Les jeunes préfèrent Poilievre
Selon un sondage, Justin Trudeau arrive au 3e rang du meilleur prétendant au poste de premier ministre
Les millénariaux et les jeunes de la génération Z sont plus nombreux à voir Pierre Poilievre ou Jagmeet Singh comme de meilleurs prétendants au poste de premier ministre que Justin Trudeau, qui les courtise pourtant sans arrêt.
À la question « Quel leader ferait le meilleur premier ministre du Canada ? », seuls 10 % des répondants entre 18 à 34 ans au plus récent sondage de l’organisme Angus Reid ont choisi M. Trudeau.
Entre 22 et 23 % préfèrent le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, tandis que le chef conservateur Pierre Poilievre obtient 25 % chez les 18 à 24 ans et 31 % chez les 25 à 34 ans.
Malgré des semaines de tournée budgétaire axée sur « l’équité intergénérationnelle », la pente à remonter sera rude pour le chef libéral : 71 % des 18 à 24 ans et 68 % des 25 à 34 ans affirment que le gouvernement Trudeau ne travaille « pas vraiment » ou « pas du tout » dans le meilleur intérêt de leur génération.
UN VIEUX POLITICIEN
Pour Justin Trudeau, le défi est double : il s’agit non seulement de proposer des mesures pour les jeunes, « mais de faire en sorte que ces mesures-là soient entendues et comprises », analyse le politologue de l’Université de l’Alberta Frédéric Boily.
Or, les jeunes semblent avoir décroché. « En 2015, il pouvait paraître jeune. Les électeurs de 18 ans, ça fait 10 ans qu’ils entendent parler de Justin Trudeau. Ils ont l’impression que c’est rendu un vieux politicien », poursuit-il.
« J’ai l’impression que le Parti conservateur a gagné la bataille des médias sociaux », là où loge la tranche d’âge visée, résume Geneviève Tellier, professeure à l’Université d’Ottawa.
Chez les 18 à 34 ans plus que chez les autres générations, à près de 60 %, c’est le coût de la vie et l’inflation qui trônent au sommet des préoccupations, en légère baisse au cours des derniers mois.
Le coût pour le logement arrive en deuxième place, devant les soins de santé, l’environnement et le déficit gouvernemental.
Cette « anxiété » économique est sans nul doute le moteur principal de l’appui grandissant de ces jeunes envers Pierre Poilievre, jugent les deux politologues.
LES JEUNES, CONSERVATEURS ?
Y a-t-il d’autres facteurs en jeu ? Si M. Boily et Mme Tellier ne détectent pas pour l’instant d’intérêt renouvelé pour le conservatisme, ils notent une forme de lassitude envers des « excès » de la gauche incarnée dans le « wokisme ».
« Il y en a peut-être qui trouvent que ça va trop loin, le discours en matière d’identité culturelle, sexuelle », explique M. Boily. « Ce n’est pas qu’ils sont contre, mais on trouve qu’il y a peut-être une accélération de ce discours, et ça entre en combinaison avec la question du coût de la vie, du coût du logement. »
Ce phénomène est bien réel, mais surtout du côté des garçons, remarque Geneviève Tellier.
« Il y en a très certainement qui ne sont pas à l’aise avec ce qui se passe », dit-elle.
Cette divergence entre les sexes pourrait expliquer aussi pourquoi non seulement Pierre Poiliere, mais Jagmeet Singh aussi est mieux vu que Justin Trudeau.