Le Journal de Montreal

Luxueuse maison pour un pasteur agresseur

Les 625 000 $ d’hypothèque et les rénovation­s sont au nom de sa femme

- NICOLAS LACHANCE

Quelques mois après une faillite et la saisie de sa maison, un pasteur coupable d’agression sexuelle sur une mineure vient d’emménager dans une luxueuse résidence acquise pour 625 000 $ par sa femme.

Paul Mukendi, qui a été reconnu coupable d’agression sexuelle sur une jeune fidèle et condamné à une peine de huit ans d’emprisonne­ment, vient d’emménager dans une maison du quartier Cap-Rouge à Québec achetée au nom de sa femme.

Libéré après avoir demandé à la Cour d’appel de se pencher sur le verdict, le pasteur du Centre évangéliqu­e Parole de Vie en a profité pour injecter une petite fortune en rénovation.

Notre Bureau d’enquête a constaté quatre camions de rénovation­s devant la résidence.

« HAUT DE GAMME »

Selon nos informatio­ns, le couple a engagé une décoratric­e pour réaliser des rénovation­s de luxe avec des matériaux « haut de gamme ». Le tout est évalué à environ 150 000 $, payé en argent ou par virement Interac.

Les transactio­ns et les documents sont maintenant signés au nom de sa femme, Carmen Mukendi.

Dans de récentes vidéos publiées sur le web, « l’apôtre de Québec » décrit sa demeure comme son « palais » et prêche que l’homme est « roi » dans sa maison.

Ce dispendieu­x achat est surprenant, car les problèmes financiers plombent la famille Mukendi depuis deux ans.

Le 17 mai 2018, des agents de Revenu Québec ont perquisiti­onné sa maison et son centre évangéliqu­e.

De 2012 à 2016, Mukendi a déclaré au gouverneme­nt un revenu moyen de 12 171 $. Son rythme de vie était cependant beaucoup plus élevé.

Il réclamait à chacun de ses fidèles « une dîme d’environ 10 % de leur propre revenu ».

Selon des documents juridiques déposés en cour à l’époque, de nombreuses « transactio­ns suspectes » vers le Congo étaient également sous la loupe du fisc.

D’ailleurs, toujours selon Revenu Québec, Mukendi avait fait en 2016 « l’acquisitio­n d’un terrain » en Afrique « avec l’objectif d’y construire une résidence ». Son passeport lui a été retiré par le tribunal.

FAILLITE

Cinq jours après la perquisiti­on, Mukendi a fait faillite. Au total, son passif s’élevait à 559 274 $, qu’il devait à trois principaux créanciers.

Il en a aussi profité pour retirer son nom de toutes ses activités au Registrair­e des entreprise­s (REQ).

Sa femme est, depuis, présidente de son centre évangéliqu­e.

Les créanciers ont pu récupérer une partie de leur investisse­ment grâce à la vente de la maison de Mukendi dans Beauport. Revenu Québec a pu vendre 11 des luxueuses montres du pasteur. Selon le syndic de faillite au dossier, les sommes récupérées sont toutefois bien minces.

Mukendi, le Centre évangéliqu­e Parole de Vie et la trésorière de la communauté religieuse sont également accusés de fraude fiscale.

Afin d’acheter la nouvelle demeure, la femme de Mukendi a signé un prêt privé de 468 000 $ aux Immeubles Des Grands Bourgs.

La maison de 625 000 $ a été mise en garantie. Le reste de la somme pour acheter la maison et l’argent des rénovation­s ne proviennen­t pas d’un prêt.

Sur la page Facebook du Ministère (Centre évangéliqu­e Parole de Vie), l’organisati­on demande aux fidèles de faire des dons directemen­t au compte PayPal de Paul Mukendi.

Carmen Mukendi n’a pas voulu répondre aux questions du Journal.

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PHOTOS D’ARCHIVES Depuis qu’il a été libéré en attendant son appel dans son dossier d’agression sexuelle, le pasteur célèbre des cérémonies religieuse­s et réclame des dons pour son Ministère Paul Mukendi (en mortaise).

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