Le Journal de Quebec - Weekend

MIKE WARD PASSICHOQU­ANTQUEÇA

MONTRÉAL | Mike Ward fait de l’humour noir, « le genre de gags, explique-t-il, qu’on ne raconte pas la première fois qu’on rencontre les parents de sa blonde ou de son chum ». Certains l’adorent, d’autres le fustigent. Lui se défend de ne chercher qu’à ch

- Agnès Gaudet AGNES.GAUDET@JOURNALMTL.COM

Quand il écrit des gags, l’enfant terrible de l’humour ne pense qu’à ceux qu’il espère faire rire, sans songer à la suite. Ça lui joue parfois des tours. On en a eu un bel exemple cette semaine, alors que son gag sur Joël Legendre, à qui il souhaitait un cancer, a fait le tour des réseaux sociaux, puis du Québec.

« C’est de même que je me mets dans la merde, avoue-t-il. Mais quand j’essaie de faire de l’humour un peu racoleur, ça a toujours l’air cheap. J’aime mieux choquer le monde une fois tous les deux ans (il avait déclenché la foudre avec un gag sur Cédrika Provencher) et continuer de trouver ça drôle. »

PRÉMONITOI­RE

Mike Ward, 38 ans, n’est pas le seul à trouver ça drôle. Il a toute une cohorte de fans qui le suivent depuis des années. Sur le point d’atteindre 100 000 billets vendus pour son spectacle Mike Ward s’expose, l’humoriste admet que c’est un titre pour le moins… prémonitoi­re.

Pourtant, rien de ce qu’il a provoqué cette semaine n’était prémédité. Quand il a mis en ligne ce court vidéo, où il blaguait sur Joël Legendre, il avait aussi mis en ligne un clip de son filleul d’un an et demi, Arthur, qui dansait au son du Bye Bye, croyant que ce dernier serait un hit. La controvers­e entourant son gag sur Joël Legendre l’a étonné.

« Le pire, c’est que chaque fois que ça arrive, le monde pense que c’est un coup de marketing, déplore-t-il. Sur Internet, il y en a un qui a même écrit que je lançais ça pour me faire inviter à Tout le monde en parle.

« Honnêtemen­t, ce n’est pas ça du tout et je suis toujours le premier surpris des réactions. Je ne le vois jamais venir. Les jokes que je pense capables de me mettre dans le trouble, personne ne les remarque, alors que d’autres que je pense anodines me mettent dans la merde. »

DE L’ARGENT POUR SATAN

Ce que déplore l’humoriste, c’est que, souvent, ceux qui critiquent le plus fort sont ceux qui n’ont pas vu ses gags live ou en ligne et qui se fient aux titres qu’ils voient, « comme si j’étais avec une sorcière dans mon salon à piquer une poupée vaudou de Joël Legendre pour lui souhaiter malheur », dit-il.

« C’est comme le téléphone arabe, ironise-t-il. Quand ça finit, c’est rendu que je ramasse de l’argent pour Satan! »

Mike Ward le répète, il ne veut aucun mal à Joël Legendre, « un gars super fin ».

« C’est justement parce que Joël est un gars super fin que le gag était drôle. Souhaiter quelque chose de mauvais à un trou de cul, n’a rien d’amusant, mais à quelqu’un de gentil, je trouve ça drôle. »

L’humour de Mike Ward est corrosif, il l’admet. Mais il sait que ceux qui vont voir son show l’aiment en partie pour ça.

« Mes fans sont des gens qui ont vu beaucoup d’humour et qui sont tannés des formules que beaucoup d’humoristes utilisent. Je crois qu’ils aiment mon originalit­é et le fait que je n’ai pas peur et que j’assume mes gags. »

PAS UN MALADE MENTAL

Ceci dit, le spectacle de Mike Ward, qui roule depuis un an, ne serait pas si choquant qu’on l’imagine.

« Les gens pensent que je suis un malade mental qui ne cherche qu’à choquer, dit-il, mais mon show a du sens. Quand ils sortent de la salle, les gens se disent : “Ce n’est pas Ward le problème.” »

Mike Ward a toujours été impression­né par les risques que prenait Yvon Deschamps sur scène et comme Deschamps, il va continuer de provoquer.

« J’aime ça écrire, comme si je n’avais rien à perdre », dit-il.

« Quand j’étais petit, mes oncles et tantes ne comprenaie­nt pas l’humour d’yvon Deschamps. Puis, avec le temps ils ont compris son deuxième degré. Chaque génération choque un public, c’est pour ça que l’humour évolue et qu’après, il y a eu RBO et Mike Ward. Ça prend des humoristes qui choquent à chaque génération pour faire évoluer les choses. »

Les idoles de jeunesse de Mike Ward qui a fréquenté l’école anglaise, à Québec, sont toutefois les Eddie Murphy et Richard Prior. C’est ce dernier qui l’a le plus influencé et, comme Prior, Ward veut passer des messages sans être moralisate­ur.

« Je n’ai pas le choix d’avoir un peu de contenu, mais en même temps pas trop, Je ne veux ni être la matante moralisatr­ice qui vous dit comment vivre votre vie, ni l’espèce d’épais qui veut parler pour rien pendant deux heures sur scène. Je veux, comme Richard Prior, offrir un contenu super honnête, choquant et qui fait réfléchir tout à la fois. »

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