Comment la Colombie Britannique fait le ménage
Des acteurs clés de la lutte au blanchiment d’argent en Colombie-Britannique sont estomaqués de voir que le Casino de Montréal donne des cadeaux à la mafia pour qu’elle continue à jouer son argent « d’origine douteuse ».
« Je suis sous le choc », s’indigne Peter German, l’ancien sous-commissaire à la Gendarmerie royale du Canada (GRC), « c’est extrêmement troublant, car ça suppose une certaine forme de connexion entre le chef de la mafia et le Casino. »
À la demande du gouvernement, Peter German, spécialisé dans les crimes financiers, a écrit un mémoire sur le blanchiment d’argent dans les casinos de la province intitulé Dirty Money.
Le document a provoqué l’étincelle qui a déclenché un véritable incendie à l’autre bout du pays. Il y apporte des preuves que des millions dollars sont en train d’être blanchis par des criminels avec la complicité tacite de l’État.
Devant ce rapport accablant, la Colombie-Britannique n’a eu d’autre choix que d’initier une commission d’enquête publique soit la commission Cullen, calquée sur la commission Charbonneau.
« C’est clair pour moi que l’argent sale circule dans nos casinos depuis plusieurs années », se désole German, qui est aussi diplômé en droit.
COMPLAISANCE DES CASINOS
Les responsables de la commission estiment que la situation des casinos n’est sûrement pas unique à leur province.
« Il me semble que ce qu’on trouve ici pourrait être pertinent aux autres provinces, ça me surprendrait personnellement si c’était une situation isolée à la Colombie-Britannique », observe le conseiller senior de la commission Cullen, Brock Martland.
Contrairement au Québec, les maisons de jeu britanno-colombiennes sont la propriété d’intérêts privés. Le Casino River Rock de Richmond, à un jet de pierre de Vancouver, est bien connu pour la complaisance de ses propriétaires à l’endroit des criminels. Les images d’un homme qui s’y est présenté avec 460 000 $ en coupures de 20 $ ont fait le tour du monde.
Questionnée par notre bureau d’enquête, Loto-Québec a affirmé avoir les « mécanismes pour adresser les risques identifiés » par l’expert Peter German dans son rapport.