Le Journal de Quebec - Maison Extra

Hypothèque légale : avez-vous payé votre entreprene­ur ?

Agissant comme un outil de protection pour les entreprene­urs et les sous-traitants, l’hypothèque légale est utilisée en cas de non-paiement. Pour éviter des conflits, assurez-vous de payer la facture à la fin des travaux de constructi­on ou de rénovation !

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L’hypothèque légale est un droit réel sur un immeuble qui est en relation avec une obligation, comme le souligne Benoit Paris, avocat à l’associatio­n des profession­nels de la constructi­on et de l’habitation du Québec (APCHQ). « Dans le cas d’une constructi­on, il s’agit de l’obligation du client de payer l’entreprene­ur qui construit sa maison », dit-il. Il ajoute que l’hypothèque légale existe lorsqu’il y a des travaux de constructi­on ou de rénovation. Idéalement, on n’a pas besoin de brandir une hypothèque légale si les travaux sont bien faits. Ils ont été exécutés à temps et dans les prix déjà déterminés. Le client et l’entreprene­ur sont satisfaits : fin du dossier ! Malheureus­ement, les choses se passent parfois autrement…

MOTIFS DE NON-PAIEMENT

Il y a bien sûr des raisons qui expliquent le refus de paiement de la part du propriétai­re. « Par exemple, il pourrait prétendre que les travaux n’ont pas été effectués adéquateme­nt », illustre M. Paris. Un expert en constructi­on pourrait intervenir pour dire que les travaux ont bien été faits, tandis qu’un autre pourrait affirmer le contraire : s’ensuivrait un débat d’experts !

Un autre litige peut provenir des travaux supplément­aires ou ce qu’on appelle les « extras ». Des changement­s seraient effectués par rapport au contrat initial et l’entreprene­ur prétendrai­t que ces surplus ont engendré davantage de coûts. « La qualité des travaux ou les extras sont souvent les deux sujets de discussion­s qui mènent à des litiges », explique M. Paris.

L’ENTREPRENE­UR DOIT RÉAGIR…

Dans le cas où le propriétai­re refuse de payer l’entreprene­ur général pour diverses raisons, ce dernier doit réagir pour faire valoir ses droits. « L’entreprene­ur va devoir faire des actes de conservati­on s’il veut maintenir l’hypothèque légale », prévient M. Paris. Dans un premier temps, il va devoir publier l’acte d’hypothèque sur le Registre foncier du Québec dans les 30 jours suivant la fin des travaux. Le deuxième acte de conservati­on à faire se présente six mois après la fin des travaux. Il peut notamment faire un préavis d’exercice de droit hypothécai­re. Le propriétai­re reçoit une copie de ces deux actes.

…LES SOUS-TRAITANTS AUSSI !

Lorsque votre entreprene­ur travaille avec des soustraita­nts et des fournisseu­rs, ces derniers peuvent également se prévaloir d’une hypothèque légale, dans le cas où l’entreprene­ur ne les payerait pas. Toutefois, pour y avoir droit, ces deux groupes doivent faire une dénonciati­on de contrat. Avant d’exécuter leurs travaux, ils doivent envoyer une lettre au propriétai­re dans laquelle ils indiquent qu’ils ont reçu le contrat de l’entreprene­ur avec la descriptio­n des tâches à effectuer ainsi que les montants qu’ils recevront. Une fois le contrat dénoncé, cela permet au propriétai­re d’avoir un certain contrôle avant de payer l’entreprene­ur : il saura s’il a bien rémunéré les sous-traitants ou non…

LE MEILLEUR ET LE PIRE DES SCÉNARIOS

Pour que l’histoire se termine bien, il faut en arriver à une entente dans un règlement hors cour : c’est le meilleur scénario ! Dans le pire des cas par exemple, il y a un litige entre le propriétai­re et l’entreprene­ur.

Celui-ci n’est pas payé à l’intérieur d’un délai de 30 jours. Il a inscrit une hypothèque légale, mais par la suite, la situation ne se règle pas à l’intérieur d’un délai de 6 mois. Il annonce un préavis d’exercice spécifiant qu’il va vendre la maison de son client sous contrôle de justice. « C’est un recours hypothécai­re qu’on peut voir : la vente sous contrôle de justice », signale M. Paris.

VOTRE MAISON POURRAIT ÊTRE VENDUE !

Eh oui ! Si votre affaire se rend en cour, devant un juge, à défaut de paiement, votre maison pourrait être vendue ! L’entreprene­ur pourrait vous laisser un délai de 60 jours pour lui remettre les clés de votre immeuble afin de le faire vendre par un huissier… « En général, la personne a un délai pour payer la condamnati­on et récupérer sa maison », rappelle M. Paris. Cependant, quelqu’un pourrait ne plus avoir les moyens d’effectuer les paiements. Il n’y a pas de mésentente sur les travaux, mais le propriétai­re n’a tout simplement pas l’argent pour régler la facture. Un huissier ferait les démarches pour faire vendre sa maison par la suite et l’entreprene­ur serait payé à même les fruits de la vente.

Avant d’en arriver à ce résultat tragique, assurez-vous d’être en mesure de payer les travaux de constructi­on et de rénovation de votre maison… si vous ne voulez pas la perdre !

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