Le Journal de Quebec - Weekend

UNE NUIT CHEZ LES MAORIS

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WAIHEKE | Enroulée dans un sac de couchage posé sur le sol, je respire à peine de peur de déranger mes voisins. Pendant que s’égrènent doucement les accords d’une guitare, mes pensées s’envolent vers cette journée passée dans l’univers des Maoris.

Premiers habitants à s’être installés dans ces îles du Pacifique Sud, les Maoris ont marqué la Nouvelle-zélande. Aujourd’hui, ils constituen­t toujours 31 % de la population et leur présence se fait sentir partout que ce soit dans les noms des rues, dans l’architectu­re et dans le partage de leur culture. Musées et spectacles sont offerts un peu partout et sous différente­s formes et les Powhiris (cérémonie d’accueil) précèdent chaque événement d’importance. Certains diront que ces manifestat­ions diverses permettent de s’imprégner de leur culture. Les mauvaises langues diront que sont des attrapes-touristes, l’équivalent de nos cabanes à sucre. C’est un peu vrai, mais pourquoi bouder son plaisir ? De la baie d’auckland, un traversier met 45 minutes pour atteindre l’île de Waiheke que les Maoris décrivent comme le joyau du golfe. Sa beauté naturelle, ses 133,5 km de côtes, ses plages extraordin­aires, son mont Maunganui (231 mètres au-dessus du niveau de la mer) et ses vignobles en ont fait une destinatio­n touristiqu­e, qui fait quadrupler sa population en été.

C’est dans ce lieu d’une extrême beauté et d’une immense douceur qu’a lieu l’expérience maorie.

LE CHOC DES CULTURES

Heureuseme­nt qu’un guide nous accompagne dans le Marae (une grande place commune) parce que la façon qu’ont les Maoris de souhaiter la bienvenue est plutôt étonnante, pour ne pas dire inquiétant­e. Visages peints, gestes violents, un guerrier pointe sa lance vers nous, nous tire la langue en criant et semble nous inviter à croiser le fer. Pas étonnant que lors de leur arrivée, le capitaine Cook (navigateur et explorateu­r britanniqu­e) et ses hommes aient mal compris le sens de la cérémonie et fait feu sur les guerriers, en tuant deux.

Prévenu par le guide, notre groupe se tient bien tranquille. Après le Whaikorero (discours du chef) et le Waita (chant exécuté par nos hôtes), vient le Hongi (on se presse le nez et le front) en se disant « kia ora » (heureux de vous connaître). Désormais membres du clan, nous pouvons ensuite circuler librement, poser des ques- tions, prendre des photos avant le Hakari (festin). Ça tombe bien, le chef prépare un Hangi, le plat traditionn­el des grandes occasions. Après avoir mis en terre les pierres réchauffée­s pendant des heures sous un feu de bois, le chef y enterre une cage de métal dans laquelle il a déposé la viande et les légumes.

Pendant les heures de cuisson, différente­s activités invitent à en apprendre un peu plus sur les us et coutumes de ce peuple. On peut également pratiquer diffé- rents sports nautiques ou paresser sur la plage.

Après le partage du Hangi, la soirée, ponctuée de chants traditionn­els, se déroule sous les étoiles. Un à un, les invités retrouvent leur matelas dans le Wharenui, la place de rassemblem­ent ornée de sculptures qui racontent l’histoire des ancêtres.

Au petit matin, dans cet univers ancestral, j’aperçois deux petites filles concentrée­s sur un gadget électroniq­ue. Nous sommes bien au XXIE siècle !

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