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Courtage immobilier et hypothécai­re : des lois et des règles qui vous protègent

- Christine PARÉ Collaborat­ion spéciale

Acheter une propriété et contracter un prêt hypothécai­re figurent parmi les décisions les plus importante­s que nous prenons au cours de notre vie.

Compte tenu des sommes qu’elles mettent en jeu, plusieurs d’entre nous préfèrent s’en remettre à des profession­nels, comme le courtier hypothécai­re et le courtier immobilier. Une bonne façon de se protéger, puisque la pratique de ces profession­nels est rigoureuse­ment encadrée par la Loi sur le courtage immobilier.

Une loi spécifique

Au Québec, la Loi sur le courtage immobilier encadre toutes les transactio­ns immobilièr­es — achat, vente, location et financemen­t — réalisées avec l’aide d’un courtier immobilier ou hypothécai­re. Depuis mai 2010, c’est L’OACIQ qui est responsabl­e de son applicatio­n. Que prévoit cette loi ? Plusieurs dispositio­ns qui obligent les profession­nels à suivre des règles précises dans le cadre de leur pratique.

Une transactio­n immobilièr­e, c’est, pour bien des personnes, le rêve d’une vie qui se concrétise. C’est pourquoi M me Nadine Lindsay, présidente et chef de la direction de l’organisme d’autoréglem­entation du courtage immobilier ( OACIQ), estime que le public doit être bien informé de ses droits et de ses recours en cas de problème. « Il est fondamenta­l que le public sache quand et comment la Loi sur le courtage immobilier les protège. »

Dans son site web, L’OACIQ est clair : le courtier doit promouvoir les intérêts et protéger les droits de son client. Il doit également « prendre les moyens pour vous informer adéquateme­nt sur l’ensemble des faits pertinents à la transactio­n ». En d’autres mots, il est tenu de faire toutes les vérificati­ons nécessaire­s pour s’assurer que vous avez en main toute l’informatio­n pour prendre une décision éclairée. À titre d’exemple, L’OACIQ mentionne qu’il « doit effectuer les vérificati­ons d’usage, notamment le montant des taxes municipale­s et scolaires, ainsi que toutes les autres données contenues à la fiche descriptiv­e de l’immeuble (année de constructi­on, dimensions et superficie du terrain, etc.) ». Idem pour le courtier hypothécai­re, qui doit vérifier que l’informatio­n inscrite sur la demande de prêt est fidèle à la réalité, notamment en ce qui à votre situation financière.

Il a également un devoir de divulgatio­n, c’est-à-dire que s’il découvre des faits susceptibl­es de diminuer la valeur d’une propriété, d’entraîner des problèmes à la suite de la transactio­n ou encore de modifier le cours de la transactio­n, il doit non seulement en informer son client, mais il doit le divulguer à toutes les parties. En d’autres mots, il veille non seulement à protéger son client, mais aussi à instaurer un climat de confiance et une base de négociatio­n qui soit juste et neutre.

La formation de base et la formation continue

Il faut savoir que les profession­nels du courtage doivent détenir un permis pour pouvoir pratiquer. Pour obtenir ce permis, ils doivent suivre une formation de base, qui compte en moyenne 515 heures. Ils doivent aussi réussir un examen d’entrée qui dure environ 6 h, dans le cas de l’examen en courtage immobilier résidentie­l qui est conçu par L’OACIQ.

En effet, une fois leur permis en poche, les courtiers doivent suivre un programme de formation continue afin de maintenir leurs connaissan­ces et de les mettre à jour, suivant l’évolution de leur secteur de pratique. D’ailleurs, toute personne peut savoir si son courtier a respecté cette exigence et voir la liste des cours qu’il a suivis en consultant le Registre des titulaires de permis, disponible sur le site web de L’OACIQ. Utile lorsqu’on souhaite se tourner vers un profession­nel spécialisé dans les transactio­ns entourant un type spécifique d’immeuble.

Des mécanismes de protection

Si la Loi sur le courtage immobilier donne une base pour encadrer la pratique des courtiers, encore faut-il s’assurer qu’ils respectent les lois et qu’ils pratiquent selon les règles établies. Pour s’assurer que les profession­nels s’acquittent convenable­ment de leurs devoirs, L’OACIQ procède à des inspection­s sur le terrain. Lorsqu’un inspecteur débarque chez un courtier, il vérifie si les formulaire­s utilisés sont bel et bien ceux qui sont imposés ou encore s’il y a des lacunes dans la rédaction des formulaire­s, dans la documentat­ion des dossiers, dans la divulgatio­n de conflits d’intérêts ou encore dans le suivi des transactio­ns. Les courtiers doivent alors signer un engagement à corriger les problémati­ques soulevées et L’OACIQ procède à une nouvelle inspection pour s’assurer que les correctifs ont été apportés. Une transactio­n immobilièr­e tourne au vinaigre en dépit de toutes les balises établies pour éviter les problèmes ? Sachez que vous pouvez vous tourner vers L’OACIQ, qui dispose de mécanismes visant à clarifier la situation, à éviter que le problème ne se reproduise et, si vous avez été lésé, à vous indemniser.

La première étape consiste à déposer une demande d’assistance à L’OACIQ. Toutes les demandes déposées sont analysées. Si L’OACIQ constate que le problème vient d’un manque d’expérience ou de connaissan­ces de la part du courtier, celui-ci devra s’engager à suivre de la formation. Si tout porte à croire que le courtier a commis une infraction à la Loi sur le courtage immobilier, c’est le Bureau du syndic qui prendra le relais et qui enquêtera. Une plainte pourrait alors être déposée au comité de discipline de L’OACIQ. En cas de verdict de culpabilit­é, le courtier peut être réprimandé, devoir payer une amende ou rembourser la partie impliquée ou même voir son permis suspendu ou révoqué.

Si vous subissez un préjudice à la suite d’une fraude ou d’un détourneme­nt de fonds, par exemple, vous pourriez être dédommagé par l’entremise du Fonds d’indemnisat­ion du courtage immobilier, constitué à partir de cotisation­s versées par l’ensemble des profession­nels du secteur. Sachez enfin que si vous prenez part à une transactio­n immobilièr­e qui n’implique pas de courtier, les mesures mises en place par L’OACIQ ne s’appliquent pas.

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Crédit : Shuttersto­ck
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