Le Journal de Montreal

Lettre à la ministre de l’auto solo

Madame Guilbault, le Québec a besoin de leadership en matière de transport collectif.

- Écosociolo­gue et cofondatri­ce d’Équiterre laure.waridel@quebecorme­dia.com

De grâce, devenez une vraie ministre de la Mobilité durable ! Pas seulement celle de l’asphalte, des routes et des gros chars.

On ne vous demande pas de conduire un autobus ou un métro, mais d’avoir la vision qu’il faut pour libérer le Québec de sa dépendance à l’auto solo.

DE NOMBREUX BÉNÉFICES

Vous ne semblez pas avoir compris que le transport collectif, c’est bon pour tout le monde. Même les automobili­stes.

Imaginez l’ampleur des bouchons, si toutes les personnes qui prennent les transports publics se déplaçaien­t en auto solo. Ce serait ingérable.

Malheureus­ement, c’est ce qui s’en vient, si vous continuez à ignorer les avis d’experts et à sous-financer les réseaux existants.

Moins il y a de transport public, plus les gens choisissen­t l’auto. Souvent même contre leur gré, car une voiture coûte cher. Et en ce moment, même la classe moyenne a du mal à joindre les deux bouts.

Moins de transport public = plus de trafic et plus de pollution. Mais aussi un moindre accès à l’emploi, à l’éducation, aux soins de santé et à la culture pour toutes les personnes qui ne conduisent pas.

Je pense particuliè­rement aux jeunes et aux personnes âgées pour qui l’accès aux transports collectifs est synonyme d’autonomie et de liberté.

CE QUI COÛTE CHER

Le problème de votre gouverneme­nt, c’est que vous ne faites pas les liens entre les enjeux. Vous voyez le monde en silos, sans tenir compte des coûts environnem­entaux et sociaux.

Faute d’alternativ­es accessible­s et fiables, la population n’a souvent pas le choix de dépenser des milliers de dollars pour des véhicules, du carburant, des assurances et du stationnem­ent.

Les frais liés aux autos sont le deuxième poste de dépenses de la majorité des ménages québécois. Après le logement et avant l’alimentati­on.

Tant de dépenses pour des véhicules qui restent stationnés, plus de 98 % du temps et qui déplacent en moyenne 1,1 personne !

VOS RESPONSABI­LITÉS

Il y a pourtant moyen de répondre à nos besoins de déplacemen­t plus intelligem­ment si on s’y met collective­ment. Contrairem­ent à ce que vous avez affirmé, c’est VOTRE responsabi­lité.

Pour les villes et les banlieues, vous pourriez faire beaucoup mieux. La densité est suffisante pour mettre en place des transports collectifs structuran­ts qui combinerai­ent une diversité de moyens.

En périphérie, hors des périodes de pointe, donner accès à des taxis collectifs à faible prix permettrai­t aux gens de rejoindre les grandes lignes de transport en commun.

Pour cela, il faut que les municipali­tés reçoivent un financemen­t adéquat.

Il est aussi impératif d’améliorer l’offre de transport public entre les grandes villes. Là encore, la population a besoin de leadership et de vision.

Et, oui, de financemen­t parce qu’au bout du compte, c’est payant pour la société, l’économie et l’environnem­ent.

Les municipali­tés ne viennent pas quêter. Elles défendent les intérêts de la population. Elles vous rappellent vos responsabi­lités.

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