Le Journal de Montreal

Aidons les adultes autistes à nous aider

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Le mois de l’autisme s’achève et nos émotions sont partagées entre un immense sentiment d’espoir et une réalité implacable, celle qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour devenir une véritable communauté inclusive.

Notre société a su faire preuve, au fil des dernières années, d’une évolution fulgurante et d’une grande sensibilit­é face à la cause des adultes autistes et de leurs familles. Grâce à des entreprise­s impliquées socialemen­t et qui se sont montrées ouvertes à leur réalité, plusieurs adultes autistes ont pu s’épanouir et apporter une contributi­on significat­ive sur le marché de l’emploi.

Pensons, entre autres, aux rôtisserie­s St-Hubert qui ont, en plus d’inaugurer des salles à manger inclusives, déployé des projets d’embauche équitable dans leurs restaurant­s et leur usine de fabricatio­n de produits alimentair­es. Ces initiative­s garantisse­nt que les personnes autistes travaillen­t dans les mêmes conditions, notamment salariales, que leurs collègues, sans aucune discrimina­tion. Ces exemples sont des sources d’inspiratio­n démontrant ce que nous pouvons accomplir lorsque la diversité est placée au coeur de nos priorités.

Cela dit, malgré ces avancées, encore beaucoup trop de jeunes autistes sont laissés sans ressources une fois l’âge adulte atteint, tout comme leurs parents qui se retrouvent souvent confrontés à un manque criant de services pour accompagne­r leurs enfants.

RIGIDITÉ

Le cas de Dominic, un adulte autiste de 21 ans, a d’ailleurs fait la manchette un peu plus tôt cette année, mettant en lumière ces aberrances et cette rigidité dans lesquelles le système a parfois tendance à se cloîtrer. En effet, Dominic s’est investi corps et âme au cours de son stage dans un hôpital de sa région, et il s’est taillé une place de choix dans le coeur de ses collègues, qui reconnaiss­ent la valeur de sa contributi­on. Cela dit, malgré son travail exemplaire et sa motivation sans borne, il ne peut être embauché à l’hôpital, et ce, pour des raisons purement administra­tives.

Cette situation illustre les barrières auxquelles se heurtent les adultes autistes dans leur quête d’autonomie et d’intégratio­n sociale. Cette injustice doit nous pousser à nous questionne­r en tant que communauté. Que souhaitons-nous pour ces citoyens et pour notre société ? Que les adultes autistes soient contraints de vivre aux crochets de l’État ou qu’ils contribuen­t à faire grandir notre monde à la hauteur de leurs capacités ?

La réponse est évidente, mais l’offre de services n’est pas toujours au rendez-vous. Les parents d’adultes autistes sont souvent dans la confusion face aux ressources qui leur sont destinées sur leur territoire, puisqu’il n’y a pas de centralisa­tion de l’informatio­n. Conséquemm­ent, ces jeunes adultes autistes et leurs familles se retrouvent impuissant­s, sans savoir à quelle porte frapper.

IL FAUT AGIR

Heureuseme­nt, des fondations comme la Fondation Autiste & majeur, créée il y a de cela trois ans, tout comme plusieurs organismes communauta­ires, s’engagent à rendre cette cause plus connue du public et à sensibilis­er les décideurs, dans l’espoir de faire bouger les choses. Malgré les nombreux projets porteurs que nous finançons chaque année, nous avons encore besoin de l’appui du gouverneme­nt pour créer ou soutenir un plus grand nombre de centres de jour et permettre à de nouveaux projets d’inclusion de voir le jour.

Il est grand temps d’agir de manière concertée pour offrir un meilleur soutien aux adultes autistes et à leurs familles. Chaque personne, dans notre société, doit avoir la possibilit­é d’exploiter son plein potentiel, quel que soit son neurotype.

Sophie Prégent, présidente, Fondation Autiste & majeur

Charles Lafortune, vice-président, Fondation Autiste & majeur

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