Le Journal de Quebec - Weekend

DES PROJETS PLEIN LA TÊTE

MONTRÉAL | Même si elle a reçu il y a trois ans le prestigieu­x Prix Albert-tessier du gouverneme­nt du Québec, et qu’elle sera honorée lors de la prochaine soirée des Jutra, la réputée cinéaste, scénariste et actrice Paule Baillargeo­n a toujours du mal à f

- Maxime Demers MAXIME.DEMERS@JOURNALMTL.COM Paule Baillargeo­n recevra le Prix Jutra-hommage lors de la 14e Soirée des Jutra qui aura lieu le 11 mars.

Elle a pourtant des projets plein la tête. « J’ai essuyé tellement de refus dans ma vie que ça finit par m’affecter, avoue-t-elle, lors d’une entrevue accordée plus tôt cette semaine en marge d’un point de presse organisé par l’organisati­on des Jutra.

« Quand je pense juste à mes désirs, je me dis que je veux faire encore des longs métrages. J’ai des idées. Par exemple, j’aimerais beaucoup adapter un roman que j’ai lu et adoré, mais à chaque fois que j’y pense, je me dis que c’est impossible. Je n’ai tellement pas été soutenue par les institutio­ns dans le passé que je ne peux pas imaginer qu’ils vont me dire oui tout à coup.

« Prenez par exemple Trente tableaux (son prochain film qui sortira en mars). Je n’aurais jamais pu trouver le financemen­t pour le faire si ce n’était pas le résultat d’une résidence à L’ONF.

Paule Baillargeo­n a débuté sa carrière au grand écran très jeune (en 1969), dans le film

Entre tu et vous de Gilles Groulx, mais elle a rapidement fait le saut derrière la caméra avec le moyen métrage Anastasie oh ma ché

rie (en 1977). Très impliquée dans la cause des femmes cinéastes au Québec (elle collabore au regroupeme­nt Réalisatri­ces équitables), elle n’a jamais compris pourquoi on l’avait catégorisé­e avant tout comme actrice.

« Ça m’a toujours un peu choquée qu’on n’accepte pas que je sois aussi réalisatri­ce, admet-elle.

GRÂCE AU HASARD

Elle raconte que c’est le hasard qui lui a permis de faire ses débuts au cinéma. À 23 ans, elle louait la chambre voisine de celle de Pierre Harel, près du Carré Saint-louis. À l’époque,

Harel jouait dans un film de Gilles Groulx ( En

tre tu et vous).

« Je le trouvais très chanceux parce qu’il tournait avec Gilles Groulx et que moi je jouais dans aucun film, se souvient-elle. J’étais une parfaite inconnue. J’avais quitté l’école nationale après deux ans, et il n’y avait pas grandchose devant moi.

« Gilles Groulx avait trouvé son actrice qui était magnifique. Elle devait jouer une scène nue dans le film, mais elle était mariée et son mari a dit non à la dernière minute. Le tournage du film avait commencé et Gilles Groulx était mal pris. Pierre Harel lui a dit qu’il connaissai­t une fille qui est actrice et qui habitait à côté de chez lui. Le lendemain, je me suis donc retrouvée toute nue dans une chambre à jouer dans un magnifique film de Gilles Groulx, qui était en plus filmé par Michel Brault. « Puis, plus tard, le caméraman de Denys Arcand, Alain Dostie, a vu le film de Gilles Groulx et a parlé de moi à Arcand qui s’apprêtait à tourner Réjeanne Padovani.

« C’est comme ça que tout a commencé. C’est donc grâce au hasard. Si je n’avais pas joué dans le film de Gilles Groulx, Denys Arcand n’aurait pas fait appel à moi pour Réjeanne Pa

dovani. Et qui sait, je n’aurais peut-être jamais fait de cinéma… »

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Paule Baillargeo­n deviendra le 11 mars prochain, la troisième femme à recevoir le Prix Jutra-hommage,
après Anne Claire Poirier et Denise Filiatraul­t.
PHOTO AGENCE QMI, MARIE-CLAUDE FOREST PAULE BAILLARGEO­N Paule Baillargeo­n deviendra le 11 mars prochain, la troisième femme à recevoir le Prix Jutra-hommage, après Anne Claire Poirier et Denise Filiatraul­t.
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