Le Journal de Montreal

Une guerre absurde au transport en commun

- Philippe.leger @quebecorme­dia.com

C’est la stratégie que François Legault a employée hier, en utilisant deux expression­s pour parler de la querelle sur les transports collectifs des derniers jours.

Selon le PM, donc, il y aurait donc un « lobby des villes » représenté par Québec solidaire, et il serait plus facile pour les maires « de quêter à Québec » que de « faire le ménage dans leurs dépenses ».

Ça en devient une habitude à la CAQ, lorsqu’elle est à défaut d’arguments et sur la défensive sur les problèmes d’environnem­ent et de transport.

Elle se lance dans une guerre de perception­s. Elle crée des divisions artificiel­les.

C’était le même manège sur le 3e lien.

Que disait le PM pour le défendre ?

« Il faut que les gens de Montréal arrêtent de regarder de haut les gens de Québec et [de] Lévis. »

Sur la Fonderie Horne, même logique : le PM disait que ce n’était pas aux « gens de Montréal » de décider de ce qui se passe à Rouyn-Noranda. Sur le tramway, c’était plutôt Éric Caire qui demandait au maire Marchand de « polluer l’existence des conducteur­s ».

LE PROBLÈME DE FOND

Revenons à la bougie d’allumage. Elle a débuté au moment où la ministre Geneviève Guilbault a affirmé que « ce n’est pas une mission de l’État » que de « gérer le transport collectif et les sociétés de transport ».

Elle n’a ni complèteme­nt tort, ni complèteme­nt raison.

Or, qu’importe, ses paroles trahissent tout de même une vision du transport en commun.

Si les routes sont considérée­s comme des services publics, comme les hôpitaux et les écoles, les transports en commun ne le sont pas au même titre. Ils constituen­t une dépense, et demandent à ne pas être déficitair­es. Ce que nos routes, hôpitaux et écoles sont, par définition.

Les sociétés de transport en commun – surtout à Montréal – connaissen­t des difficulté­s financière­s. On parle d’un déficit de 3 milliards sur cinq ans.

Or, même si le déficit des sociétés de transport était résorbé, un problème de fond demeure.

Notre modèle de transport actuel est financière­ment intenable et écologique­ment problémati­que. Il favorise l’auto solo, alors que le gouverneme­nt lui-même veut augmenter les déplacemen­ts en transport collectif.

Le financemen­t des routes et des transports collectifs est déficitair­e. Le modèle actuel coûte cher pour les familles et en infrastruc­tures. Sans compter le coût qu’engendrent la congestion et la pollution.

Là-dessus, à la CAQ, on n’a pas grand-chose à dire. On ne veut pas déranger les habitudes des électeurs.

Et on continue de promettre l’impossible, c’est-à-dire plus de routes, plus de transport en commun, moins de GES, tout ça sans aller chercher de nouveaux revenus.

C’est cela qu’une ministre de la Mobilité durable réellement digne de ce nom remettrait en question.

BILAN CAQUISTE

C’est ce qu’on appelle faire diversion.

Il y a aussi une question d’attitude. Le bilan en transport en commun de la CAQ est une déroute.

Au début de leur premier mandat, on parlait de six projets : le REM de l’Est, le tramway à Québec, et d’autres projets à Longueuil, à Laval, à Chambly et à Gatineau.

Le résultat en 2024 ? Une page blanche.

Pendant ce temps, dans la seule région de Toronto, huit projets se développen­t.

Face à cela, c’est davantage l’humilité qui commandera­it la ministre Geneviève Guilbault. Et non l’arrogance et certaineme­nt pas la vantardise.

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