Le Journal de Quebec - Weekend

L’ÉPOUVANTE À L’ANCIENNE

∫ La dame en noir ∂∂∂ La dame en noir ou, comme l’a rebaptisé la personne qui l’a vu en ma compagnie, « Harry Potter et la dame en noir », est effectivem­ent un étrange choix de premier film post Harry Potter pour Daniel Radcliffe.

- Jim Slotek Agence QMI

Film de James Watkins. Avec Daniel Radcliffe, Ciaran Hinds et Janet Mcteer. À l’affiche

La dame en noir est un drame d’époque. C’est une locomotive à vapeur qui transporte notre héros à travers la campagne anglaise, où il se rend pour affronter une menace surnaturel­le, dans les marais brumeux entourant ce qui a été un imposant château. L’action se déroule surtout la nuit, au point d’avoir envie de crier qu’on rallume les lumières.

Cela dit, saluons le courage de Radcliffe d'avoir osé jouer les effrayés. Cette histoire angoissant­e de maison hantée rend justice aux histoires d’horreur racontées à l’ancienne. De la tension à la pelle, des sous-entendus psychologi­ques, des secrets et une foule de sursauts, occasionne­llement ponctués d’un résultat violent. Avis aux amateurs de films meurtriers : ce n’est pas un film d’horreur typique. C’est mieux.

Ce qui est intéressan­t, c’est que même les films meurtriers ont l’habitude de respecter une loi non écrite que transgress­e La

dame en noir, en tuant des enfants. D’entrée de jeu, le réalisateu­r James Watkins dépoussièr­e respectueu­sement le vieux manuel d’horreur de Hammer en présentant la mort comme thème, dès l’introducti­on d’arthur Kipps (Radcliffe). Kipps est un agent immobilier mélancoliq­ue qui vit à Londres, à l’aube du 20e siècle, et dont l’existence est toujours empoisonné­e par le deuil. Sa femme est morte en couches, quatre ans auparavant, et il se sent incapable d’aimer le fils qui a « tué » sa mère en naissant.

La peine de Radcliffe est assez crédible pour nous convaincre qu’il est prêt à jouer quitte ou double. Il apprend qu’il risque de perdre son emploi et que son avenir profession­nel ne repose plus que sur le succès d'une vente problémati­que : une propriété en fort mauvais état à la campagne, près de l’océan, qui a été laissée en héritage par un reclus récemment décédé.

Les habitants du village isolé ne se montrent pas des plus accueillan­ts. À l’exception d’un entreprene­ur local appelé Samuel (Ciaran Hinds), les locaux se dépêchent de faire entrer leurs enfants à sa vue, verrouilla­nt portes et volets. L’auberge du coin refuse même de le servir.

Déterminé, Arthur paie un cavalier récalcitra­nt pour l’emmener jusqu’à la maison, où règne une véritable cacophonie de portes qui claquent et de chaises qui se bercent d’elles-mêmes ; des visions apparaisse­nt dans les miroirs, des corneilles volent à travers les fenêtres et au loin, plane le spectre de l’inquiétant­e créature éponyme.

PRÉSAGE DE MORT

Nous découvrons que, comme la corneille, la dame en noir est un présage de mort et en particulie­r, de celle d’un enfant. Lorsque la prophétie se réalise, Arthur est à peu près aussi populaire, au village, qu’une épidémie de choléra.

Son seul confident est Samuel, qui a également souffert la mort d’un enfant et dont la femme (Janet Mcteer) contacte, dans des séances médiumniqu­es, l’esprit de son fils décédé. Elle transmet aux vivants des communiqué­s en provenance de l’au-delà, sous forme de dessins.

La dame en noir ne perd jamais le nord, toujours en équilibre entre les besoins de l’histoire et celui de nous faire peur. Nous découvrons progressiv­ement l’identité de la dame et son histoire, au travers de fragments judicieuse­ment présentés. Et puis, il ne se s'écoule jamais plus d’une minute entre les moments d’épouvante.

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