Censuré par des « militants radicaux »
François Legault s’est dit soulagé que l’Association des libraires ait republié ses suggestions de livres
François Legault attribue à « une poignée de militants radicaux [qui] piétinent notre liberté d’expression pour défendre leurs dictats » la censure de sa liste de lecture par l’Association des libraires du Québec (ALQ).
Le premier ministre s’est dit « soulagé », hier, que l’association ait fait volte-face en republiant sa dizaine de suggestions de livres qu’elle avait d’abord retirée vendredi dernier, soulevant un tollé général.
« Ça n’avait pas de bon sens », a écrit le chef du gouvernement québécois sur Facebook en disant qu’il avait été « triste » et « fâché » par la première décision de l’ALQ.
L’organisation a d’ailleurs fait son mea culpa hier, sa directrice ayant admis qu’elle avait retiré les coups de coeur du premier ministre sous la pression d’internautes qui avaient envoyé des messages de plainte.
« Voyant le flot de commentaires déferler la semaine dernière, j’ai pris la décision trop rapidement de retirer certaines publications sur les réseaux sociaux de l’Association. Je réalise aujourd’hui qu’il s’agissait d’une erreur et je m’en excuse », indique la directrice générale de l’ALQ, Katherine Fafard, dans un message publié sur Facebook, hier.
RACISME SYSTÉMIQUE
Mercredi dernier, M. Legault a présenté, dans une vidéo d’une demi-heure, dix suggestions de livres à lire dans le cadre du mouvement #lireenchoeur de l’ALQ, qui a donné la parole à quelque 150 auteurs et personnalités depuis le printemps.
M. Legault adore la lecture et fait régulièrement des suggestions de lecture sur ses réseaux sociaux. Il dit lire de 30 à 60 minutes chaque soir avant de se coucher.
Or, des critiques ont rapidement fusé. Sur Instagram, plusieurs intervenants ont dénoncé le fait que M. Legault refuse de reconnaître le racisme systémique au Québec.
« Il y a eu beaucoup de commentaires de gens, notamment du milieu littéraire, qui nous reprochaient d’avoir donné une tribune à M. Legault » et qui critiquaient sa liste de livres, avait d’abord reconnu Katherine Fafard, en entrevue avec l’Agence QMI dimanche.
Certains en avaient contre sa suggestion de lire le livre de Mathieu Bock-Côté, L’empire du politiquement correct.
PAS CONSULTÉS
Les librairies membres de l’ALQ ainsi que les membres du conseil d’administration n’avaient pas été impliqués dans cette « malheureuse décision », affirme-t-on dans la publication Facebook hier.
« C’est un geste malheureux et regrettable, certes, mais je tiens à préciser qu’il n’est pas représentatif de l’approche de tous nos membres qui défendent quotidiennement et inlassablement la diversité des publications », précise le président de l’ALQ, Éric Simard.
Interrogé hier matin, un des membres de l’Association, qui n’a pas voulu être nommé, a d’ailleurs rapporté ne pas avoir été contacté concernant cette décision.
« C’est triste de voir le débat que cela a amené. C’est facile de mettre le feu aux poudres de nos jours et ce n’est certainement pas l’objectif qui était recherché », a-t-il fait remarquer.
APPEL À LA LECTURE
Malgré la controverse, le premier ministre a tenu à réitérer hier un vibrant appel pour la pratique de la lecture et l’achat de livres québécois.
« On ne doit pas pénaliser nos libraires indépendants qui n’ont rien à voir avec cette histoire. C’est déjà assez difficile pour eux ces temps-ci. […] On doit encourager nos auteurs. C’est la meilleure réponse qu’on peut offrir à ceux qui veulent les faire taire », a-t-il conclu dans son message.
— Avec la collaboration d’Yves Leclerc, Le Journal de Québec