Le Journal de Montreal

La peur s’installe dans l’est de Montréal après quatre fusillades en une soirée

Les récents événements violents incitent des citoyens et des politicien­s à exiger plus de patrouille­s

- ERIKA AUBIN ET ROXANE TRUDEL Toute personne détenant des renseignem­ents sur ces événements peut communique­r anonymemen­t avec Info-Crime Montréal au 514 393-1133 ou sur le web.

L’inquiétude était palpable hier dans le quartier Rivière-des-Prairies, où des Montréalai­s disent maintenant ouvertemen­t craindre de sortir le soir, au lendemain d’une série de fusillades qui s’est soldée par quatre blessés par balles.

« Le soir, j’avoue que j’ai un peu peur de sortir. Il y a déjà eu des coups de feu et nos voisines ont failli être touchées. Elles ont dû se coucher au sol. On dirait que ça devient de pire en pire chaque fois », lance avec crainte Norveline Valet, résidente de Rivière-des-Prairies (RDP).

Dimanche, une première fusillade a éclaté vers 17 h 30 à Montréal-Nord, suivie de trois autres à RDP en soirée. Il pourrait s’agir d’affronteme­nts entre deux gangs criminels organisés, selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

Après les coups de feu survenus sur sa rue, Mme Valet a constaté que les pneus du véhicule de sa mère et de plusieurs autres avaient été crevés. Inquiète devant la hausse de crimes violents dans son quartier, elle songe à déménager.

QUATRE VICTIMES

Trois des victimes atteintes par balles sont dans la vingtaine, ont des antécédent­s criminels et collaboren­t très peu à l’enquête, rapporte l’agent Jean-Pierre Brabant, du SPVM. Leur vie est hors de danger.

Le dernier homme blessé, âgé de 58 ans, pourrait être une innocente victime. Les policiers s’expliquent encore mal pourquoi il a été la cible d’une tentative de meurtre.

Des voisins, qui ont préféré garder l’anonymat, ont rapporté au Journal être très inquiets. Ils aimeraient que la Ville installe des caméras pour prévenir les crimes, en plus d’accroître la surveillan­ce policière.

« Quand j’étais petit, on jouait dans la rue. Ça n’a pas de sens [à quel point il y a plus de crimes] », lance Jonathan Hudon, 36 ans, qui habite le secteur depuis plus de 30 ans.

Il indique avoir entendu les coups de feu dirigés vers son voisin.

L’inquiétude est manifeste dans le quartier, d’après Giovanni Rapanà, conseiller municipal de l’arrondisse­ment de Rivière-des-Prairies–Pointeaux-Trembles.

« Le monde commence à avoir peur de sortir le soir. Ce n’est pas normal. Et pour cette raison, je souhaite qu’on intensifie la présence policière 24 heures sur 24 », insiste-t-il.

UN QUARTIER FAMILIAL

« RDP, c’est un quartier tranquille, familial avec de grands espaces verts. Là, il y a des [citoyens] qui m’écrivent pour me dire qu’ils ont peur de sortir à l’extérieur le soir », rapporte la mairesse d’arrondisse­ment, Caroline Bourgeois, en précisant que le sentiment d’incertitud­e est réel.

Préoccupée par une recrudesce­nce d’événements violents dans le secteur, Mme Bourgeois promet une augmentati­on de la présence policière.

La direction du poste de quartier 45 a refusé la demande d’entrevue du Journal. Le SPVM a simplement diffusé un communiqué en toute fin d’après-midi pour assurer qu’il accroîtra sa présence dans le nord-est de la métropole à la suite de ces nouveaux incidents impliquant des armes à feu.

PRÉVENTION

Ces événements ramènent à l’avant-plan le travail de prévention qui doit être fait auprès des jeunes, croit le directeur de l’organisme communauta­ire Équipe RDP, Piereson Vaval.

« Des tensions entre groupes de jeunes marginalis­és deviennent hors proportion et dégénèrent. Il faut les outiller pour qu’ils trouvent des solutions non violentes à leurs conflits », explique-t-il.

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JEAN-PIERRE BRABANT Policier

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