Le Journal de Quebec - CASA

Des vins sans soufre à la SAQ

Il y en a plusieurs qui souffrent du soufre. Des sulfites, si vous préférez. L’arrivée de deux vins sans soufre et sans additif chimique va les réjouir. Une première à la SAQ.

- CLAUDE LANGLOIS Collaborat­ion spéciale claude.langlois@quebecorme­dia.com

D’autant plus que ce sont là deux vins intéressan­ts. Ils sont sur le marché depuis jeudi de cette semaine.

C’est le Naturae Syrah 2013, Pays d'oc, Gérard Bertrand (18,95 $) un vin que j’ai eu l’occasion de goûter à quelques reprises, ces dernières années, et chaque fois j’ai été renversé par sa précision et sa netteté.

Parfaiteme­nt typé syrah, c’est un vin qui est frais, croquant, impeccable.

Quant au Naturae Chardonnay 2013, Pays d'oc (18,95 $) il est moins spectacula­ire que la syrah, mais vaut quand même le détour (joli fruit, frais, agréable).

Je les ai goûtés à quelques reprises, disais-je, car il a fallu du temps à Gérard Bertrand avant de les introduire au Québec.

C’est que la SAQ a évidemment des exigences en matière de stabilité des vins et le soufre est l’un des éléments qui contribuen­t à cette stabilité.

RÉPUTATION

Or les vins sans soufre traînaient avec eux (et traînent toujours, dans une bonne mesure) la réputation d’être fragiles et de s’oxyder rapidement.

Comme la SAQ craint les retours de bouteilles, les vins sans soufre n’y étaient tout simplement pas commercial­isés ; ils n’étaient offerts qu’en importatio­n privée.

L’arrivée en succursale de ces deux produits n’est pas pour autant le signe que le monopole ouvre du coup la porte à tous les vins sans soufre, expliquait cette semaine Linda Bouchard, des relations publiques de la SAQ.

«On veut d’abord s’assurer de la stabilité du produit».

Ce qui avait été fait avec les vins de Gérard Bertrand. Car il y a deux ans, celui-ci avait laissé des échantillo­ns de ces vins à la SAQ afin qu’elle puisse juger justement de leur tenue et de leur évolution.

C’est à ce moment-là que j’avais goûté pour la première fois cette syrah qui m’avait décoiffé par sa fraîcheur et sa typicité.

Et puis j’ai regoûté ces vins l’an dernier, lors d’une visite à la propriété, dans le Languedoc, et puis encore récemment, alors que Gérard Bertrand était à Montréal afin de lancer officielle­ment ces deux produits.

Nous avons goûté à cette occasion trois millésimes de chacun de ces deux vins. En ce qui concerne la syrah, on peut dire qu’elle tient superbemen­t la route.

Le chardonnay évolue plus rapidement, développan­t éventuelle­ment des notes de miel et de fleurs fanées.

SECRET

Jusqu’à maintenant, ils ne sont pas si nombreux à élaborer des vins sans soufre qui sont capables de supporter l’exportatio­n et de tenir dans le temps.

Or, Gérard Bertrand vend sa gamme de vins Naturae dans dix-sept pays. Et la production est passée de 10 000 bouteilles en 2010 à 800 000 bouteilles aujourd’hui.

Quel est son secret ? C’est un secret, justement, et il se garde bien de le révéler. Il se contente de dire que c’est un projet sur lequel une équipe de cinq personnes a planché quelques années avant que ne soit mise au point la technique.

Une technique qui aura eu des effets sur l’ensemble de la production du domaine puisque, expliquait Gérard Bertrand, elle a permis de réduire de 50 % la quantité de soufre utilisée sur l’ensemble des autres vins.

Autre bon vin produit par Gérard Bertrand, qui ne fait pas partie de sa gamme Naturae mais qui est quand même produit dans une logique de culture raisonnée :

Hedo 2011 (21,95 $): Hedo pour hédonisme; assemblage de syrah, cabernet sauvignon, merlot, grenache et alicante. Très belle bouche nette et digeste; le vin a du grain, la texture est soyeuse et l’ensemble est frais et élégant. 20 % du vin a été élevé en barriques neuves et 25 % en cuve.

HENRY MARIONNET

Henry Marionnet, l’un des meilleurs vignerons de France, comme s’entendent volontiers pour le dire ses pairs, produit aussi une version sans soufre de son fameux Gamay du Domaine de la Charmoise (appelé Première Vendange).

Lui aussi était de passage à Montréal, ces jours-ci, et ce vin, fort réussi au demeurant dans le millésime 2012, sera éventuelle­ment présenté à la SAQ.

Tout comme aussi son très beau sauvignon 2013, un sauvignon qui se démarque nettement du lot de ces sauvignons interchang­eables et sans autre personnali­té que leur caractère variétal, qui encombrent inutilemen­t, quant à moi, les tablettes de la SAQ.

En attendant de le retrouver un jour à la SAQ (car il y a déjà été vendu), on achète son incontourn­able Gamay Domaine de la Charmoise dont on trouve présenteme­nt le millésime 2013.

Un vin de grand plaisir, digeste, élancé, d’une pureté d’expression exemplaire.

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