Trompez la vigilance de la truite grise
Le touladi sort de sa torpeur hivernale et il ne demande pas mieux que d’engouffrer les offrandes qui évolueront à proximité de son gardemanger printanier.
À moins qu’ils ne se nourrissent principalement de ciscos qui cohabitent la plupart du temps dans les profondeurs de quelques lacs au sud du Québec, la majorité de ces prédateurs délaisseront les abysses pour aller faire un tour au plus gros buffet de l’année, situé à la gueule des affluents. À ce temps-ci, de nombreuses bibittes microscopiques, vers, insectes, etc., sont entraînées dans les flots des rivières et des ruisseaux, ce qui ne manquera pas d’attirer tous les paliers de la chaîne alimentaire. Ajoutez à cela que certaines espèces de petits poissons, comme l’éperlan, viennent s’y reproduire. Les grises vont alors les attendre à la jonction du lac et le long des escarpements primaires. Dans certains cas, elles remonteront même dans l’affluent pour aller se gaver.
IMITER POUR DÉJOUER
Vous aurez compris que si on peut reproduire visuellement les diverses sources de nourriture qui les intéressent, on aura de bonnes chances de les intercepter.
Une des techniques qui fonctionnent bien consiste à pêcher à la traîne avec des cuillères métalliques qui donneront l’illusion qu’il s’agit d’un poisson-fourrage facile à saisir au passage. On se servira d’un superfil de 15 ou 20 lb/test avec un bas de ligne invisible en fluorocarbone de 10 lb de résistance, d’une longueur de 90 cm ou plus. On nouera évidemment un émerillon de qualité pour éviter les rotations et les vrilles. Des offrandes de couleur bleu électrique ou Moon Jelly, telles que la Williams Wabler W50 ou W60 ou, ma préférée, la Dartee D2 ou D3, attireront inévitablement l’attention des prédateurs, tout comme la HQ35 de 3,25 po, de la teinte qui se nomme « trou noir ».
Au lancer, vous devrez vous positionner non loin de l’affluent et catapulter vos leurres en éventail, disons aux positions imagées de 8 h à 4 h. Optez pour des cuillères lourdes, comme le Bully de Williams de 2 5/8” pesant 9/10 once, ou pour les lames vibrantes Heddon Sonar de 2 3/8 po et ½ on ou pour la Gay Blade C38 de 2 po dont le poids est de 3/8 on. Faites virevolter votre Bully ou vibrer les deux autres tout le long de leurs courses en prenant soin de les faire nager près des escarpements.
À LA DANDINETTE
Le Sassy Shad, le Ripple Shad, le Yum Scottsboro Swimbait de 4,5 po et le Mister Twister 6 po Twister blanc auront une action incroyable lorsqu’ils seront montés sur une tête plombée de ¼ à ½ on. Leur queue surdimensionnée ou allongée s’animera et créera tout un émoi lorsque vous les récupérerez soit par douces saccades, soit sur un axe linéaire droit en inculquant de légères motions vibratoires. Une canne moyenne rigide avec un copolymère de 10 lb ou un superfil de 10 ou 15 lb avec bas de ligne en fluo de 8 lb seront tout indiqués pour cette approche.
AVEC PRÉCISION
La pêche à la traîne, avec une soie à moucher, un bas de ligne et un streamer qui imite un petit poisson, a fait ses preuves depuis fort longtemps. Des modèles comme le Black Nose Dace, le Pink Lady, le Shiner, le Silver Doctor, le Magog Smelt, le Royal Coachman, le Muddler Minnow, le Gray Ghost, le Mickey Finn généreront assurément de belles attaques. Souvenez-vous qu’il est aussi possible de les exploiter avec un monofilament alourdi avec des plombs pincés, avec un fil monel ou avec un downrigger. Toutefois, c’est avec une soie à moucher que c’est le plus performant, car ce type de fil suit toutes les sinuosités de l’embarcation, vous permettant ainsi de ne pas couper les coins ronds et de passer au coeur de l’action.
Bonne ouverture !