que ces gens-là vont côtoyer d’autres personnes, qui, elles, respectent les mesures sanitaires. »

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 ?? CAPTURES D’ÉCRAN TIRÉES DE FACEBOOK ?? 1. Même si des policiers ont remis des masques aux contrevena­nts, hier à la Place Rosemère, ils refusaient de les porter. 2. Une trentaine d’antimasque­s dansaient et chantaient dans ce centre commercial de la Rive-Nord de Montréal pour contester les mesures sanitaires.
3. La distanciat­ion physique n’était pas respectée et certains s’enlaçaient. 4. Refusant de porter un couvre-visage, un homme a été escorté à l’extérieur de la Place Rosemère par des policiers.
5. À Québec, huit individus se sont présentés dans un Provigo sans leur masque.
CAPTURES D’ÉCRAN TIRÉES DE FACEBOOK 1. Même si des policiers ont remis des masques aux contrevena­nts, hier à la Place Rosemère, ils refusaient de les porter. 2. Une trentaine d’antimasque­s dansaient et chantaient dans ce centre commercial de la Rive-Nord de Montréal pour contester les mesures sanitaires. 3. La distanciat­ion physique n’était pas respectée et certains s’enlaçaient. 4. Refusant de porter un couvre-visage, un homme a été escorté à l’extérieur de la Place Rosemère par des policiers. 5. À Québec, huit individus se sont présentés dans un Provigo sans leur masque.
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