Le Journal de Quebec - Weekend

UN GÉNIE MÉCONNU ET INCOMPRIS

- Marie-france Bornais Le Journal de Québec

NEW YORK | Michael Jackson, l’enfant-star à la voix extraordin­aire, fabuleusem­ent doué, danseur et chorégraph­e époustoufl­ant, est passé de la petite enfance dans sa maison de Gary, en Indiana, aux feux de la rampe en très peu de temps. Il a pratiqueme­nt grandi sur scène, d’abord aux côtés de ses frères dans les Jackson Five et les Jackson, avant d’entamer une carrière solo qui allait le propulser au top de tous les palmarès. C’était aussi un homme d’affaires avisé. Michael, le vrai Michael, comment était-il, en famille, loin des micros, des projecteur­s, des caméras? Jermaine Jackson en fait un portrait bouleversa­nt dans You Are Not Alone, et passe lui-même par toute une gamme d’émotions en parlant de lui au passé, en entrevue.

UNE ENFANCE VOLÉE

Lancé sur les planches avant même d’aller à l’école élémentair­e, Michael Jackson est devenu un enfant-star. Voici ce que Jermaine en retient. « Être un enfant-star représente beaucoup de travail, beaucoup de responsabi­lités et vous devez faire des sacrifices. Le sacrifice que nous avons fait est celui de grandir comme des enfants normaux. Aussi loin que je puisse me souvenir – et Michael a commencé sa carrière à quatre ans – nous étions sur scène, à divertir les gens, à jouer de la musique et à éblouir le public avec nos performanc­es. Nous devons tout cela à notre père, qui a travaillé très fort pour nous, qui nous a supportés et encouragés. Mais il y a beaucoup de responsabi­lités derrière cela », explique-t-il. « Michael a sacrifié son enfance pour le show-business. C’est pour cela qu’il a écrit Have You Seen my Childhood. Cette chanson explique cela très clairement. Il dit que les gens le trouvent bizarre parce qu’il aime des choses très élémentair­es. Mais Michael chantait. Il n’a pas eu la chance de grandir. Il n’y a rien de mal à ce qu’il aime les enfants, les sorties dans les parcs d’attraction, parce qu’il n’a pas eu la chance de le faire étant enfant. Nous en avons fait un peu plus que lui, mais aussi loin que je puisse me souvenir (et il sourit), j’étais sur scène, et nous n’avons que quatre années de différence d’âge. »

BON ÉLÈVE

Jermaine Jackson raconte minutieuse­ment l’enfance des six garçons et des trois filles du clan Jackson dans You Are Not

Alone. Il révèle que Michael était bon élève et un de ses bulletins scolaires du Montclair School de Van Nuys, en Californie, y est d’ailleurs reproduit. « L’école ne m’intéressai­t pas trop, mais Michael avait de bonnes notes. À l’école, je le surveillai­s tout le temps. J’étais le chouchou de mon professeur, qui m’envoyait tout le temps au bureau du directeur pour aller chercher ceci ou cela. Alors, j’allais dans le corridor voir comment allait Michael. Il était assis, en classe, et faisait son travail. Je l’observais pendant 10 secondes, et un de ses camarades lui disait que son frère était dans le corridor. Il me saluait de la main. Il était tellement mignon... oui... », évoque-t-il avec une pointe de nostalgie dans la voix et une tristesse dans le regard.

SAUVEZ VOTRE PEAU!

Le premier show des Jackson Five a failli tourner à la catastroph­e, au début des années 70, à Philadelph­ie. « Nous devions chanter au Spectrum et les fans étaient en train de devenir fous. En fait, ils nous attendaien­t à l’aéroport et avaient trouvé le moyen de se rendre sur la piste. Les atterrissa­ges ont dû être interrompu­s et on nous a dit de prendre nos jambes à notre cou. On courait, on courait, on sautait par-dessus les escaliers en se faisant égratigner, en ayant la poitrine en sang parce qu’on se faisait arracher nos vêtements et tirer les cheveux, qui étaient coiffés en afro. À l’époque, Berry Gordy avait dit qu’on sortirait trois « Numéro Un » avant que qui que ce soit nous voit en concert. Quand on est arrivés à Philadelph­ie, c’était la folie. Quand nous avons réussi à nous rendre jusqu’à la voiture, les fans nous poursuivai­ent toujours. On a encore des séquences filmées de cela quelque part... C’était incroyable! »

MICHAEL, TIMIDE ET RÉSERVÉ

Michael Jackson, l’un des performers les plus célèbres de l’histoire du show-business, était une véritable bête de scène, mais un homme plutôt réservé dès que les projecteur­s étaient éteints. « En dehors de la scène, Michael était plutôt comme moimême et comme tous les autres dans notre famille : très discret. Quelque chose se passe lorsque nous sommes sur scène, quelque chose de plus grand que nous. C’est comme si on entrait dans un autre monde parce qu’on est presque nés sur scène. Ça a été toute notre vie. Nous sommes probableme­nt plus confortabl­es sur scène qu’en dehors de la scène, où nous devons entrer en contact avec les gens et leur parler. La scène, c’est notre zone de confort, notre place à nous. Et on le sait. »

BLANCHIR SA PEAU : FOUTAISE

Pendant des années, toutes sortes de rumeurs ont été colportées au sujet de la couleur de la peau de Michael. Ce que le public ne savait pas, c’est que l’artiste souffrait non seulement de vitiligo, une maladie qui affecte la pigmentati­on de la peau, mais aussi de lupus. Sa maquilleus­e arrivait à dissimuler les taches avec du maquillage. « Michael n’a jamais voulu éclaircir la couleur de son visage. Il souffrait de vitiligo et a d’ailleurs transmis le gène de cette maladie à son fils Prince. Pendant le procès, nous nous trouvions à l’hôpital et Michael était très bouleversé par tout ce qui se disait dans les médias. Il a ouvert sa chemise et nous a dit: “Regardez, je suis la personne la plus incomprise du monde.” On pouvait voir des parcelles de peau de sa couleur naturelle, mais le vitiligo s’était étendu d’abord sur

son visage. Il devait utiliser une ombrelle pour protéger sa peau du soleil, à cause de la combinaiso­n de ces deux maladies. Tout ce qui peut avoir été dit d’autre à ce sujet est faux. »

THRILLER, 100 MILLIONS D’ALBUMS VENDUS

Le sixième album de Michael Jackson,

Thriller, est considéré comme l’album le plus vendu dans le monde de tous les temps. Il est sorti en 1982 et plus de 100 millions de copies ont été vendues à travers le monde. Jermaine Jackson se souvient très bien de la journée où Michael a téléphoné à tout le monde dans sa famille pour les inviter à la maison familiale. « Nous avons une salle de théâtre, donc nous avons eu une projection privée, car Michael voulait savoir ce qu’on en pensait. C’était incroyable, car c’était comme un film. Il a révolution­né l’industrie des vidéoclips. Nous avons été très impression­nés et nous l’avons tous félicité pour l’ensemble du film, du début à la fin. Quelques-uns des enfants avaient d’ailleurs peur de Michael parce qu’il se transforma­it en loup-garou dans la vidéo. Lors de notre Journée de la famille, lorsqu’il voulait prendre dans ses bras certains de nos enfants qui sont maintenant grands, ils se mettaient à pleurer parce qu’ils avaient peur que Michael se transforme! »

SOULAGER LA DOULEUR

Dans You Are Not Alone, Jermaine décrit les problèmes de Michael avec le Demerol, un narcotique analgésiqu­e utilisé pour soulager la douleur. « Il n’y a eu qu’une seule période de dépendance à ce médicament, en 2001. Ensuite, il n’y a eu aucune dépendance à quoi que ce soit. Michael a dû prendre du Demerol pour soulager des douleurs atroces au dos et au cuir chevelu. Lorsqu’il a été brûlé pendant le tournage du commercial de Pepsi, plusieurs nerfs ont été touchés sur son crâne et la douleur persistait. En Allemagne, un appareil hydrauliqu­e s’est brisé et Michael a fait une chute sur le dos. Il a continué son spectacle, mais, en arrivant en coulisses, il s’est effondré. Il a pris ce médicament pour soulager la douleur, puis n’a plus jamais eu de dépendance à quoi que ce soit. Jusqu’au jour de son décès, il n’y avait aucun signe de dépendance au Demerol, ni à rien d’autre, même pas le Propofol. Lorsque les coroners sont venus nous rencontrer à la maison familiale, ils nous ont dit qu’il n’y avait aucune trace de dépendance. »

À NEW YORK LE 11 SEPTEMBRE 2001

Michael Jackson se trouvait à New York le 11 septembre 2001, lors de l’attentat terroriste sur les tours jumelles du World Trade Centre. Il a eu la vie sauve en se réveillant en retard, après avoir présenté un spectacle au Madison Square Garden pour son 30e anniversai­re de carrière. « Habituelle­ment, ma mère et moi, on a l’habitude de s’asseoir et de discuter très tard. Tout le monde est allé dans la chambre de Michael après le spectacle et a parlé jusqu’à 4 ou 5 heures du matin. Il a passé tout droit et manqué son rendez-vous, qui était prévu dans une des tours. Nous avons vu l’un des avions heurter la tour. Toutes les routes étaient bloquées et nous avons regagné la Californie par voie terrestre, car il n’y avait pas de vols disponible­s. En fait, mon frère Marlon se trouvait dans un avion qui avait été cloué au sol après les événements. »

UN PEINTRE DOUÉ

Jermaine Jackson décrit dans You Are Not

Alone le talent de Michael pour les arts visuels. Il raconte que Michael s’est initié à la peinture avec Diana Ross lorsque la famille s’est installée en Californie. « Michael, comme moi-même et comme cer- tains de mes enfants, ont hérité de mon père pour ce talent. Nous avons tous des aptitudes en peinture, car mon père peignait à la maison. J’ai déjà eu la note A en classe d’arts plastiques. Je ne l’oublierai jamais. (...) Michael a appris à faire des esquisses au crayon, à peindre. Pendant la tournée

Bad, il travaillai­t à ses aquarelles. Il a produit une grande quantité d’oeuvres de qualité qui ont maintenant beaucoup de valeur. Nous préparons une exposition qui doit être présentée à Londres pendant les Jeux olympiques, à Covent Garden. Plusieurs oeuvres de Michael devraient s’y trouver, car nous allons présenter l’histoire de notre famille à travers des oeuvres d’art. C’est incroyable, il faut absolument que vous voyiez cela! »

UN REMIX DE BLAME IT ON THE BOOGIE

Jermaine Jackson vient de sortir, en France, un remix du hit disco Blame It on

the Boogie, le premier single des Jackson, extrait de l’album Destiny, paru en 1978. « La chanson va très bien en France. Nous examinons en ce moment, mes frères et moi, la possibilit­é de faire un retour sur scène tous ensemble. » Vous voulez m’en fredonner un petit bout? « Si vous chantez avec moi! »

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