Le Journal de Quebec - Weekend

RENCONTRE MAGIQUE

Il y a de ces rencontres qui produisent un moment ou une oeuvre magique. Celle, artistique, entre la dramaturge Évelyne de la Chenelière et le cinéaste Philippe Falardeau, de laquelle a émané une nomination aux oscars pour le film Monsieur Lazhar, est l'u

- Cédric Bélanger Le Journal de Québec

Auteure de nombreuses pièces de théâtre, dont Bashir Lazhar, Évelyne de la Chenelière n’a pourtant jamais eu comme ambition de voir une de ses créations aboutir dans une salle de cinéma. Mais l’approche de Falardeau l’a convaincue que son texte se retrouvera­it entre de bonnes mains.

« Bien sûr, il a aimé la pièce de théâtre quand il l’a vue. C’est une chose, mais parfois, ça ne suffit pas de trouver une pièce de théâtre intéressan­te ou forte pour en faire son film. Pour Philippe, c’était plus profond que ça et il me l’a communiqué. Avant de la voir, il cherchait un angle pour ce sujet, c’est-à-dire la réalité de l’immigrant dans notre pays. La pièce a été sa voie d’accès à un sujet qui était en fait très intime. Je trouvais que cela avait beaucoup de sens que ce soit lui qui (l’adapte). Il a reconnu quelque chose qui fait partie de lui dans mon écriture, dans mon travail, dans ma façon d’aborder ce thème. Je pense aussi que Philippe savait qu’il serait tout à la fois capable de s’en inspirer et de s’en affranchir. »

EN ACCORD AVEC LE FILM

Très engagée dans tout le processus de transposit­ion des planches à l’écran de sa pièce de théâtre — elle a même un rôle dans le film — Évelyne de la Chenelière ne s’attendait évidemment pas à ce que

Monsieur Lazhar connaisse un si glorieux parcours. « On ne se projette pas. Ni dans le destin de son propre travail, ni dans un objet qui est en constructi­on. Ce genre de projection est impossible. Très honnêtemen­t, ma relation avec le film est demeurée la même depuis la première fois que je l’ai vu avec Philippe Falardeau avant sa sortie. Parce que c’est le même film. J’ai toujours été en accord avec ce film. Je m’y reconnais et je reconnais un autre créateur. Ce qui se passe par rapport à la réception et l’impact de ce film, qui nous échappe complèteme­nt, ça fait une joie supplément­aire. Mais ce n’est pas ça qui fait qu’on adhère à un objet d’art », dit celle qui ignore si la renommée de Monsieur Lazhar lui vaudra d’être courtisée par des cinéastes.

« Ça fait quand même plusieurs années que je suis sollicitée par le cinéma. Je ne sais pas si ça va changer quelque chose. Peut-être qu’à tort, des gens penseront que c’est garant d’un succès. Moi, je ne fonctionne pas comme ça dans mes choix artistique­s. Par contre, à l’instar de ce qui s’est passé dans le cas de Philippe Falardeau, si un artiste que j’estime rencontre à travers mon travail un sujet qu’il cherchait et qu’il souhaite s’en inspirer... Il y a mille choses qui peuvent se produire. Mais ce n’est pas pour moi quelque chose qui signifie que mon travail acquière tout à coup davantage de valeur. »

AU MEXIQUE ET EN HONGRIE

Malgré le succès de Monsieur Lazhar, aucune nouvelle représenta­tion de Bashir Lazhar n’est actuelleme­nt à l’agenda au Québec.

« Ce serait merveilleu­x mais il n’en a pas été question », dit l’auteure, notant au passage que la pièce est présenteme­nt jouée au Mexique et en Hongrie.

Évelyne de la Chenelière présentera sa prochaine création, une adaptation d’un roman de Marie Cardinal, en avril, à l’espace Go. En parallèle, celle qu’on a aussi vue dans le film Café de Flore, dit souhaiter avoir de nouveau la chance de tourner au cinéma.

« Je n’ai pas reçu d’offre pour l’instant. Mais j’ai très hâte de tourner de nouveau. J’aime beaucoup en faire et j’aimerais avoir l’occasion de recommence­r très bientôt. »

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DE LA CHENELIÈRE
ÉVELYNE DE LA CHENELIÈRE

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