Le Journal de Quebec - Weekend

INOUBLIABL­E ONÉSIME

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Fortes du succès remporté par l’album Séraphin illustré, les Éditions Les 400 Coups poursuiven­t la réédition de l’oeuvre d’albert Chartier en publiant Onésime : les meilleures pages. Cet ouvrage présente 250 des meilleurs gags d’onésime, l’inoubliabl­e personnage qui a égayé le Bulletin des agriculteu­rs pendant presque 60 ans. Marie-france Bornais Le Journal de Québec

Quatre génération­s de Québécois ont appris à lire avec Onésime, dit-on. Artiste de très grand talent, Albert Chartier y a raconté, de novembre 1943 à mai 2002, la vie quotidienn­e d’onésime et de son épouse, Zénoïde, à travers les petits et grands événements qui ont marqué la seconde moitié du XXE siècle. Albert Chartier, installé dans les Laurentide­s, y a dépeint les activités sportives, la chasse et la pêche, la vie à la campagne. Onésime et Zénoïde affrontent tornades, tempêtes de neige et inondation­s, mais se rendent aussi à Montréal pour assister à des matchs de hockey, des combats de boxe ou des spectacles. Ils visitent Expo 67 et Québec 1984.

SOUVENIRS

Christiane Chartier garde des souvenirs émouvants de son père. « Quand papa est décédé, je voulais qu’on publie son oeuvre et ça n’a pas été simple de chercher une maison d’édition intéressée. Je suis contente qu’oné

sime soit enfin publié », commente-t-elle. Il est possible que les Bouboule et certaines planches réalisées avant Onésime, à la fin des années 30, soient également rééditées dans l’avenir. L’aventure d’onésime a commencé alors qu’il travaillai­t déjà pour le Bulletin des

agriculteu­rs. « Il illustrait des histoires, des feuilleton­s de Gabrielle Roy. Ils ont ouvert un projet de bande dessinée parce qu’ils publiaient des bandes dessinées américaine­s traduites. Ils ont décidé de soumettre quelque chose de québécois. En s’inspirant d’un oncle, d’une tante, mon père a créé ses personnage­s. »

TALENT

Le talent d’albert Chartier était indéniable. « Papa dessinait... c’était extraordin­aire. On a eu des surprises quand on a fouillé dans ses dessins. Il y avait des choses tellement anciennes qu’on ne les reconnaiss­ait pas. Des dessins, des esquisses, des études qu’il avait faits pour le projet de Séraphine. C’était vraiment beau. Il avait une technique extraordin­aire. C’était sa vie, le dessin. Il n’a fait que ça et il aimait ça. »

Christiane Chartier se souvient de son père comme un homme très sociable qui s’enfermait dans son studio pour dessiner Onésime. Depuis l’âge de 13 ans, il passait ses étés au lac Noir, à Saint-jean-de-matha. Il aimait tant l’endroit qu’il s’y est installé avec toute sa famille, sur une colline, d’où la vue était extraordin­aire.

« On faisait plein de choses, toujours en famille, et c’était l’fun. En hiver, on chaussait les skis pour aller à l’école. On descendait la côte. C’était moins drôle en revenant, surtout quand il faisait noir : il fallait remonter la côte avec nos sacs d’école. Papa allait faire les provisions au village : il avait un sac à dos, mettait plein de victuaille­s dans son blouson. »

EXPRESSION­S

Christiane Chartier ne retrouve pas d’expression­s propres à son père dans les bandes dessinées d’onésime. Pas de « torbrûle » ni de « torpinouch­e » pour lui. « Papa, quand ça n’allait pas, le plus gros mot qu’il disait, c’était P’tit Jésus de Prague. Là, ça n’allait plus du tout. Ça signifiait qu’on était dans le banc de neige, ou qu’il était arrivé quelque chose et qu’on était mal pris. Sinon... papa disait peut-être ‘’crétak’’ parfois...»

Ce pionnier de la bande dessinée québécoise a ouvert grandes les portes à toute une nouvelle génération d’illustrate­urs. « Michel Rabagliati dit que c’est en voyant une exposition des oeuvres de mon père qu’il a dit : oui, c’est possible de faire quelque chose. Jimmy Beaulieu était très ému quand il est venu ici et que je lui ai sorti toutes les oeuvres de papa. Mon père était une notoriété à cette époque. »

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