Ottawa injecte 60 M$ dans un projet d’IBM à Bromont
Un total de près de 100 M$ d’aides publiques pour la fabrication de micropuces
À peine 24 heures après une subvention de 8,3 milliards $ du président Joe Biden au fabricant de puces Micron, son homologue canadien Justin Trudeau a annoncé à son tour une aide de près de 60 M$ à IBM et au Centre de Collaboration MiQro Innovation (C2MI), à Bromont, hier.
L’argent public servira à un projet de près de 227 millions $ de technologies quantiques, ce qui devrait créer 280 emplois, selon Ottawa. De son côté, Québec mettra près de 39 millions $ dans le projet (un prêt de 32 M$ et un de 6,9 M$).
Au total, les deux gouvernements investiront près de 100 M$ dans les micropuces, qui entrent dans la fabrication de véhicules, de produits électroniques et de matériel médical.
LEGAULT ABSENT
Après les 90 M$ au Centre canadien de fabrication de dispositifs photoniques, les 36 M$ à Ranovus pour la fabrication de semi-conducteurs et le défi Approvisionnement en semi-conducteurs de 150 M$, ces nouveaux millions visent à positionner le pays.
Quand Le Journal a demandé à Justin Trudeau pourquoi le premier ministre du Québec, François Legault, était absent, il a laissé le micro au ministre québécois de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, qui a évoqué « un conflit d’agenda ».
« Il est très bien représenté et son argent est très bien représenté aussi », a ajouté Justin Trudeau, en suscitant les rires de la salle.
MENACE CHINOISE
Justin Trudeau a rappelé que la Chine avait déjà arrêté deux Canadiens « à des fins politiques » et que la Russie a utilisé son énergie et ses minéraux « comme arme de guerre quand ils ont envahi l’Ukraine » pour illustrer l’importance d’avoir une bonne capacité de production dans des secteurs sensibles de l’économie.
« Chez nos alliés, il y a de plus en plus de préoccupations d’avoir des partenaires fiables pour la transformation économique et technologique », a-t-il expliqué.
« Ces investissements ne sont pas juste pour avoir plus de jobs ici, mais pour créer des chaînes de production et d’approvisionnement fiables », a-t-il ajouté.
Ces derniers jours, Joe Biden n’a pas manqué de rappeler que durant la pandémie, les pénuries de semi-conducteurs étaient devenues la cause du tiers de l’inflation, d’où l’importance de prendre le taureau par les cornes aujourd’hui.
Dans son « Chips Act », Biden prévoit d’injecter 55 milliards $ pour rapatrier la fabrication de puces chez lui pour s’affranchir de la Chine.
USINES STRATÉGIQUES
Début février, le Wall Street Journal rapportait que Sam Altman, le numéro 1 d’OpenAI, voulait lui aussi miser ses oeufs dans les semi-conducteurs. Joe Biden a en outre offert récemment une subvention de 2 milliards $ à GlobalFoundries.
L’importance des semi-conducteurs ne date pas d’hier. L’an dernier, alors que Joe Biden misait des milliards de dollars dans les semi-conducteurs, Justin Trudeau avait vanté Bromont et ses usines d’IBM et de Teledyne DALSA.
Il y a deux ans, Le Journal avait visité l’usine de microprocesseurs de 1,2 milliard $ du géant américain IBM de Bromont pour aller à la rencontre de ses 1000 employés, qui font chaque semaine 100 000 modules à l’abri des regards.