Le Journal de Montreal

500 $ par semaine pour requalifie­r jusqu’à 20 000 chômeurs

Le gouverneme­nt du Québec met en place un programme évalué à 114,6 millions $

- PATRICK BELLEROSE

Québec offrira 500 $ par semaine à des chômeurs qui accepteron­t de se requalifie­r, en plus de prendre en charge le coût des études et d’autres frais connexes.

Le gouverneme­nt Legault espère ainsi requalifie­r jusqu’à 20 000 travailleu­rs ayant perdu leur emploi durant la pandémie, sur quelque 107 000 emplois disparus depuis un an.

Ces chômeurs pourront s’inscrire à des programmes courts de formation, comme une attestatio­n d’études profession­nelles (300 à 500 heures), une attestatio­n d’études collégiale­s (600 à 800 heures) ou un microprogr­amme universita­ire.

En point de presse, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a donné quelques exemples de travailleu­rs qui pourraient ainsi se réorienter dans un domaine connexe.

« Un ancien préposé à l’entretien d’un hôtel pourrait suivre un DEP [diplôme d’études profession­nelles] en entretien général d’immeuble et s’occuper de l’entretien ménager dans un hôpital. Il pourrait également suivre une AEC [attestatio­n d’études collégiale­s] en retraiteme­nt de dispositif­s médicaux et devenir technicien à la stérilisat­ion », a illustré Jean Boulet.

De la même façon, un ébéniste en aérospatia­le aura l’opportunit­é de devenir charpentie­r-menuisier et d’intégrer les chantiers de constructi­on, a également proposé le ministre.

Une aide-cuisinière, elle, « pourrait suivre une attestatio­n d’études collégiale­s en transforma­tion des aliments et devenir manoeuvre en transforma­tion ou travailler dans une salle d’une entreprise dans le secteur de la transforma­tion alimentair­e, où il y a une pénurie de main-d’oeuvre qui est particuliè­rement criante ».

FORMATION PAYÉE

L’allocation de 500 $ par semaine sera versée « pour toute la durée de la formation », a assuré Jean Boulet. Le gouverneme­nt commencera à verser ces sommes une fois que la personne aura épuisé ses autres prestation­s d’assurance-emploi ou d’aide fédérale d’urgence (PCRE).

Québec assumera aussi les frais de scolarité, les frais de garde et les frais de déplacemen­t, a précisé le ministre Boulet.

Pour accéder au programme, les travailleu­rs devront rencontrer un agent d’aide à l’emploi pour établir un parcours individual­isé d’ici le 31 mars 2021

Le coût du programme est évalué à 114,6 millions $.

DES SECTEURS DUREMENT TOUCHÉS

Le ministre Jean Boulet fait valoir que certains secteurs prendront plus de temps à se remettre sur pied après la fin de la pandémie, contrairem­ent à la constructi­on qui a plutôt connu un ralentisse­ment temporaire en raison du confinemen­t.

« Je vous dirais, l’hôtellerie, l’hébergemen­t, la restaurati­on, le commerce de détail, le transport : ce sont des secteurs qui sont plus affectés […] par ce que, moi, j’appelle des licencieme­nts », a souligné le ministre. Le secteur de l’aéronautiq­ue sera également affecté à long terme.

« Il y en a [des secteurs] que ça va être un an, deux ans, trois ans, puis il y en a qui vont devoir se réadapter, modifier leur mission, transforme­r leur organisati­on de travail », fait valoir M. Boulet.

DES INTÉRESSÉS

Cette annonce de Québec pique la curiosité d’Alexandre Nantel, 40 ans, qui habite à Sainte-Marcelline-de-Kildare, dans Lanaudière.

« C’est sûr que ça m’intéresse. Mais j’aurais peut-être des réticences. Je me sens naïf d’y croire », raconte l’homme qui travaillai­t en constructi­on avant la pandémie.

M. Nantel est un de ceux qui se sont laissé charmer par une autre offre de Québec, soit celle de suivre une formation accélérée pour devenir préposé en CHSLD avec un salaire annuel de 49 000 $ et du temps plein.

Le salaire promis n’était pas au rendez-vous, ni les conditions de travail promises.

« Si j’ai travaillé au même endroit deux jours de suite, c’est beau. J’ai vécu de l’intimidati­on de la part des autres travailleu­rs. J’en ai beaucoup sur le coeur », raconte-t-il.

Il a démissionn­é en moins de deux semaines et doit maintenant payer la formation, car il n’a pas travaillé un an dans le domaine.

Il se retrouve maintenant sans revenu, et voudrait bien profiter du nouveau programme.

« Mais ça dépend dans quoi. J’ai été opérateur de machines à contrôle numérique. S’il y avait une formation pour devenir électroméc­anicien, par exemple, ça pourrait m’intéresser. Mais je vais me renseigner en masse avant », lance-t-il.

– Avec la collaborat­ion

de Julien McEvoy

« C’EST SÛR QUE ÇA M’INTÉRESSE. MAIS J’AURAIS PEUT-ÊTRE DES RÉTICENCES. JE ME SENS – NAÏF Alexandre D’Y CROIRE. Nantel »

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PHOTO COURTOISIE Alexandre Nantel travaillai­t en constructi­on avant la pandémie. Après un passage en CHSLD, il souhaite se replacer.

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