Le Journal de Quebec - Weekend

À la gloire de Pagnol

Pour souligner la sortie en DVD cette semaine de La Fille du puisatier de Daniel Auteuil, mediafilm.ca vous propose un retour sur trois cycles cinématogr­aphiques de grande qualité, eux aussi basés sur l’oeuvre du dramaturge et cinéaste Marcel Pagnol.

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MARIUS, FANNY, CÉSAR

Cette trilogie sur le destin de la douce Fanny (émouvante Orane Demazis), qui a laissé partir en mer son amoureux Marius (bouillant Pierre Fresnay), en ignorant qu’elle était enceinte de lui, figure parmi les oeuvres marquantes du septième art. Pas tellement pour ses qualités artistique­s, le tout relevant pour l’essentiel du théâtre filmé, mais pour ses qualités humaines, son aisance narrative et surtout, son humour irrésistib­le et truculent (ah, l’impayable partie de cartes !), typique des habitants de Marseille. Si les deux premiers films ont été réalisés respective­ment par Alexander Korda, en 1931 et Marc Allégret, en 1932, César, paru quatre ans plus tard, a été mis en scène par Pagnol lui-même, à partir d’un scénario original et non d’après une pièce. Récemment, Roger Hanin a produit pour la télévision française une nouvelle version de cette trilogie, dans laquelle il reprenait avec verve le rôle de César, sans pour autant faire oublier l’extraordin­aire compositio­n du grand Raimu.

L’EAU DES COLLINES

Quelques années après la réalisatio­n de son film Manon des Sources (1952), Pagnol en a développé le sujet en un roman intitulé L’Eau des collines, que Claude Berri ( Ensemble, c’est tout) a porté à l’écran, en 1986, sous la forme d’un diptyque à la fois âpre et lumineux. Dans Jean de Florette, Gérard Depardieu incarne avec fougue Jean Cadoret, un bossu qui s’installe avec sa femme Aimée et sa fillette Manon

sur une terre de Haute-Provence. Mais, pour mettre la main sur ce domaine, le paysan Ugolin et son oncle César bloquent en cachette la source qui l’alimente, provoquant l’épuisement puis la mort du nouveau venu. Dans Manon des Sources, à la fois suite de Jean de Florette et remake du film de Pagnol, Manon - devenue adulte sous les traits de la belle et farouche Emmanuelle Béart - se venge avec panache de ceux qui ont causé la mort de son père, avec des résultats tragiques. Daniel Auteuil est bouleversa­nt en Ugolin tombé follement amoureux de son ennemie et Yves Montand compose un César complexe et fort émouvant.

L’ENFANCE DE PAGNOL

À la fin des années 1950, Pagnol a raconté dans deux livres, La Gloire de

mon père et Le Château de ma mère, son enfance du début du siècle embellie par le souvenir. En 1990, Yves Robert (Alexandre le bienheureu­x) en a tiré deux beaux films de facture classique dont les récits anecdotiqu­es, mais toujours savoureux, sont l’occasion de scènes familiales ou rurales illustrées avec un goût marqué pour une beauté simple. Dans le rôle du petit Marcel, Julien Ciamaca est stupéfiant de naturel, alors que dans ceux de ses parents, Philippe Caubère (l’inoubliabl­e Molière du film-fleuve d’Ariane Mnouchkine) et Nathalie Roussel ( Simple mortel) font montre d’autorité et d’aisance dans leur jeu.

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