Le Journal de Quebec - Maison Extra
Restaurer une maison ancestrale
Rénover une maison centenaire n’est pas une mince affaire : pour respecter ce style unique, il faut de l’expérience et du savoir-faire !
Au Québec, ces antiques maisons sont surtout situées le long du fleuve Saint-laurent et dans la région des Grands Lacs, allant jusqu’en Louisiane. « Il y en a partout où le territoire de la Nouvelle-france s’étendait », signale Sébastien Bourcier, propriétaire de l’entreprise Maisons traditionnelles des Patriotes.
Un bon indice qui nous révèle que nous sommes devant une maison ancestrale est la toiture avec son angle de 45 degrés, souvent représentative de cette époque. Il y a aussi les courbes arrondies dans le bas du toit, qui sont typiquement québécoises, ainsi que le revêtement de pierre ou de bois. Ajoutez la symétrie parfaite des fenêtres avec la porte et vous obtenez cette touche si particulière à notre architecture emblématique !
Classée « patrimoniale »
Vous aurez évidemment besoin d’un permis avant d’entreprendre les travaux et si votre maison est classée « patrimoniale », vous devrez ajouter des restrictions provenant des différents paliers gouvernementaux, provincial ou fédéral. Ces propriétés protégées sont résidentielles et d’autres non, comme les églises ou les bâtiments commerciaux.
Les restrictions concernent, par exemple, les méthodes de construction. Pour certaines tâches, on privilégie le travail à la main : « C’est important d’utiliser le bon outil pour recréer le même look de l’époque », soutient M. Bourcier.
Même si la maison n’est pas classée patrimoniale, on veut en général conserver le même look ancien en intégrant parfois des éléments plus modernes comme le gypse.
Si vous faites des travaux d’envergure, il serait pertinent de faire inspecter la résidence. La charpente est-elle encore saine ou le plancher doit-il être refait ? L’inspection vous aidera à identifier les problématiques pour mieux les corriger par la suite.
Fondation et toiture
Il est préférable de commencer les travaux par la fondation qui constitue la base de la maison. Avec le temps, il se peut que vous voyiez apparaître un « ventre de boeuf » : il s’agit d’un gonflement dans le solage causé par un problème de maçonnerie. Vous devrez défaire la fondation et la refaire. S’il y a juste une fissure ou une « craque », vous pouvez faire des injections sous pression avec du ciment liquide. En comblant ainsi toutes les aspérités qui ont pu se créer, vous obtiendrez un bloc monolithique parfaitement droit.
Ensuite, on monte un peu plus haut pour s’assurer de l’étanchéité du toit. La toiture a souvent été rénovée au fil des ans, mais il faut vérifier qu’elle est encore bien construite pour éviter les éventuelles infiltrations d’air ou d’eau.
La pierre séculaire
On finit le travail au « milieu » par le revêtement des murs, par exemple. Il y a souvent des façades extérieures en pierre, mais à l’intérieur aussi, il n’est pas rare de voir des murs en pierre d’origine. Ce matériau est plus difficile à travailler que le bois. « Il ne doit pas y avoir pas d’ouverture ni d’entrée d’eau. Il faut avoir le bon mortier, la pierre doit être bien lavée et toutes les aspérités bien remplies », précise M. Bourcier.
Pour retrouver le style antique, le plancher est souvent en pin jaune avec de gros madriers de 2 ou 3 pouces d’épaisseur. On retrouve également du bois sur les murs, mais certains préfèrent mélanger le gypse avec la charpente apparente. Si c’est la pierre qui domine, on ajoute des planches de bois embouvetées et peintes. Durant la période de la Nouvelle-france, le plafond du rez-de-chaussée était relativement bas afin de conserver la chaleur. Dans une restauration de maison, la hauteur est en général rehaussée d’un pied environ, offrant ainsi des pièces un peu plus spacieuses.
Défis
Remettre à neuf ce genre de maison procure son lot de défis, concernant notamment l’électricité ou la plomberie. Les tuyaux d’origine étaient souvent en fonte : le but est de les enlever pour les remplacer par du matériel plus actuel, en plastique ou en cuivre. Il faut être capable de faire passer le filage ou la tuyauterie sans rien laisser paraître ou sans détruire tous les murs qui sont encore en bon état ! « On a développé des trucs. On fait des moulures plus épaisses, des choses qui aident à dissimuler le tout de façon plus subtile », explique M. Bourcier.
Les coûts pour une maison à l’abandon, qui a besoin d’être complètement rénovée, peuvent se situer entre 150 000 $ et 200 000 $ environ, selon son état et le choix des matériaux. Mais une fois restaurées, ces habitations pleines de richesse historique s’apparentent à des oeuvres d’art !