Des sanctions plus sévères demandées
Le rapport accablant contre l’Église catholique à Montréal n’est pas suffisant selon des victimes
De sévères sanctions et une enquête publique sont réclamées contre les religieux de Montréal qui auraient fermé les yeux pendant des décennies envers les agissements du prêtre pédophile Brian Boucher.
« Les victimes se roulent les yeux, dénonce Carlo Tarini, du Comité des victimes de prêtres. S’il n’y a pas de pénalités, de sanctions, contre ceux qui ont permis qu’on abuse des enfants, il n’y a aucune motivation [à les dénoncer]. »
RAPPORT D’ENQUÊTE
Mercredi, l’archevêché de Montréal a rendu public le rapport d’enquête commandé à l’ancienne juge Pepita G. Capriolo. Elle y dénonce notamment la culture du secret et le manque d’imputabilité des hauts placés de l’Église catholique québécoise ayant fermé les yeux devant les « drapeaux rouges » hissés par le comportement du prêtre Brian Boucher.
Ce dernier a récemment été condamné à huit ans de prison pour avoir agressé sexuellement deux mineurs.
L’archevêque de Montréal, Mgr Christian Lépine, soulignait que l’accablant rapport serait envoyé à Rome, notamment à la Congrégation pour les évêques pour déterminer les suites à y donner et les sanctions possibles.
S’AUTOSANCTIONNER ?
Or, le cardinal Marc Ouellet est aujourd’hui le préfet de cette Congrégation et il est lui-même nommé dans le rapport comme un des religieux n’ayant pas agi contre le père Boucher, alors qu’il était recteur au Grand Séminaire.
« C’est ridicule [...] Je ne connais pas d’autres organisations qui enverraient un rapport d’enquête à quelqu’un d’impliqué dans l’histoire et à qui on demanderait de faire des recommandations [pour sévir] », rage M. Tarini.
Selon lui, seules une enquête criminelle de la police ou encore une enquête publique du gouvernement permettraient d’aller au fond des choses de façon crédible.
Même si la juge Capriolo dit avoir eu carte blanche, dit-il, son rapport fait état de documents volés et d’archives pêle-mêle lui compliquant la tâche.
Même s’il peut être difficile pour la justice d’établir un crime hors de tout doute raisonnable, la justice française a commencé à le faire.
Trois évêques ont été condamnés en France pour non-dénonciation d’abus sexuels, par exemple.
Mgr Lépine soulignait aussi que les religieux blâmés pour leur inaction dans le rapport soit sont à la retraite, soit ne sont plus en position de pouvoir.