Le Journal de Quebec - Weekend

DAVID LEE ROTH comme le bon vin

En vérité, David Lee Roth n’a jamais été comme les autres. « Personne d’équilibré n’a jamais réussi à décrocher mon poste, a expliqué le chanteur vedette de Van Halen, depuis la Californie. Et encore moins à le conserver. » Ils sont encore moins nombreux

- Darryl Sterdan Agence QMI Van Halen sera au Centre Bell de Montréal, le 15 mars.

Cette semaine, après des mois de rumeurs et de tergiversa­tions, le chanteur de 56 ans et ses collègues du groupe publieront A Different Kind of Truth, un premier disque collectif depuis leur mémorable sixième album, 1984.

Les questions sont nombreuses : comment les membres du groupe sont-ils parvenus à faire la paix, en 2007, après des décennies de boudin ? Serait-ce un mariage de convenance ? Les choses ont-elles évolué depuis les premiers jours ? Pourquoi A Different Kind of Truth ne présente-t-il presque exclusivem­ent que des esquisses retravaill­ées des années 1970 et 1980 au lieu de nouvelles chansons ?

Il n’y a rien à tirer du clan Van Halen : ils maintienne­nt le silence radio complet depuis des années. Même Roth n’a plus son insoucianc­e d’antan.

Lorsqu’il accepte de se livrer – comme il l’a fait pour cette entrevue canadienne exclusive –, il ne faut surtout pas s’attendre à des réponses franches et directes. Jamais. Un évasif notoire, Roth se contente essentiell­ement d’éluder les questions pour se laisser aller à de longs monologues errants, où sa pensée hirsute s’articule au rythme d’un esprit survolté.

Ce verbomoteu­r légendaire a libéré une déferlante de plus de 4 000 mots durant notre entretien d’une trentaine de minutes, un véritable torrent de verbiage métaphysiq­ue, de vantardise outrancièr­e, de digression­s aléatoires et d’étranges phrases toutes faites. Il s’est montré divertissa­nt, déroutant et, parfois, légèrement frustrant, tandis qu’il exécutait ses 1 000 pirouettes spirituell­es autour de mes questions. « Vous allez avoir un plaisir fou au montage », s’est-il même moqué en riant.

Sous cet épais blizzard de paroles, le chanteur dégage, malgré tout, une nouvelle maturité clairement décelable. Il ne parle plus de sexe, de drogue et de rock, mais plutôt des joies du plein air (il possède trois camions, mais aucune voiture), de l’entraîneme­nt de chiens de traîneau pour la compétitio­n (il vient d’en importer un du Manitoba) et des soins d’urgence (il a été un technicien ambulancie­r à New York dans les années 1990).

En définitive, Roth n’a rien perdu en éloquence, mais il s’est calmé. Un peu. En attendant la publicatio­n de l’album A

Different Kind of Truth et une tournée qui amènera le groupe en sol canadien au mois de mars, voici d’autres révélation­s succulente­s de Diamond Dave :

1 | Van Halen est éternellem­ent démodé et fier de l’être.

« Nous n’avons jamais été à la mode. Même durant notre période de succès, quand nous étions la saveur du jour, nous n’étions pas vraiment branchés. John Travolta et Saturday Night Fever, ça, c’était dans le vent. Et de l’autre côté de la rue, il y avait les Sex Pistols et The Clash qui étaient vraiment cool. Nous étions en quelque sorte une île. Je crois que Van Halen ne s’est jamais réellement intégré, socialemen­t et musicaleme­nt. Ce n’était pas délibéré. Même lorsque nous cherchions à imiter d’autres artistes, le résultat finissait par prendre complèteme­nt nos couleurs. Aujourd’hui encore, nous ne sommes pas un groupe branché. Nous nous situons quelque part entre Katy Perry et Muse ou entre Kings of Leon et Maroon 5. Bienvenue sur notre île. Laissez tout derrière vous. »

2 | Ils sont reconnaiss­ants d’avoir pu se réunir de nouveau.

« C’est un privilège et un cadeau de pouvoir faire ce boulot plutôt que d’occuper un des emplois offerts par l’état. Dans le groupe, tout le monde a vécu une ou deux situations médicales ou dentaires assez graves, du genre qui fait réfléchir à la vie. Parfois, c’est tout ce que cela prend, de se faire défoncer les dents à une ou deux reprises, par exemple, pour réaliser que nous sommes mortels. Cette illuminati­on peut, à elle seule, suffire à la réunion d’un groupe. En plus, nous allons le faire pour la paix mondiale. Je pourrais répondre ainsi à toutes vos questions. Voulez-vous faire l’entrevue de la paix mondiale ? »

3 | Et ils sont enthousias­tes.

« Malgré que l’histoire incandesce­nte de Van Halen soit jalonnée de tant d’allégation­s – vraies, pour la plupart –, nous avons toujours pris la musique très au sérieux. De l’éducation musicale classique de notre enfance jusqu’à ce jour, notre éthique de travail a toujours été aux antipodes de celle qui prévaut habituelle­ment dans le milieu. Nous répétons le matériel régulièrem­ent depuis trois mois, souvent dès 9 h ou 10 h le matin. Mais cela ne fait rien, parce que la fin justifie les moyens. »

4 | Leurs nouvelles chansons ne sont pas vieillotte­s, c’est du « vintage ».

« J’ai complèteme­nt retouché tous les couplets, les mélodies et les paroles. C’est donc une rencontre pertinente et colorée du vieux et du neuf. C’est comme si les chansons, comme le bon vin, avaient pris de la maturité, par seule vertu de leur authentici­té et du temps qui s’est écoulé. »

5 | Van Halen s’exprime dans une langue universell­e.

« La connaissan­ce de l’anglais n’est pas un prérequis pour comprendre ce que je chante. Pas besoin d’aimer le rock non plus pour apprécier notre spectacle. Même l’ouïe est secondaire. Notre section réservée aux sourds est d’ailleurs toujours bien remplie. Mais nous vous avons vendu de la rumba à la Ricky Ricardo, sur Ja

mie’s Cryin’ et Dance the Night Away. C’est du pur Carlos Santana... À ce propos, je parle couramment l’espagnol. Je pourrais nous attirer de belles emmerdes en espagnol et en portugais ! »

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