Une guerre absurde au transport en commun
C’est la stratégie que François Legault a employée hier, en utilisant deux expressions pour parler de la querelle sur les transports collectifs des derniers jours.
Selon le PM, donc, il y aurait donc un « lobby des villes » représenté par Québec solidaire, et il serait plus facile pour les maires « de quêter à Québec » que de « faire le ménage dans leurs dépenses ».
Ça en devient une habitude à la CAQ, lorsqu’elle est à défaut d’arguments et sur la défensive sur les problèmes d’environnement et de transport.
Elle se lance dans une guerre de perceptions. Elle crée des divisions artificielles.
C’était le même manège sur le 3e lien.
Que disait le PM pour le défendre ?
« Il faut que les gens de Montréal arrêtent de regarder de haut les gens de Québec et [de] Lévis. »
Sur la Fonderie Horne, même logique : le PM disait que ce n’était pas aux « gens de Montréal » de décider de ce qui se passe à Rouyn-Noranda. Sur le tramway, c’était plutôt Éric Caire qui demandait au maire Marchand de « polluer l’existence des conducteurs ».
LE PROBLÈME DE FOND
Revenons à la bougie d’allumage. Elle a débuté au moment où la ministre Geneviève Guilbault a affirmé que « ce n’est pas une mission de l’État » que de « gérer le transport collectif et les sociétés de transport ».
Elle n’a ni complètement tort, ni complètement raison.
Or, qu’importe, ses paroles trahissent tout de même une vision du transport en commun.
Si les routes sont considérées comme des services publics, comme les hôpitaux et les écoles, les transports en commun ne le sont pas au même titre. Ils constituent une dépense, et demandent à ne pas être déficitaires. Ce que nos routes, hôpitaux et écoles sont, par définition.
Les sociétés de transport en commun – surtout à Montréal – connaissent des difficultés financières. On parle d’un déficit de 3 milliards sur cinq ans.
Or, même si le déficit des sociétés de transport était résorbé, un problème de fond demeure.
Notre modèle de transport actuel est financièrement intenable et écologiquement problématique. Il favorise l’auto solo, alors que le gouvernement lui-même veut augmenter les déplacements en transport collectif.
Le financement des routes et des transports collectifs est déficitaire. Le modèle actuel coûte cher pour les familles et en infrastructures. Sans compter le coût qu’engendrent la congestion et la pollution.
Là-dessus, à la CAQ, on n’a pas grand-chose à dire. On ne veut pas déranger les habitudes des électeurs.
Et on continue de promettre l’impossible, c’est-à-dire plus de routes, plus de transport en commun, moins de GES, tout ça sans aller chercher de nouveaux revenus.
C’est cela qu’une ministre de la Mobilité durable réellement digne de ce nom remettrait en question.
BILAN CAQUISTE
C’est ce qu’on appelle faire diversion.
Il y a aussi une question d’attitude. Le bilan en transport en commun de la CAQ est une déroute.
Au début de leur premier mandat, on parlait de six projets : le REM de l’Est, le tramway à Québec, et d’autres projets à Longueuil, à Laval, à Chambly et à Gatineau.
Le résultat en 2024 ? Une page blanche.
Pendant ce temps, dans la seule région de Toronto, huit projets se développent.
Face à cela, c’est davantage l’humilité qui commanderait la ministre Geneviève Guilbault. Et non l’arrogance et certainement pas la vantardise.