Le Journal de Montreal

Le Bloc redevient plus nécessaire que jamais

- joseph.facal@quebecorme­dia.com

Chaque fois qu’on pense que la décence va retenir Justin Trudeau, on se trompe et il va encore plus loin.

D’où la récente ronde de milliards dépensés et d’intrusions dans des domaines qui ne sont pas ceux d’Ottawa.

D’où un clientélis­me électoral à ce point éhonté qu’il va jusqu’à introduire les préceptes islamiques dans l’octroi de prêts hypothécai­res.

POUVOIR

Forcément, on peut comprendre que nombre d’électeurs espèrent que

Pierre Poilievre les débarrasse­ra de Justin Trudeau.

Et forcément, cela ramènera la sempiterne­lle question de l’utilité du Bloc.

Je m’en tiendrai à trois points seulement.

Le premier en est de simple mathématiq­ue électorale.

Le système politique canadien ne donne pas le pouvoir au parti qui a le plus de votes, mais au parti qui fait élire le plus de candidats.

Si vous voulez absolument vous débarrasse­r de Trudeau, il faut donc battre un maximum de candidats libéraux.

Or, dans la plupart des circonscri­ptions où le député en place est libéral, le mieux placé pour le battre est le candidat du Bloc.

Ensuite, hormis l’économie et le pouvoir d’achat, l’immigratio­n, le financemen­t de la santé, la langue française et la laïcité sont des enjeux majeurs pour le Québec.

En quoi Poilievre a-t-il des positions différente­s de Trudeau sur ces questions ? Bruits de criquets dans la nuit chaude.

M. Poilievre viendra au Québec, se fera prendre en photo, lâchera quelques blagues, montrera qu’il parle mieux français que Trudeau. Et ce sera tout.

Il sait qu’il n’a pas besoin de beaucoup de sièges au Québec pour prendre le pouvoir, alors pourquoi aurait-il pour lui des attentions particuliè­res qui pourraient lui coûter des votes ailleurs au Canada ?

Mon troisième point est plus subtil. Je ne doute pas qu’un homme ou une femme du Québec qui devient député libéral, conservate­ur ou néo-démocrate aime son Québec.

Dès que les intérêts du Canada et les intérêts du Québec s’opposent, un député fédéral libéral, conservate­ur ou néo-démocrate choisit ceux du Canada. Sinon, il doit démissionn­er. Pas ceux du Bloc.

Je ne doute pas qu’il se lance en politique animé du désir de bien faire.

Mais il fera partie d’un caucus pancanadie­n et devra suivre la ligne de son parti. Sinon, il sera forcé de démissionn­er.

Tant que les intérêts du Canada et les intérêts du Québec iront dans la même direction, il n’y aura pas de problème.

Mais quand ils ne convergero­nt pas, quand ils s’opposeront, et que ce député du Québec devra prendre position, il fera passer les intérêts du Canada avant ceux du Québec.

Pourquoi ? Parce que s’il ne veut pas démissionn­er, il devra se plier à la ligne de parti, établie par une majorité de députés canadiens de l’extérieur du Québec.

Voyez par exemple les amusantes ondulation­s d’Alexandre Boulerice du NPD.

LIBRES

Les députés du Bloc, eux, ne parlent que pour nous et ne votent que pour nous.

Certes, le Bloc fut créé à l’origine pour aider le Québec à devenir souverain.

Or, justement, cette idée revient dans la conversati­on publique, tout simplement parce qu’elle est l’unique solution non essayée à un problème qui ne partira pas de lui-même.

Le Bloc redevient une carte maîtresse dans le jeu québécois.

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