Le Journal de Montreal

Pour un accès gratuit aux soins de santé préventifs

- Par Mikaël Grenier Étudiant en philosophi­e Beaucevill­e

Qu’attendons-nous donc pour faire de notre assurance maladie une assurance santé ?

En 1969, l’établissem­ent de l’actuel système d’assurance maladie était tout à fait nécessaire : rappelons qu’auparavant, on devait parfois se ruiner pour se soigner. L’idée derrière la mise en place de l’actuelle RAMQ était donc de retirer un fardeau du dos des malades.

Toutefois, à l’heure où l’on vit de plus en plus vieux, où le système de santé est à bout de souffle, ne serait-il pas temps de remettre en question l’approche curative de notre système de santé ? N’avons-nous pas d’ailleurs, tout au long de la pandémie de COVID-19 qui sévit toujours, préféré l’approche préventive à l’approche curative ?

DES ÉCONOMIES POUR L’ÉTAT

Certes, universali­ser un accès gratuit aux soins de santé préventifs – physiothér­apie, dentisteri­e, médecine du sport, services d’un(e) nutritionn­iste, soins psychologi­ques, etc. – constituer­ait une dépense supplément­aire pour l’État.

Je peux déjà entendre les détracteur­s de l’interventi­on de l’État s’y opposer ; cependant, il faut considérer les coûts qu’engendrent les soins qu’on doit prodiguer à des gens qui, faute de moyens pour consulter hâtivement, traînent dans leur valise des pathologie­s souvent devenues bien graves au moment de se présenter à l’urgence ou chez leur médecin (s’ils en ont un).

Prenons un exemple concret. Ne serait-il pas plus payant de payer les honoraires de physiothér­apie pour quelqu’un qui souffre de douleurs chroniques au genou plutôt que de le laisser traîner ce problème jusqu’à ce que la chirurgie devienne le seul recours possible ?

La chirurgie sera beaucoup plus coûteuse en elle-même, engorgera le système de santé, nécessiter­a une hospitalis­ation, puis une convalesce­nce (pendant laquelle le convalesce­nt ne travailler­a pas, donc privera l’État de revenus). Cerise sur le sundae : on devra sûrement, à terme, payer de la physiothér­apie à cette personne afin qu’elle puisse réapprendr­e à utiliser son nouveau genou correcteme­nt.

On a collective­ment appris qu’il vaut mieux se laver les mains et porter un masque que de se retrouver en réanimatio­n pour avoir contracté la COVID-19. Pourquoi, alors, la même logique n’aurait-elle pas cours dans la prévention des maladies chroniques qui sont présenteme­nt soignées seulement lorsqu’elles sont au pire de leur dégénéresc­ence ?

MÉDICAMENT­S GÉNÉRIQUES

En 2013, 7,5 milliards de dollars étaient dépensés en médicament­s par l’État, soit 19 % du budget en santé de l’époque. Rappelons qu’en 1980, la part du budget en santé allouée aux médicament­s n’était que de 6 %. Sachant que le Québec est l’un des endroits du monde où l’on est en mesure de produire des médicament­s, il irait de soi que le gouverneme­nt mette en place un système de production de génériques pour les médicament­s les plus nécessaire­s et les plus largement administré­s (antibiotiq­ues, antihypert­enseurs, anticholes­térolémian­ts, etc.).

Pourquoi charger l’État de les produire alors que l’assurance publique rembourse ces produits, me direz-vous ? Parce qu’on évalue qu’un cachet coûtant, par exemple, 10 sous à produire est vendu 1,30 $. Énorme gaspillage de fonds publics.

Mentionnon­s aussi que se doter de tels moyens préviendra­it également les pénuries de médicament­s comme il risque de s’en produire lorsqu’advient une crise sanitaire.

Quand verrons-nous le jour de la prévention et de la santé se lever sur nos cartes soleil ?

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