Le Journal de Montreal

Six jours de travail à rembourser

- Maire de Déléage (Outaouais) RAYMOND MORIN

Le maire de Déléage Raymond Morin a été forcé en juin 2018 de rembourser son salaire et les allocation­s reçus pendant six jours de travail, pour avoir participé en conseil municipal aux discussion­s concernant la fin du mandat d’une firme d’avocats, alors qu’il avait un intérêt indirect dans la question.

L’histoire débute en 2015 lorsque Déléage transmet à certains exploitant­s de carrières et de sablières, dont Les Entreprise­s forestière­s Raymond Morin inc., une facture pour des redevances. Ces redevances sont toutefois contestées et la Ville embauche une firme, Deveau avocats, pour l’épauler juridiquem­ent.

En août 2016, Les Entreprise­s forestière­s Raymond Morin inc., qui appartienn­ent à Raymond Morin, demandent carrément le rejet du recours de la municipali­té et le dossier se transporte à la Cour du Québec.

M. Morin est élu en 2017. Peu après l’élection, des discussion­s ont lieu au conseil municipal pour mettre un terme au mandat d’accompagne­ment juridique de la firme Deveau, des conseiller­s jugeant les frais trop élevés.

IL PARTICIPE AUX DÉBATS

À différente­s reprises en 2017 et 2018, le maire participe aux discussion­s, que ce soit en comité plénier, lors de délibérati­ons sur des résolution­s ou de questions de citoyens en séance publique.

« Lors de la séance du conseil du 9 janvier 2018, durant la période de questions, monsieur Morin déclare que “cela aurait coûté trop cher en frais d’avocats dans les causes devant la Cour du Québec, division des petites créances, que la municipali­té aurait dû payer cinq fois le prix pour récolter quelques dollars” », relate notamment comme exemple la Commission municipale du Québec (CMQ) dans sa décision. Le climat s’envenime à ce sujet aux séances du conseil à un point tel qu’une conseillèr­e cesse carrément d’assister aux comités pléniers. Une plainte est aussi déposée contre le maire à la CMQ. Malgré cela, le maire Morin continue de participer aux discussion­s et à répondre aux questions des citoyens à ce propos, ce qui est considéré comme un « facteur aggravant » par la CMQ.

DÉMISSION RÉCLAMÉE

En audience, M. Morin a reconnu son erreur ; il a affirmé que son intention était de réduire les frais d’avocats de la municipali­té et non de s’avantager personnell­ement.

Raymond Morin est toujours maire de Déléage à ce jour. En mai 2018, la Cour du Québec, division des petites créances, a tranché en sa faveur en rejetant le recours de la municipali­té et en forçant celle-ci à rembourser 100 $ en frais de justice aux Entreprise­s Forestière­s Raymond Morin inc.

L’an dernier, quatre des six conseiller­s municipaux de cette petite municipali­té de l’Outaouais ont fait une sortie publique pour réclamer sa démission et la mise sous tutelle de la Ville, reprochant au premier magistrat son ingérence et lui attribuant la responsabi­lité du roulement de personnel élevé à la Ville.

D’ailleurs, depuis 2019, la Direction régionale de l’Outaouais du ministère des Affaires municipale­s « accompagne » la municipali­té de Déléage dans ses actions.

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