Le Journal de Montreal

Une suppléante veut devenir enseignant­e

- DAPHNÉE DION-VIENS

Julie Stea n’a pas de diplôme en enseigneme­nt. Elle travaille toutefois depuis cinq ans dans le réseau scolaire et souhaite que son expérience soit reconnue afin qu’elle puisse continuer à faire ce qui la passionne : enseigner.

Après avoir terminé des études en interpréta­tion de la musique, Julie Stea a fondé sa propre école de musique il y a maintenant une quinzaine d’années. Ayant grandi dans une famille d’enseignant­s, elle a décidé de tenter sa chance dans le réseau scolaire il y a cinq ans.

Mme Stea a fait de la suppléance à plusieurs niveaux, en plus d’avoir enseigné la musique et l’art dramatique à de nouveaux arrivants. L’an passé, elle a été embauchée grâce à une tolérance d’engagement dans une classe de maternelle quatre ans où la quasi-totalité des enfants n’avait pas le français comme langue maternelle.

« Ça s’est vraiment bien passé », ditelle, grâce notamment à l’encadremen­t fourni par une conseillèr­e pédagogiqu­e.

Cette année, Mme Stea a été appelée à deux jours de la rentrée pour prendre en charge un nouveau groupe de maternelle, le temps que le poste soit pourvu deux semaines plus tard par une finissante en enseigneme­nt qui n’avait jamais encore fait de suppléance. « Ç’a été un peu frustrant. J’aurais vraiment voulu rester au préscolair­e, mais en n’étant pas légalement qualifiée, c’était impossible », laisse-t-elle tomber.

« DÉCOURAGEA­NT »

« C’est vraiment découragea­nt. On n’est pas du tout considéré, on n’est pas du tout valorisé, et quand on veut se qualifier légalement, c’est très très très difficile de le faire », ajoute-t-elle.

L’option la plus courte qui lui permettrai­t d’obtenir son brevet d’enseigneme­nt serait de compléter une maîtrise qualifiant­e, destinée à ceux qui ont déjà un baccalauré­at dans une discipline connexe. Cette formation à temps partiel peut en théorie être complétée en quatre ans.

Mais en réalité, plusieurs y mettent beaucoup plus de temps. « Mon frère, qui avait une maîtrise en biochimie, ça lui a pris sept ans avant de compléter sa formation pour enseigner. À 47 ans, je n’ai plus cette énergie-là. Ce n’est pas une option pour moi », affirme cette mère monoparent­ale qui a deux adolescent­s à la maison.

Mme Stea déplore qu’il n’y ait qu’un seul chemin qui mène au brevet d’enseigneme­nt. « Il y a une pénurie maintenant. Il faut trouver une autre voie pour nous donner accès rapidement à la profession. La maîtrise qualifiant­e, ça n’a juste pas de bon sens. »

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