Il n’y a jamais eu autant de femmes en lice et Gatineau pourrait même avoir un conseil municipal à majorité féminine
OTTAWA | Gatineau pourrait marquer l’histoire en devenant la première ville au Québec avec un conseil municipal à majorité féminine. Soixante pour cent des candidatures du parti sortant, Action Gatineau, sont féminines au point que le parti a dû réfléchir à la présence de candidats masculins.
« Quand est venu le temps de recruter notre dernier candidat, là, on s’est dit ça nous prendrait un homme pour respecter les règles de parité », indique la cheffe d’Action Gatineau, Maude Marquis-Bissonnette, qui veut succéder au maire sortant et fondateur du parti, Maxime Pedneaud-Jobin.
L’émergence de partis politiques dans le monde municipal est un moteur important de l’inclusion des femmes, indique Maude Laberge, mairesse sortante de Sainte-Martine et présidente de la commission Femmes et gouvernance de l’Union des municipalités du Québec.
« Les partis présentent des équipes paritaires parce que l’inverse ne passe plus aujourd’hui, explique-t-elle. La logique de parti oblige aussi à une réflexion globale et force la recherche de candidatures stratégiques et représentatives de la diversité de la Ville. »
Le résultat est évident à Gatineau depuis la création en 2012 du parti que dirige maintenant une des plus jeunes candidates à la mairie de la province. Action Gatineau est le tout premier parti municipal qu’ait connu la Ville.
Près de dix ans plus tard, les Gatinois sont sur le point d’élire leur toute première mairesse, puisque ce sont deux femmes qui dominent la campagne : Maude Marquis-Bissonnette et son adversaire indépendante, France Belisle.
LOIN DE LA PARITÉ
Cette ville est cependant loin d’être le reflet du monde municipal québécois qui reste dominé par des politiciens indépendants. Et ça se reflète sur les candidatures féminines : à l’échelle de la province, un candidat sur trois seulement est de sexe féminin. Les femmes représentent 24,3 % des candidatures aux postes de maire et 37,4 % des candidatures aux postes de conseillers.
En plus de l’absence de partis qui puissent présenter des modèles féminins et le soutien d’équipes que recherchent souvent les femmes, les faibles salaires sont une barrière à l’intégration féminine dans les conseils municipaux, indique Maude Laberge :
« Des 1137 municipalités du Québec, dix sont grosses, mais la majorité sont très petites, 20 000 habitants ou moins. Ça veut dire que les maires ont des salaires très bas et doivent avoir un deuxième emploi ou être retraités pour boucler leurs fins de mois. Ça ne facilite pas la conciliation travail-famille. »
VIRAGE GÉNÉRATIONNEL
Plusieurs jeunes femmes sont néanmoins prêtes à braver ces barrières : chez les 18 à 34 ans, près de 50 % des candidatures sont des femmes et chez les 35-44 ans, on compte 45 % de candidatures féminines. À l’inverse, chez les plus de 65 ans, seulement 6 % des candidatures sont féminines.
Maude Marquis-Bissonnette, à Gatineau, a 33 ans. Elle s’est alliée à six autres jeunes candidates, toutes âgées de 27 à 39 ans, qui ont toutes des profils similaires. Ce sont des progressistes, préoccupées par l’environnement, en quête de modes de communication directs avec les citoyens, observe Mme Laberge.
« Elles veulent toutes changer le monde », souffle la mairesse de Sainte-Martine. Cela les pousse à positionner leur ville sur des enjeux normalement réservés aux paliers de gouvernements provinciaux et fédéraux.
Bien au-delà de la typique gestion de la voirie, des déchets et des parcs, Mme Marquis s’intéresse par exemple à l’intégration des immigrants dans la ville, un sujet auquel elle consacre son doctorat en urbanisme.