Le Journal de Montreal

Un scandale étouffé

- ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille @quebecorme­dia.com

J’ai promis hier d’écrire de nouveau sur la nomination des juges par le gouverneme­nt Trudeau.

L’actualité me force à le faire dès aujourd’hui.

MOTION BATTUE

Car jeudi, à Ottawa, la demande d’enquête parlementa­ire sur ce sujet déposée par le bloquiste Rhéal Fortin au comité de la justice du Parlement a été... battue !

Tout s’est passé à huis clos. Les votes n’ont donc pas été enregistré­s officielle­ment.

Il est tout de même possible d’identifier la formation qui a permis d’éviter qu’on se penche sur ce sujet.

Un sujet, rappelons-le, où il y a « matière à scandale », selon ce que d’anciens conseiller­s de ministres de la Justice à Ottawa ont carrément écrit dans un courriel révélé par Radio-Canada.

POST-IT ORANGE

Les libéraux, évidemment hostiles à tout examen de ce genre, y sont en minorité.

Ils ont eu besoin d’un coup de pouce pour empêcher l’enquête. Le Bloc a déposé la motion. Et les conservate­urs ont dénoncé avec force le système libéral de nomination des juges, après les troublante­s révélation­s de collègues journalist­es.

Reste le NPD, plus précisémen­t le député Randall Garrison. Les libéraux ont été « sauvés » par un post-it orange... Encore une fois. Comme lors du dernier vote de confiance en chambre.

On imagine le soupir de soulagemen­t des libéraux.

L’ENQUÊTE

Le comité se serait penché sur « l’utilisatio­n des informatio­ns sur les activités politiques, les dons à un parti politique ou l’appartenan­ce politique des » candidats.

On pense à l’utilisatio­n, par le gouverneme­nt Trudeau, de la « libéralist­e » – banque de données du PLC – afin de scruter les orientatio­ns partisanes de candidats à la magistratu­re.

Le comité de la justice aurait fait comparaîtr­e le ministre David Lametti et « tout autre témoin » jugé pertinent.

Mathieu Bouchard, ancien conseiller de Justin Trudeau, aurait sûrement été un de ceux-là. Il était déterminan­t dans le processus libéral puisque, selon des courriels internes que j’ai pu consulter, il intervenai­t en amont et en aval du processus.

L’ABC

Les libéraux ne sont pas les seuls à être nerveux face à la possibilit­é qu’on scrute le processus de nomination des juges.

L’Associatio­n du Barreau canadien (ABC), organisme où milite un très grand nombre de candidats à la magistratu­re pour faire preuve d’« engagement » dans la communauté, a manifesté son inconfort dans deux communiqué­s récents.

Certes, elle conclut l’un d’entre eux avec un : « Il est temps de rendre le système plus imperméabl­e aux manipulati­ons partisanes ».

Mais le 16 novembre, Manon Dulude, directrice générale de la division du Québec, énonçait une règle qui empêcherai­t pratiqueme­nt de faire une évaluation détaillée de ce processus.

Elle soulignait « l’importance de faire preuve d’une grande prudence avant de désigner nommément et publiqueme­nt » des juges ou candidats « comme l’ont fait certains médias récemment ».

Voilà une manière à peine subtile d’intimer aux médias de ne pas révéler le détail des jeux de coulisses potentiell­ement scandaleux qui débouchent sur les nomination­s.

Cela ne semble pas « raisonnabl­e », pour reprendre un terme courant chez les juristes.

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Reste le NPD, plus précisémen­t le député Randall Garrison. Les libéraux ont été « sauvés » par un post-it orange... Encore une fois. Comme lors du dernier vote de confiance en chambre.
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