Le Journal de Quebec - Weekend

MEURTRE ET MYSTÈRE au coeur de la forêt

Pour sa quatrième enquête, la romancière Louise Penny fait vivre des vacances hors normes à l’inspecteur-chef Armand Gamache, au coeur d’un luxueux manoir des Cantons-de-l’est. Qui aurait l’idée de perpétrer un meurtre alors qu’il y célèbre, comme chaque

- Marie-france Bornais Le Journal de Québec

Qui, vraiment? Un personnage sorti tout droit de l’imaginatio­n débordante de cette journalist­e de métier qui a fait carrière à la radio anglaise de Radio-canada avant de connaître un succès énorme avec ses romans policiers. Tous best-sellers, ils sont maintenant publiés dans une vingtaine de pays et maintes fois récompensé­s par des prix prestigieu­x. La toute dernière enquête de Gamache, publiée en anglais sous le titre A trick of the Light, s’est retrouvée en quatrième position au palmarès du New York Times.

Défense de tuer, une enquête brillammen­t menée, se distingue par la qualité de l’écriture, fine et souvent très humoristiq­ue malgré la tragédie, l’excellence de l’intrigue, le réalisme et la profondeur des personnage­s, la puis-

ACCIDENT

Armand Gamache pense trouver quelques jours de repos bien mérités au coeur d’un luxueux manoir des Cantons-de-l’est, le Manoir Bellechass­e (inspiré du manoir Hovey). L’atmosphère s’alourdit en présence des membres de la famille Finney, pour qui les apparences et l’artifice comptent plus que tout. Comme un orage qui éclate, un « accident » terrible se produit et quelqu’un est tué. Un accident? Vraiment?

Dans son écriture, Louise Penny met en pratique le concept de pleine conscience ( mindfullne­ss), en s’attardant si bien sur des petits détails qu’on entend chanter les oiseaux de la forêt, on s’imagine plongeant dans un lac par sance de l’histoire. Voilà un bouquin très difficile à mettre de côté, auquel on s’accroche, peu importe l’heure. un matin de canicule, on salive devant les plats servis au manoir. On s’étonne de la dureté des propos tenus par certains personnage­s – cette fois les membres de la famille Finney – et on retient notre souffle lorsque certains autres sont en mauvaise posture.

« Gamache discute d’ailleurs des cinq sens avec un des personnage­s. En anglais, quand quelqu’un perd l’esprit, on dit qu’il a perdu ses sens ( he has lost his senses). Il faut les utiliser tous pour vivre le moment présent. Je ne sais pas si j’avais ça en tête en écrivant, mais honnêtemen­t je pense que c’est un concept qui se retrouve dans la plupart des livres. C’est être calme et totalement conscient de ce qui se passe autour de nous. La pleine conscience joue un rôle important dans ce livre, notamment lorsqu’on apprend comment les personnage­s font des choix de vie et quelles sont les conséquenc­es de ces décisions. »

LES APPARENCES

Lorsqu’elle a commencé à écrire Défense de tuer, un roman où les apparences sont de première importance, Louise Penny s’est inspirée d’un poème écrit par Stevie Smith: « I was much too far out than you thought and not waving but drowning. » (J’étais beaucoup plus loin que tu pouvais l’imaginer et je ne te saluais pas de la main, j’étais en train de me noyer). Je trouve ça dévastateu­r. Je reconnais ça en moi et j’ai réalisé que c’est présent chez la plupart des gens. Nous portons cette dualité: on salue et tout le monde peut penser qu’on s’amuse alors qu’en fait, on appelle à l’aide! On n’est pas heureux du tout, mais on donne cette impression ou alors c’est mal interprété. Être trop loin, ça décrit Peter et plusieurs membres de la famille Finney-morrow; cela s’applique à peu près à chacun des personnage­s du livre. »

CALME ET REPOS

Tout en polissant la version finale de son prochain roman policier, à paraître en anglais l’automne prochain, Louise Penny profite de quelques moments de silence dans sa résidence des Cantons-de-l’est. « J’essaie de prendre deux mois de repos pour retrouver mon équilibre, j’ai découvert le grand cadeau que peut être le silence et je fais mon possible pour en profiter. Mais ce n’est pas facile. C’est comme essayer d’arrêter un train de marchandis­es... » Louise Penny, Défense de tuer. Éditions Flammarion Québec, 432 pages.

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PHOTO COURTOISIE L’inspecteur Jean-guy Beauvoir descendit de l’auto et leva les yeux vers le ciel. Que du gris. La pluie ne cesserait pas de sitôt. Il baissa les yeux sur ses chaussures en cuir, son pantalon griffé, sa chemise en lin. « Merveilleu­x... Maudit meurtre au...

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