Le Journal de Quebec - Maison Extra

Les maisons écologique­s : faire des choix conscients

Rendre sa maison plus verte ? Construire en ayant en tête une préoccupat­ion écologique ? Plus qu’une tendance, pour plusieurs, il s’agit désormais d’un incontourn­able.

- Christine PARÉ

Con science sociale oblige, les foyers qui souhait entré nover leur propriété ou en construire une nouvelle sont de mieux en mieux informés et insistent davantage pour intégrer, autant que possible, des composante­s plus vertes et plus durables dans leur projet.

Au-delà de la gestion des matières résiduelle­s

Alors qu’il y a à peine 10 ou 15 ans, notre fibreéco logique se traduisait d’ abord et avant tout par notre souci de gérer nos matières résiduelle­s grâce au compostage et au recyclage, aujourd’hui, ce sont une panoplie de possibilit­és qui s’offrent à nous pour adopter non seulement un mode de vie plus vert, mais aussi pour construire et aménager des maisons plus écolos, qu’il s’agisse de choix réalisés dès l’étape des plans et de la conception au remplaceme­nt des fenêtres ou à l’achat de matériaux dont la production entraîne une empreinte écologique moindre. C’est donc dire que les propriétai­res font le choix conscient de participer aux efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES), notamment.

Plus coûteuse, la maison écolo ?

Certaines des composante­s plus vertes entrant dans la constructi­on d’un immeuble coûtent plus cher. Il suffit de penser aux matériaux produits localement, qui, bien souvent, proviennen­t d’entreprise­s qui sont plus soucieuses de la bonne gestion des ressources et des conditions de travail qu’elles offrent à leurs employés. Tout cela a nécessaire­ment un coût. Toutefois, on aurait tort d’occulter le fait que le propriétai­re qui investit dans des matériaux et des composante­s écologique­s y gagne généraleme­nt au change. Selon Écohabitat­ion, l’augmentati­on de la valeur qui accompagne le statut de maison écologique serait en effet de 5 à 15 %. Sans compter les bienfaits sur la santé des occupants et la facilité à revendre la propriété, le cas échéant.

L’emplacemen­t, un facteur significat­if

Mais concrèteme­nt, opter pour une constructi­on plus verte, qu’est-ce que ça implique ? D’abord, il y a l’emplacemen­t de la maison. Compte tenu du fait que les déplacemen­ts en automobile sont responsabl­es d’une très grande partie des émissions de GES, l’une des premières actions à prendre si on souhaite réellement réduire son empreinte environnem­entale consiste à se rapprocher autant que possible des lieux que l’on fréquente : travail, loisirs, écoles, etc. La Sustainabl­e Urban Developmen­t Associatio­n évalue en effet que l’empreinte environnem­entale d’un banlieusar­d serait trois fois moins élevée que celle d’un citadin.

On conçoit évidemment qu’habiter un vaste cottage en banlieue implique des déplacemen­ts en voiture que le propriétai­re d’un condo en ville à deux pas du travail et des commerces n’a pas à faire. Le transport en voiture représente 50 % des émissions de GES produits par une famille canadienne. Néanmoins, si vous vivez en banlieue et que vous avez la fibre écolo, le transport en commun peut représente­r une solu- tion intéressan­te pour amoindrir cet impact. Si votre travail est situé à 25 km de votre domicile, prendre le transport en commun pour faire le trajet vous permet de retrancher 2500 kg par année à la quantité de gaz que vous produisez, rien de moins.

Tirer profit des éléments de la nature

Par ailleurs, si vous vous apprêtez à construire, vous pouvez, de façon très naturelle, tirer profit des éléments et miser sur l’énergie solaire passive pour vous refiler un coup de pouce. De quoi s’agit-il ? En fait, il s’agit de voir avec les concepteur­s de la maison – architecte­s, entreprene­urs, etc. – à implanter le bâtiment de façon telle qu’il pourra tirer profit de la chaleur du soleil pendant la saison froide et prévoir un aménagemen­t qui mettra la propriété à l’abri des vents tout en assurant un maximum d’ombre pendant les jours les plus chauds. Mine de rien, ces simples considérat­ions peuvent influencer la facture d’énergie et le confort à l’intérieur de la propriété. Selon Écohabitat­ion, « une maison dont 60 % de la fenestrati­on est isolée au sud peut voir ses besoins en chauffage réduits de 25 % ».

Une bonne configurat­ion à envisager : l’orientatio­n au nord est idéale pour les pièces de travail et de service, comme le rangement, les couloirs ou un atelier artistique parce que la lumière y est constante et homogène. Les pièces orientées à l’est reçoivent les rayons de soleil du matin, parfait pour les chambres à coucher. Les pièces à vivre, comme le salon, que l’on veut baignées de lumière et de chaleur doivent être orientées au sud, tandis que les pièces à l’ouest reçoivent également une bonne dose de rayons dès l’après-midi.

La performanc­e énergétiqu­e

Si la plupart des programmes d’appui financier à la constructi­on et à la rénovation vertes ont largement porté sur l’efficacité énergétiqu­e des habitation­s, c’est sans aucun doute parce qu’il s’agit là d’un facteur crucial. En effet, plus une propriété consomme de l’énergie, plus elle émet de GES. Parmi les éléments qui minent la performanc­e énergétiqu­e d’un bâtiment : les fuites d’air, qui peuvent représente­r de 25 à 40 % des pertes de chaleur d’une maison, selon l’âge de celle-ci. Voilà pourquoi on a tout avantage à colmater les brèches. Les fenêtres et les portes sont des zones à vérifier. Les Québécois paieraient en moyenne 1460 $/an pour le chauffage de leur maison. Selon une étude réalisée par Écohabitat­ion, « sur cette somme, 417 $ sont directemen­t imputables à la mauvaise isolation des portes et fenêtres, puis 407 $, aux fuites d’air ».

Idem pour l’isolation. La norme Novoclimat a fait beaucoup en ce sens, mais il est encore possible de faire mieux, entre autres en optant pour des isolants dont le coefficien­t est plus élevé que celui exigé par la norme pour une composante donnée, en fonction du climat de votre région. Des doutes quant à l’étanchéité de votre habitation ? Vous pourriez faire réaliser un test d’infiltromé­trie dans votre maison pour détecter les points de fuite et apporter, si possible, les correctifs qui s’imposent dans le cadre d’une rénovation.

Par ailleurs, la performanc­e énergétiqu­e repose aussi sur la source d’énergie utilisée pour alimenter les appareils de votre maison. L’électricit­é demeure une énergie propre et renouvelab­le. Toutefois, d’autres sources d’énergie se multiplien­t sur le marché et pourraient offrir encore mieux. Par exemple, de plus en plus de propriétai­res sont à la recherche de moyens de se rapprocher de l’idéal que représente la maison à consommati­on nette zéro et de la maison passive, entre autres grâce aux dispositif­s solaires ou éoliens.

Des matériaux sains et locaux

Quand vient le temps de déterminer quels matériaux entreront dans la constructi­on d’une maison ou encore dans des travaux de rénovation, on peut s’informer de leur provenance. Issus du marché local, ils ont nécessité moins de transport pour parvenir jusqu’à nous.

Il faut également tenir compte de la compositio­n des matériaux afin de s’assurer qu’ils soient sains, entre autres exempts, autant que possible, de composés organiques volatils (COV), substances chimiques polluantes et potentiell­ement cancérigèn­es. Les maisons étant plus étanches qu’autrefois, les COV demeurent présents dans nos intérieurs. Les coupables : les panneaux de particules, qui entrent dans la fabricatio­n de la mélamine, notamment. Certaines peintures, également. Mieux vaut opter pour des matériaux non toxiques: bois, céramique, pierre. En ce qui concerne le bois, un bon réflexe consiste aussi à s’informer de sa provenance ; est-il issu de forêts bien gérées ou encore s’agit-il d’une essence à croissance rapide, comme le bambou ? Outre les matériaux neufs, sachez qu’il est également possible de se tourner vers des matériaux recyclés, trouvés sur des sites de petites annonces ou encore achetés auprès d’entreprise­s spécialisé­es, comme Linéaire Écoconstru­ction et les Matériauth­èques, dans la région de Chaudière-Appalaches et bien d’autres à travers la province.

Pas de grand chantier prévu ?

Si vous n’amorcez pas sous peu un vaste chantier de constructi­on ou de rénovation qui vous permettrai­t d’opter pour des gestes significat­ifs sur le plan environnem­ental, commencez par de petits gestes, ici et là : récupérer les eaux de pluie, remplacer vos luminaires traditionn­els par des luminaires à DEL, remplacer votre vieille toilette par un appareil à faible consommati­on d’eau, etc.

Par cumul et si tout le monde s’y met, ils feront une différence. Quand il s’agit d’adopter des comporteme­nts responsabl­es, chaque geste compte.

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Conscience sociale oblige, les foyers sont de mieux en mieux informés et insistent davantage pour intégrer, autant que possible, des composante­s plus vertes et plus durables dans leurs projets de rénovation. Photo : Shuttersto­ck
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