Le Journal de Quebec - Weekend
DES PROJETS PLEIN LA TÊTE
MONTRÉAL | Même si elle a reçu il y a trois ans le prestigieux Prix Albert-tessier du gouvernement du Québec, et qu’elle sera honorée lors de la prochaine soirée des Jutra, la réputée cinéaste, scénariste et actrice Paule Baillargeon a toujours du mal à f
Elle a pourtant des projets plein la tête. « J’ai essuyé tellement de refus dans ma vie que ça finit par m’affecter, avoue-t-elle, lors d’une entrevue accordée plus tôt cette semaine en marge d’un point de presse organisé par l’organisation des Jutra.
« Quand je pense juste à mes désirs, je me dis que je veux faire encore des longs métrages. J’ai des idées. Par exemple, j’aimerais beaucoup adapter un roman que j’ai lu et adoré, mais à chaque fois que j’y pense, je me dis que c’est impossible. Je n’ai tellement pas été soutenue par les institutions dans le passé que je ne peux pas imaginer qu’ils vont me dire oui tout à coup.
« Prenez par exemple Trente tableaux (son prochain film qui sortira en mars). Je n’aurais jamais pu trouver le financement pour le faire si ce n’était pas le résultat d’une résidence à L’ONF.
Paule Baillargeon a débuté sa carrière au grand écran très jeune (en 1969), dans le film
Entre tu et vous de Gilles Groulx, mais elle a rapidement fait le saut derrière la caméra avec le moyen métrage Anastasie oh ma ché
rie (en 1977). Très impliquée dans la cause des femmes cinéastes au Québec (elle collabore au regroupement Réalisatrices équitables), elle n’a jamais compris pourquoi on l’avait catégorisée avant tout comme actrice.
« Ça m’a toujours un peu choquée qu’on n’accepte pas que je sois aussi réalisatrice, admet-elle.
GRÂCE AU HASARD
Elle raconte que c’est le hasard qui lui a permis de faire ses débuts au cinéma. À 23 ans, elle louait la chambre voisine de celle de Pierre Harel, près du Carré Saint-louis. À l’époque,
Harel jouait dans un film de Gilles Groulx ( En
tre tu et vous).
« Je le trouvais très chanceux parce qu’il tournait avec Gilles Groulx et que moi je jouais dans aucun film, se souvient-elle. J’étais une parfaite inconnue. J’avais quitté l’école nationale après deux ans, et il n’y avait pas grandchose devant moi.
« Gilles Groulx avait trouvé son actrice qui était magnifique. Elle devait jouer une scène nue dans le film, mais elle était mariée et son mari a dit non à la dernière minute. Le tournage du film avait commencé et Gilles Groulx était mal pris. Pierre Harel lui a dit qu’il connaissait une fille qui est actrice et qui habitait à côté de chez lui. Le lendemain, je me suis donc retrouvée toute nue dans une chambre à jouer dans un magnifique film de Gilles Groulx, qui était en plus filmé par Michel Brault. « Puis, plus tard, le caméraman de Denys Arcand, Alain Dostie, a vu le film de Gilles Groulx et a parlé de moi à Arcand qui s’apprêtait à tourner Réjeanne Padovani.
« C’est comme ça que tout a commencé. C’est donc grâce au hasard. Si je n’avais pas joué dans le film de Gilles Groulx, Denys Arcand n’aurait pas fait appel à moi pour Réjeanne Pa
dovani. Et qui sait, je n’aurais peut-être jamais fait de cinéma… »