Le Journal de Quebec - Évasion
Carburer à l’aventure
Elle le dit à qui veut bien l’entendre : Sophie Bourgeois, que l’on peut voir dans le téléroman L’Échappée à TVA, est une véritable mordue de voyage. Cette soif de voir le monde lui est venue à l’âge de 16 ans, lors de vacances avec sa mère dans un hôtel tout compris au Venezuela. « Au lieu de me la couler douce au bord de la piscine, j’ai préféré partir en excursion toute seule. Je me suis rendu compte que j’étais débrouillarde et que j’entrais facilement en contact avec les gens. Un séjour marquant, qui m’a donné le goût d’aller à la rencontre d’autres cultures », dit-elle. Depuis, que ce soit seule, en couple ou avec ses deux enfants, elle a voyagé autour du monde. Cette passionnée de sports nautiques a même survécu à un naufrage dans l’Atlantique ! Voici quelques-unes de ses destinations coups de coeur.
Vous avez beaucoup voyagé seule à une certaine période de votre vie, semble-t-il ?
Tout à fait, et ce furent des expériences fort enrichissantes. Le fait de me débrouiller seule partout dans le monde m’a permis d’acquérir beaucoup d’assurance et de confiance en moi. À cette époque, dans la vingtaine et la trentaine, cette façon de voyager me convenait parfaitement. Aujourd’hui, je suis beaucoup moins friande de voyages en solitaire. Je préfère partager mes découvertes avec quelqu’un. Avec le temps, je suis peut-être devenue plus sauvage et plus méfiante.
Recommanderiez-vous de découvrir le monde en solitaire ?
À mon avis, voyager en solo est la plus belle école de la vie ! S’ouvrir au monde et être en contact avec d’autres peuples est très formateur, et on en retire de grands enseignements. Assurément, notre perception du monde change, et on n’écoute plus les nouvelles de la même façon. En plus, voyager permet d’amasser de précieux souvenirs impérissables. Quant aux femmes qui voyagent seules, elles doivent le faire avec beaucoup de prudence. Dans ma vie, je me suis parfois mise en situation de danger, comme cette fois où je me suis retrouvée seule sur une plage d’une île musulmane en Indonésie avec un homme… J’ai été téméraire et j’ai joué avec le feu, un conseil que je ne recommande à personne.
Quels conseils avez-vous pour celles qui voyagent seules ?
De s’informer des coutumes d’un pays, d’écouter leur instinct et leur voix intérieure, se fier à leur intuition et savoir déguerpir au moment opportun devant une situation qui pourrait s’avérer dangereuse. Il faut aussi s’entourer des bonnes personnes. Quand on voyage, on ne reste jamais très longtemps seule. Des gens se greffent à nous en chemin, et bien que je sois d’avis que le monde est majoritairement bon, il y a toujours des exceptions, et il faut faire attention. D’autre part, voyager seule en tant que femme est plus simple aujourd’hui, et il y a un tas de ressources qui existent pour leur faciliter la vie en voyage. Le livre Elles ont conquis le monde en solo, publié aux Éditions de l’Homme, dans lequel je raconte mon voyage en solitaire en Indonésie, offre toutes sortes de conseils judicieux pour les voyageuses solitaires.
Vous avez visité une cinquantaine de destinations, parlez-nous de votre coup de coeur pour la Thaïlande ?
À l’époque, il y a 20 ans, j’ai tellement aimé mon séjour que j’y suis retournée à trois reprises. C’est très facile d’y voyager en tant que femme seule, car le pays est bouddhiste. De plus, leur système de transport en autobus est plutôt bien organisé. La nourriture est excellente et les Thaïlandais sont d’une extrême gentillesse. Je suis sportive, et je choisis souvent une destination en rapport avec les sports que l’on peut y pratiquer, et ce pays en offre une grande variété !
Que peut-on faire en Thaïlande ?
On peut y faire de belles randonnées en montagne, de la plongée à tout casser et aussi de la voile. Bien qu’immense, Bangkok est une ville que j’adore, et où je me suis toujours sentie en sécurité. En plus, à plusieurs endroits, on parle anglais, ce qui facilite la communication ! Mon grand coup de coeur fut la plongée que j’ai faite à Similian Island, la plus belle de toute ma vie ! D’autre part, pour les mêmes raisons que pour la Thaïlande, j’ai beaucoup aimé Bali, en particulier Gili Island et ses paysages extraordinaires.
Vous êtes une passionnée de voile, et vous avez déjà vécu une aventure qui aurait pu vous coûter la vie ?
En 1999, j’ai fait naufrage dans l’Atlantique, pas très loin de l’endroit où a coulé le Titanic ! Nous étions partis de Newport au Vermont en direction des Açores. Nous voulions ensuite nous diriger vers le Sénégal, le Cap-Vert et le Brésil. Mais peu après notre départ, le moteur s’est brisé et le capitaine a pris de mauvaises décisions en se dirigeant un peu trop au nord, en plein dans une tempête. La quille du bateau a frappé un banc de sable et s’est arrachée [à l’île de Sable dans la région de Terre Neuve], provoquant ainsi notre naufrage en plein milieu de l’Atlantique. Fort heureusement, nous avons été rescapés par la garde côtière après avoir passé près de huit heures dans un bateau de survie gonflable, attaché à notre voilier. Ce fut toute une expérience, et aujourd’hui, quand je pratique le kite surf, je me rends compte que je suis un peu plus craintive qu’avant, face à la puissance du vent et de l’océan !
Parlant de kite surf, vous aimez beaucoup pratiquer ce sport aux Îles de la Madeleine ?
Tout à fait, il y a toujours du vent là-bas, alors ça me convient parfaitement. Autrement, j’adore aussi la région, parce qu’on peut y manger du bon homard en quantité industrielle, qu’on y vend toutes sortes de produits raffinés et que les Madelinots sont très accueillants. Sur place, il faut à tout prix visiter en kayak les grottes et les tunnels dans cette mer d’un bleu extraordinaire, à proximité du camping au parc de Gros-Cap. Une expérience inoubliable ! On se fait aussi plaisir en allant voir un spectacle Au Vieux Treuil, une toute petite salle nichée dans un cadre enchanteur.
Parlez-nous de Tofino, en Colombie-Britannique.
J’ai eu un grand coup de coeur pour Tofino. C’est à l’autre bout du monde, et pour s’y rendre, il faut d’abord prendre un ferry, jusqu’à l’île de Vancouver. On emprunte ensuite la Pacific Rim Highway, une route scénique, pour enfin arriver à ce petit village de la côte ouest de l’île de Vancouver. En chemin, on découvre une forêt de cèdres rouges mesurant près de 9 m de circonférence et dont certains ont plus de 800 ans, nous rappelant les forêts de séquoias de la Californie !
Et comment décririez-vous Tofino ?
J’ai aimé l’atmosphère décontractée et sans prétention de ce village peuplé de surfeurs, de sportifs et d’amoureux de la nature. À Tofino, tout le monde a l’air en santé. De plus, les restaurants offrent une nourriture de grande qualité. C’est un endroit réputé pour son surf, ses plages extraordinaires, ses randonnées pédestres et à vélo, on peut même s’adonner à l’observation des ours noirs et des baleines.
Un pays vous a-t-il déjà déçu ?
Les Philippines… Le pays est réputé pour sa plongée, mais quand j’y étais, il y avait un courant froid, et la visibilité était mauvaise, alors j’ai évidemment été déçue. Mais il y a plus encore… la nourriture n’était pas très bonne, le haut taux de prostitution m’a déchiré le coeur, et je n’ai pas trouvé qu’il y avait beaucoup de culture dans ce pays, si on le compare au Vietnam ou à l’Indonésie. Somme toute, un pays qui ne m’a pas du tout charmée…