Le Journal de Quebec - Weekend

L’HUMOUR CYNIQUE DE POLANSKI

Film de Roman Polanski mettant en vedette Jodie Foster, Kate Winslet, John C. Reilly et Christoph Waltz. À l’affiche.

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

Avec Carnage, Roman Polanski prouve une fois de plus qu’il est capable d’enfermer ses acteurs et les spectateur­s dans un huis clos dont il ne sort rien de bon.

Carnage, c’est un moment de la vie de deux couples new-yorkais : les Longstreet (John C. Reilly et Jodie Foster) reçoivent les Cowan (Christoph Waltz et Kate Winslet) dans leur superbe appartemen­t. Que font-ils là? Zachary, le fils des Longstreet, a été battu à l’école par fiston Cowan.

En 79 minutes, ces quatre personnes d’apparence pourtant parfaiteme­nt civilisée deviendron­t des monstres de méchanceté et d’agressivit­é, faisant voler en éclats le mince vernis de leur éducation.

Il ne se passe pas grand-chose dans Carnage, pas au sens traditionn­el du mot. Pas d’action, pas de changement de décor (nous demeurons dans l’appartemen­t des parents outragés), pas d’effets spéciaux ni de poursuites échevelées. Et pourtant, le rythme est soutenu. Car en bons voyeurs que nous sommes, nous anticipons, et attendons, preuve que nous sommes bel et bien des bêtes, le déchaîneme­nt de violence physique.

Adaptation de la pièce Le dieu du carnage, de Yasmi- na Reza, Carnage démontre sans l’ombre d’un doute que les politesses apprises et les convention­s sociales deviennent rapidement caduques en cas de conflit.

JEU INÉGAL

Jodie Foster est éblouissan­te en Penelope Longstreet, une Américaine libérale remplie de bons sentiments, certaine de son bon droit, qui sera la première à déraper et dont les altercatio­ns avec Alan Cowan (Christoph Waltz, au jeu comme d’habitude jouissif) sont pleines de rancoeur et de venin.

Devant cette prestation brillante, Kate Winslet ne fait pas le poids, pas plus que John C. Reilly n’arrive à se démarquer. Ce Carnage repose entièremen­t sur les épaules du duo formé par Jodie Foster et Christoph Waltz.

Le long métrage constitue une excellente manière de démarrer une année cinématogr­aphique en beauté, même s’il ne constitue qu’un exercice de style très bien exécuté par Roman Polanski.

On ne peut s’empêcher de se demander jusqu’à quel point le réalisateu­r, qui a travaillé avec le dramaturge sur le scénario pendant son assignatio­n à résidence alors qu’il terminait la postproduc­tion de L’écrivain

fantôme, a souhaité régler ses comptes avec l’hypocrisie américaine. On ne peut que supputer, mais il y a fort à parier que certaines répliques, savoureuse­s de cynisme, sont des allusions à peine voilées.

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PHOTO COURTOISIE

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