500 $ par semaine pour requalifier jusqu’à 20 000 chômeurs
Le gouvernement du Québec met en place un programme évalué à 114,6 millions $
Québec offrira 500 $ par semaine à des chômeurs qui accepteront de se requalifier, en plus de prendre en charge le coût des études et d’autres frais connexes.
Le gouvernement Legault espère ainsi requalifier jusqu’à 20 000 travailleurs ayant perdu leur emploi durant la pandémie, sur quelque 107 000 emplois disparus depuis un an.
Ces chômeurs pourront s’inscrire à des programmes courts de formation, comme une attestation d’études professionnelles (300 à 500 heures), une attestation d’études collégiales (600 à 800 heures) ou un microprogramme universitaire.
En point de presse, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a donné quelques exemples de travailleurs qui pourraient ainsi se réorienter dans un domaine connexe.
« Un ancien préposé à l’entretien d’un hôtel pourrait suivre un DEP [diplôme d’études professionnelles] en entretien général d’immeuble et s’occuper de l’entretien ménager dans un hôpital. Il pourrait également suivre une AEC [attestation d’études collégiales] en retraitement de dispositifs médicaux et devenir technicien à la stérilisation », a illustré Jean Boulet.
De la même façon, un ébéniste en aérospatiale aura l’opportunité de devenir charpentier-menuisier et d’intégrer les chantiers de construction, a également proposé le ministre.
Une aide-cuisinière, elle, « pourrait suivre une attestation d’études collégiales en transformation des aliments et devenir manoeuvre en transformation ou travailler dans une salle d’une entreprise dans le secteur de la transformation alimentaire, où il y a une pénurie de main-d’oeuvre qui est particulièrement criante ».
FORMATION PAYÉE
L’allocation de 500 $ par semaine sera versée « pour toute la durée de la formation », a assuré Jean Boulet. Le gouvernement commencera à verser ces sommes une fois que la personne aura épuisé ses autres prestations d’assurance-emploi ou d’aide fédérale d’urgence (PCRE).
Québec assumera aussi les frais de scolarité, les frais de garde et les frais de déplacement, a précisé le ministre Boulet.
Pour accéder au programme, les travailleurs devront rencontrer un agent d’aide à l’emploi pour établir un parcours individualisé d’ici le 31 mars 2021
Le coût du programme est évalué à 114,6 millions $.
DES SECTEURS DUREMENT TOUCHÉS
Le ministre Jean Boulet fait valoir que certains secteurs prendront plus de temps à se remettre sur pied après la fin de la pandémie, contrairement à la construction qui a plutôt connu un ralentissement temporaire en raison du confinement.
« Je vous dirais, l’hôtellerie, l’hébergement, la restauration, le commerce de détail, le transport : ce sont des secteurs qui sont plus affectés […] par ce que, moi, j’appelle des licenciements », a souligné le ministre. Le secteur de l’aéronautique sera également affecté à long terme.
« Il y en a [des secteurs] que ça va être un an, deux ans, trois ans, puis il y en a qui vont devoir se réadapter, modifier leur mission, transformer leur organisation de travail », fait valoir M. Boulet.
DES INTÉRESSÉS
Cette annonce de Québec pique la curiosité d’Alexandre Nantel, 40 ans, qui habite à Sainte-Marcelline-de-Kildare, dans Lanaudière.
« C’est sûr que ça m’intéresse. Mais j’aurais peut-être des réticences. Je me sens naïf d’y croire », raconte l’homme qui travaillait en construction avant la pandémie.
M. Nantel est un de ceux qui se sont laissé charmer par une autre offre de Québec, soit celle de suivre une formation accélérée pour devenir préposé en CHSLD avec un salaire annuel de 49 000 $ et du temps plein.
Le salaire promis n’était pas au rendez-vous, ni les conditions de travail promises.
« Si j’ai travaillé au même endroit deux jours de suite, c’est beau. J’ai vécu de l’intimidation de la part des autres travailleurs. J’en ai beaucoup sur le coeur », raconte-t-il.
Il a démissionné en moins de deux semaines et doit maintenant payer la formation, car il n’a pas travaillé un an dans le domaine.
Il se retrouve maintenant sans revenu, et voudrait bien profiter du nouveau programme.
« Mais ça dépend dans quoi. J’ai été opérateur de machines à contrôle numérique. S’il y avait une formation pour devenir électromécanicien, par exemple, ça pourrait m’intéresser. Mais je vais me renseigner en masse avant », lance-t-il.
– Avec la collaboration
de Julien McEvoy
« C’EST SÛR QUE ÇA M’INTÉRESSE. MAIS J’AURAIS PEUT-ÊTRE DES RÉTICENCES. JE ME SENS – NAÏF Alexandre D’Y CROIRE. Nantel »